Claude MONET: LA PLAGE DE TROUVILLE
Publié le 17/01/2022
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Claude MONET 1840-1926
. La Plage de Trouville . Huile sur toile 38 cm x 46 cm . Daté et signé en bas, à gauche, « Cl. M. 70 « . Peint en 1870 . Localisation : Londres, National Gallery . Expositions : Londres, 1924 ; Édimbourg, 1953
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perceptions.
Tempérament puissant, doué d'une magistrale intuition, il s'engage hardiment, confiant dans la propre sûreté de sonanalyse sensible, mais incapable de mesurer exactement la portée de ses actes.
A la différence d'un Cézanne, parexemple, il n'obéit à aucun calcul intellectuel précis, pas plus qu'il n'éprouve, comme Van Gogh, le besoin de selibérer d'une émotion exaspérée.
En fait, il se laisse surtout guider par son instinct profond, par ses dons d'observateur rigoureux.
Il est le premier àrenoncer à son récent acquis et paraît bien souvent, durant les années suivantes et pendant son voyage enHollande, vouloir presque ignorer le chemin dans lequel il s'est avancé.
Pourtant, la révolution était commencée et Monet en avait été le seul instigateur.
Sa grande toile du Louvrecontient en effet tous les jalons émancipateurs : abandon du ton local, analyse des effets d'atmosphère et delumière, c'est-à-dire en fait désintégration des contours et des masses ; prépondérance de la recherche colorée etdes interpénétrations des couleurs entre elles, négation de l'objet au profit de l'unité même de la toile, etc.
Procédant par pur empirisme, il a été le grand initiateur en mettant en évidence les trois vertus essentielles de lapeinture moderne.
Le tableau devient une valeur en soi, la nature est interprétée subjectivement comme une suited'équivalents colorés et l'analyse sensible conduit à la dissociation de la forme, de la couleur et du volume.
Certes, il appartiendra à d'autres artistes de tirer entièrement parti des découvertes de Monet et d'en déduiretoutes les conséquences possibles qu'il n'a souvent fait qu'entrevoir.
Mais son génie instinctif l'amène bien souventà poser, sans les résoudre complètement, certains problèmes importants.
En particulier, durant les années de sonséjour à Argenteuil (1872-1877) qui seront les plus fécondes pour lui, il reprend fermement la suite de sesfructueuses investigations.
C'est alors qu'il nous livre cette série d'admirables toiles sur les bords de la Seine, laGrenouillère, les Grands Boulevards ou la gare Saint-Lazare.
Avec un métier perfectionné, une jaillissantespontanéité, il y aborde hardiment les questions de perspective intérieure, d'espace suggéré et de composition partaches colorées vers quoi le guide son amour actuel pour l'art d'Extrême-Orient.
Mais la gloire est venue : la quatrième exposition des impressionnistes, en 1879, remporte un succès moral plusencore que financier.
Les premiers amateurs sérieux apparaissent.
En 1880 le peintre, qui fait maintenant figure dechef d'école, est reçu au Salon.
Une grande exposition particulière de ses dernières oeuvres s'ouvre dans les locauxde la revue "La Vie Moderne", et Durand-Ruel commence à le soutenir effectivement.
Tous ces événementsconjugués influencent dangereusement l'autodidacte qu'est demeuré Monet et qui semble s'abandonner à quelqueorgueil aveugle autant qu'aux conseils de son entourage ou de la critique d'art.
Peu à peu, l'esprit de systèmeprévaut dans ses oeuvres, il réalise à partir de 1880 des "séries" où s'amorce la phase baroque de son art.
Cetriomphe progressif du lyrisme, qui lui vaut désormais la notoriété, n'est pas, hélas ! le meilleur de lui-même.
Lepoète fait plus confiance à son élan et à un certain ordre technique qu'à son instinct profond de peintre.
Mais sansdoute est-ce là le destin fatal de tout pionnier qui laisse à l'avenir le soin d'exploiter ses dons prestigieux.
Claude MONET 1840-1926.
La Plage de Trouville.
Huile sur toile 38 cm x 46 cm.
Daté et signé en bas, à gauche, « Cl.
M.
70 ».
Peint en 1870.
Localisation : Londres, National Gallery .
Expositions : Londres, 1924 ; Édimbourg, 1953
L'ÉPOQUELes deux artistes, que tant de liens unissent, travaillent côte à côte devant ces paysages qu'ils connaissent si bien.La femme de Boucin sert de modèle à Monet.
Il la place à côté de sa propre épouse dans une série de toileséblouissantes de lumière.
Bien des années plus tard, Boudin évoquera avec nostalgie et tendresse ces quelquessemaines de vie familiale commune: «Je te vois encore avec la pauvre Camille (elle devait mourir à Vétheuil en 1879)à l'hôtel Tivoli, écrit-il à son ami.
J'ai même conservé un dessin de cette époque qui vous montre sur la plage.
On yvoit trois Femmes encore jeunes.
Deux d'entre elles ont été emportées par la mort, ma pauvre Marie-Anne et tafemme...
Le petit Jean joue dans le sable, et son papa est assis, un carton de dessins à la main.»
LE TABLEAUAvec cette scène brillamment saisie sur le vif, on peut mesurer à quel point Monet s'est éloigné de la manière depeindre, plus lente et plus travaillée, de Boudin.
Il a même retrouvé tous ses dons de caricaturistes : quelques traitssuffisent pour dessiner la bouche et les yeux de Mme Boudin.
Les deux femmes sont en totale opposition : Camilleétend son ample robe blanche, traitée à coups de brosse vigoureux et visibles, sur une grande partie du tableau.Mme Boudin est ramassée sur elle-même dans sa tenue peinte avec de larges aplats noirs.
Derrière, le ciel et la merilluminent la scène.
Monet n'a pas hésité à placer au premier plan une chaise vide, ce qui, à l'époque, passa pour dela pure provocation..
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