CHASSE AU CANARD de Pietro Longhi

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' CHASS E AU CAN ARD 1760 Pe intre italien Analyse ~ Pietro Longhi se distingue des autres pein­ tres de genre par ses tableaux de petites dimen­ sions : il fut d'ailleurs le premier à introduire ce format à Venise.

Animées de petits personnages absorbés dans des tâches quotidiennes, ses scé­ nettes échappent à toute rhétorique.

Les moments neutres, oisifs, se mêlent aux instants plus privés : la toilette, le soin des maladies du corps, les affaires de l'âme.

Longhi observe la complexe société vénitienne avec beaucoup de curiosité et un regard impartial.

Son œil ressem­ ble à un instrument optique pointé sur son épo­ que, prompt à saisir les images de la vie quoti­ dienne ; son intention n'est pas de causer le scandale ni de se poser en juge de son temps.

Cette œuvre-ci figure un moment de loisir dans la vie d'un gentilhomme vénitien.

Installé dans une barque à rames , qui glisse lentement sur les eaux de la lagune , il chasse.

Son arme est étrange : elle ressemble à une sorte d'arc lançant des balles de terre cuite contenues dans le panier installé à la proue.

L'événement est présenté de manière assez débonnaire , sans accent célé­ bratif : il y a là comme une volonté de distance, peut-être suggérée par le commanditaire lui­ même.

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xvnf sièc le École vénitienne Huile sur toile 57 x 74 cm Ce petit tableau s'apparente, par son style, aux années 1760.

Contrairement aux premières œuvres de Longhi, dominées par les bruns chers à Crespi, la Chasse au canard privilégie les coloris clairs et lumineux : introduites à Venise par les Français, et notamment par Rosalba Carriera, ces tons devaient assurer par la suite le triomphe du rococo.

L'œuvre C Jadis dans la collection vénitienne Donà delle Rose, la toile a rejoint ensuite la collection Quirini Stampalia : la prestigieuse fondation vénitienne compte, outre ce tableau, de nombreuses autres œuvres de Longhi.

Le musée Carrer de la cité des Doges possède de son côté une étude préparatoire de la Chasse.

Une version de format différent et comportant quelque s variantes se trouve dans une collection privée : elle date de la même époque que le tableau de la Fondation.

Le musée Carrer conserve enfin un dessin préparatoire de cette der­ nière version.

Le consul Smith + Le gouvernement répressif de la République vénitienne, désireux d'isoler la cité des influences culturelles extérieures, ne parvint pourtant pas à empêcher la diffusion des nouveaux courants artistiques transalpins.

L'influence notable d'étrangers à Venise, résidents et touristes, favo~ risa les échanges.

Beaucoup d'entre eux jouèrent le rôle de protecteurs et de commanditaires auprès des artistes vénitiens ~< ~t ce malgré la défense absolue qui leur était faite de rentrer en contact avec la population locale ; d'abord limi· tée, cette interdiction devait en effet s'étendre par la suite à l'aristocratie.

Du même peintre : PICTO 523 et 523b © Nardini Editore, 1994.

Uriade pour l'édition française, 1994.

De tous ces étrangers, le consul Joseph Smith fut le plus célèbre : établi dans « la Sérénissime » au tout début du xvm e.

siècle, il fut sans doute le lien le plus solide entre Venise et l'Europe.

Les intellectuels de son temps le tenaient en grande estime, à commencer par Carlo Goldoni qui lui dédia l'une de ses comédies : Le Philosophe anglais.

Médiateur entre les commanditaires de passage et les artistes locaux, il tenait un salon qui était également ouvert à ses compatriotes : l'écrivain Horace Walpole , l'architecte Robert Adam et le pein tre Joshua Reynolds le fréquentè­ rent notamment.

Photo Scala, Florence.

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