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CONRAD WITZ

Publié le 24/06/2012

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Sainte Marguerite et Sainte Catherine (Musée de Strasbourg) marquent une nouvelle étape dans la carrière du maître. Sa peinture s'enrichit d'une gamme plus mélodieuse. La voûte gothique, sous laquelle les deux saintes sont réunies, s'emplit d'une lumière adoucie. Les visages paraissent comme sculptés; ils sont néanmoins vivants et pleins d'expression. Les deux volets de Genève sont les dernières oeuvt:es de Witz. Nous y voyons la Pêche miraculeuse, Saint Pierre délivré de la prison (faces extérieures), l'Adoration des Mages et le Cardinal de Mez agenouillé devant la Vierge et l'Enfant (faces intérieures).

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« auprès de Dieu), Abraham et Melchisédec (préfigure de la Sainte Cène), le Roi David et les trois guer­ riers Abisag, Sabotag et Benaja (préfigure de l'adoration des Mages).

Cette série est complétée par des panneaux conservés ailleurs: le Musée de Berlin possède Salomon et la reine de Saba (préfigure des âmes sauvées dans le ciel), celui de Dijon est propriétaire de Saint Augustin et d'Auguste et la Sibylle (préfigure de la naissance du Christ ou de l'Adoration de l'Enfant), et le Musée de Nurem­ berg possède une Annonciation.

En plus de ces panneaux qui formaient autrefois un ensemble, le Musée de Bâle nous offre la vue de deux peintures qui avaient une autre destination: un Saint Christophe portant l'Enfant à travers les flots et la Rencontre de saint Joachim et de sainte Anne à la Porte dorée.

L'ampleur du style se révèle dans l'attitude des personnages.

Les armures, les étoffes, les objets d'or, de bois, les pierreries, les joyaux ont une vraisemblance telle qu'on croirait pou­ voir les toucher.

Les couleurs sont tantôt vives, tantôt dégradées, suivant ce que l'artiste veut nous dire.

Elles s'harmonisent les unes avec les autres.

Les visages ne sont pas traités avec l'acuité que van Eyck met dans ses portraits, ils sont soumis à une formule d'ensemble.

IL en est de même des mains, dont l'anatomie n'est pas poussée, mais qui néanmoins sont parlantes.

Dans la Ren­ contre à la Porte dorée, le relief va jusqu'au trompe-l'œil.

Le paysage lacustre du Saint Christophe exalte la poésie de la nature.

Sainte Marguerite et Sainte Catherine (Musée de Strasbourg) marquent une nouvelle étape dans la carrière du maître.

Sa peinture s'enrichit d'une gamme plus mélodieuse.

La voûte go­ thique, sous laquelle les deux saintes sont réunies, s'emplit d'une lumière adoucie.

Les visages paraissent comme sculptés; ils sont néanmoins vivants et pleins d'expression.

Les deux volets de Genève sont les dernières œuvt:es de Witz.

Nous y voyons la Pêche mira­ culeuse, Saint Pierre délivré de la prison (faces extérieures), l'Adoration des Mages et le Cardinal de Me;:; agenouillé devant la Vierge et l'Enfant (faces intérieures).

La Pêche miraculeuse est l'œuvre capitale de l'artiste.

Witz en sentait la réussite puisque, à une époque où les artistes faisaient rarement usage de leur nom, il l'a signée: «hoc opus pinxit magister conradus sapientis de basilea.

1444 ».

Le sujet est placé dans un paysage qui rend la vue du lac Léman prise de Genève, exactement de l'endroit qui se nomme aujourd'hui le quai du Mont­ Blanc, près du pont; à droite, l'entrée du port de Genève est marquée par des piquets; dans une barque, saint Pierre se retourne vers le Maître et apparaît une seconde fois dans le tableau, dans l'eau.

C'est la plus ancienne peinture qui représente un paysage dont tous les détails peuvent être identifiés.

L'exactitude de la topographie resterait néanmoins un simple objet de curiosité, si l'artiste en était resté là.

Witz a fait de son sujet une œuvre d'art.

C'est en quoi réside son mérite.

La Délivrance de saint Pierre est composée d'après les mêmes principes, et dans l'Adoration des Mages, nous retrouvons sur un fond d'or les allures majestueuses, les costumes somptueux qui nous ont frappé dans les œuvres de Bâle.

La scène, bien que tenant encore de l'art du sta­ tuaire, est plus déliée, plus vive.

Le peintre laisse plus de jeu à sa veine narratrice.

Enfin, un portrait: le Cardinal de Mez, vêtu de ses ornements sacerdotaux, est agenouillé devant la Vierge et l'Enfant.

Conrad Witz a atteint ici à une grandeur d'allure impressionnante.

C'est une gloire pour la Suisse d'avoir suscité un peintre qui, à une époque où les artistes émérites étaient rares dans ce pays, s'apparente par son génie aux plus grands maîtres de tous les temps.

CONRAD DE MANDACH Ancien conservateur du Musée des heat~x-arts de Berne Professeur honoraire de l'Université Berne gr. »

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