Claude MONET: LE PONT DE BOUGIVAL

« Singulièrement, le peintre renonce à représenter la flèche de l'église de Bougival, probablement pour ne pasdéséquilibrer la composition.

Monet utilise ici des tons sourds, comme le jaune sable, le vert-de-gris, le gris et lenoir, qui rappellent les oeuvres de Corot.

A la même époque, il traitera un thème semblable dans le célèbre tableauRoute Louveciennes, effet de neige. L'HOMME«Ce que je ferai aura au moins le mérite de ne ressembler à personne parce que ce sera l'impression de ce quej'aurai ressenti, moi tout seul», note Claude Monet.

Le peintre rompt en effet avec les conventions picturales de sontemps.

La fidélité au sujet lui importe moins que la manière dont il le perçoit et le traduit.

La réalité est changeanteet il veut en fixer les manifestations éphémères: une lumière particulière, une fumée évanescente, le miroitement del'eau.

«...Ce que je cherche: l'instantanéité, surtout l'enveloppe, la même lumière rendue partout», écrit-il.

Cettedémarche novatrice, mal comprise par le public, sera tout d'abord ridiculisée.

Un journaliste, Louis Leroy, par ironie,qualifiera, en 1874, le travail de Monet d'«impressionniste».

Le mot fera fortune et désignera cette nouvelleconception de la peinture dont Monet est le grand initiateur.

Monet passe sa jeunesse au Havre où son père estépicier.

Il vend très tôt ses premières œuvres à un encadreur chez qui il rencontre, en 1858, Eugène Boudin quil'initie à la peinture de plein air.

De retour au Havre, après son service militaire, il subit l'influence décisive deJongkind.

Puis il entre dans l'atelier de Gleyre où il rencontre Sisley, Renoir et Bazille.

L'académisme du maître lassepourtant ces jeunes peintres qui préfèrent bientôt exercer leurs talents d'après nature dans la forêt deFontainebleau.

Monet trouve peu à peu sa manière, comme en témoigne Femmes au jardin, une toile qui lui vautl'admiration de Courbet.Mais Claude Monet devra encore surmonter d'innombrables épreuves avant que son talent soit reconnu.

Il se heurteà l'incompréhension de la critique et du public.

On le refuse aux Salons de 1867 et 1869.

La misère s'ajoutant auxsarcasmes, il tente même de se suicider.

Pendant la guerre de 1870, il se réfugie en Angleterre où il découvre lesœuvres de Constable et de Turner.

De retour en France, il s'installe à Argenteuil, puis à Vétheuil, et se faitconstruire un bateau-atelier pour mieux guetter les reflets et les nuances de la Seine et de ses rives.

En 1874, ilorganise avec ses amis la première exposition «impressionniste».

La presse se déchaîne contre ces «illuminés».

Et cesont encore des années noires au cours desquelles il devient de plus en plus seul, perdant sa femme en 1879 et sebrouillant avec ses amis.

Son talent n'est reconnu qu'en 1889, lors d'une exposition.

Il se fixe à Giverny en achetantla maison qu'il loue depuis 1883.

Dans ses toiles, les formes s'effacent au profit de subtils jeux de lumière.

Encouragépar son ami Clemenceau, il commence en 1915 la série des Nymphéas, destinée au musée de l'Orangerie.

L'œuvreest achevée en 1923 malgré une grave maladie des yeux.

Dernier survivant de l'impressionnisme qu'il avait fondé,Claude Monet s'éteint trois ans plus tard, le 26 décembre 1926. LA COTELes oeuvres de Monet atteignent aujourd'hui des prix considérables : il faut compter entre 250000 FF (45 000dollars) et 54 millions de francs français(10 millions de dollars) pour acquérir une de ses huiles.

Un paysage légèrement antérieur, La Jetée du Havre, atrouvé preneur pour 48,4 millions de francs français (9 millions de dollars) dans une vente aux enchères à New Yorken 1993.

Un simple pastel de l'artiste coûte au minimum 220000 FF (40000 dollars). Claude MONET 1840-1926.

Le Pont de Bougival.

Huile sur toile 65 cm x 92 cm.

Signé bord gauche «Claude Monet» .

Peint en 1869-1870.

Localisation : Manchester (États-Unis), The Currier Gallery of Art.

Expositions : Los Angeles, 1984 ; Paris, Chicago, 1985 LA CRITIQUEPour Robert Gordon et Andrew Fore, la route qui disparaît au loin est inévitablement chargée d'une significationsymbolique; n'importe quelle route peut devenir la Route de la Vie, une destinée (...).

Monet, comme Pissarro, saitdécouvrir (...).

de riches matériaux de composition qu'il continuera à utiliser et à transformer par la suite».. »