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Chansons FRANÇAISES de 1950 à 1959 : Histoire

Publié le 13/12/2018

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histoire

Chansons

 

FRANÇAISES

À la fois période de transition et âge d'or, les années cinquante représentent, peut-être plus que d’autres, un moment essentiel de l’histoire de la chanson française : l’instant charnière entre un classicisme en train de se désagréger après avoir connu la perfection, et l’influence grandissante de nouveaux créateurs qui jettent d’une manière un peu disparate les bases d’un avenir qui sera en rupture totale avec ce qui a pu se faire jusqu’alors. Ainsi, la décennie qui s'ouvre sur des succès d’Edith Piaf, de Tino Rossi ou de Charles Trenet, comme l'Hymne à l'amour, Une hirondelle ou Mes jeunes années, et les premières chansons de Juliette Gréco, avec des textes de Jean-Paul Sartre (Rue des Blancs-Manteaux) ou de Raymond Queneau (Si tu t'imagines), s’achèvera-t-elle sur l’avènement du rock à la française, avec les premiers enregistrements de Johnny Hallyday (T'aimer follement), et, à peine quelques mois plus tard, des Chaussettes noires (Tu parles trop).

 

Entre-temps, l’industrie discographique sera définitivement passée du 78 tours au microsillon 45 tours. Des carrières aussi solides que celles d’André Claveau, d’Eddie Constantine, d’Yvette Giraud ou de Marie Dubas auront été balayées par la «nouvelle vague»; tandis que de Georges Brassens à Jacques Brel, en passant par Léo Ferré, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, Jean Ferrât, Guy Béart, Gilbert Bécaud, Boris Vian, Pierre Perret ou Barbara, toute une nouvelle génération d’artistes arrivera à maturité en l’espace de quelques années à peine.

 

L’AVÈNEMENT

 

DES AUTEURS-COMPOSITEURS

 

Il n’y aura pas de véritable unité de ton ou de style entre toutes ces figures de premier plan, si ce n’est le fait que, sous l’influence de personnalités comme Félix Leclerc (le P'tit Bonheur, Moi, mes souliers) ou Stéphane Golmann (la Marie-Joseph), on verra se développer l’individualisme de l'auteur-compositeur-interprète. Jusqu’alors, le talent et la sensibilité du chanteur, ou de la chanteuse, servaient à véhiculer un travail d’équipe, et il était très rare

histoire

« avec ce qui a I?U se faire jusqu'alors.

Ainsi, la décennie qui s'ouvre sur des succès d'Edi th Piaf, de Tino Rossi ou de Charles Trenet, comme l'Hymne à l'amour, Une hirondelle ou Mes jeunes années, et les pre­ mières chansons de Juliette Gréco, avec des textes de Jean-Paul Sartre (Rue des Blancs-Manteaux) ou de Raymond Queneau (Si tu t'ima­ gines), s'achèvera-t-elle sur l'avènement du rock à la fran�ise, avec les premiers enregistrements de Johnny Hallyday (T'aimer follemelll), et, à peine quelques mois plus tard, des Chaussettes noires (Tu parles trop).

Entre-temps, l'industrie discographique sera définitivement passée du 78 tours au microsillon 45 tours.

Des carrières aussi solides que celles d'André Claveau, d'Eddie Constantine, d'Yvette Giraud ou de Marie Dubas auront été balayées par la «nouvelle vague»; tandis que de Georges Brassens à Jacques Brel, en passant par Léo Ferré, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, Jean Ferrat, Guy Béart, Gil­ bert Bécaud, Boris Vian, Pierre Perret ou Barbara, toute une nouvelle génération d'artistes arrivera à maturité en l'espace de quelques an­ nées à peine.

L'AVÈNEMENT DES AUTEURS-COMPOSITEURS li n'y aura pas de véritable unité de ton ou de style entre toutes ces figures de premier plan, si ce n'est le fait que, sous l'in­ fluence de personnalités comme Félix Leclerc (le P'tit Bonheur, Moi, mes souliers) ou Stéphane Golmaon (la Marie-Joseph), on verra se développer l'individualisme de l'auteur-compositeur-interprète.

Jus­ qu 'alors, le talent et la sensibilité du chanteur, ou de la chanteuse, servaient à véhiculer un travail d'équipe, et il était très rare que les fonctions soient mélangées.

Un ou plusieurs paroliers (et il y en eut de grands, comme Raymond Asso, Francis Carco, Pierre Mac Orlan ou Jacques Prévert), s'occupaient de polir le texte, sans trop se soucier de musique, tandis que les compositeurs (comme Vincent Scotto ou Mar­ guerite Monnot, pour ne citer que les plus grands) ne se mêlaient presque jamais de mots.

En cumulant les trois rôles, l'auteur-composi­ teur-interprète devient soudain maître du fond autant que de la forme; ce qui, d'emblée, personnalise à l'extrême la production de chacun.

En outre, les années cinquante seront l'occasion de boule· versements sociaux et politiques si profonds que l'équilibre planétaire s'en trouvera définitivement modifié.

Les lendemains de guerre sont, en effet, difficiles à gérer.

Il ne s'agit pas uniquement de panser des plaies et de relever des ruines, et chacun essaie de conserver au mieux les avantages arrachés aux circonstances, ou de concrétiser les pro­ messes faites dans le feu de la tourmente.

Les alliés d'hier se posent soudain en rivaux, et c'est la guerre froide.

D'autres font leurs comptes, et c'est le début d'une immense vague indépendantiste qui, en une quinzaine d'années, verra le démantèlement des grands em­ pires coloniaux.

LA CHANSON: MIROIR DES IDÉOLOGIES Témoins vivants de leur temps et reflet de la société dans laquelle ils évoluent, les chanteurs seront, bien entendu, partie pre· nan te de ce grand mouvement d'idées; et là aussi les camps se défini­ ront avec précision.

Certains continueront à voir en l'Amérique une terre promise, et une bonne partie du public adorera l'accent et les manières nonchalantes d'Eddie Constantine, dont l'essentiel de la philosophie semble se résumer au titre de l'un de ses plus gros succès: Cigare/les, whisky et p'tites pépées; tandis que d'autres (Yves Mon­ tand, Jean Ferrat, René-Louis Lafforgue, etc.) porteront les espoirs du modèle socialiste soviétique dont, à vrai dire, on ne connaît alors que bien peu de chose.

D'autres encore prendront ouvertement position contre cette interminable situation de guerre qui, de la Libération à l'in­ dépendance de l'Algérie, en 1%2, en passant par l'Indochine, Suez, Madagascar, le Maroc, la Tunisie, etc., mobilisera l'armée française de façon permanente pendant plus de quinze ans.

De Quand un soldat (Francis Lemarque) à Est·ce ainsi que les hommes vivent? (Louis Aragon -Léo Ferré), en passant par la Colombe (Jacques Brel) ou le Soudard (Jean-Claude Darnal),la chanson antimilitariste sera l'un des genres majeurs de la décennie; avec, en point d'orgue, l'interdiction pure et simple du Déserteur de Boris Vian que, coïncidence mal­ heureuse, Marcel Mouloudji crée le jour même de la chute de Diên Biên Phu, en mai 1954.

LA CHANSON FRANÇAISE.

Édith Piaf, tn 1956.

© Lipnillki · Viol/et L'ÂGE D'OR DU CABARET La grande liberté de ton et d'inspiration qui caractérise les auteurs-compositeurs ne tient pas uniquement au fait qu'ils sont seuls responsables de leurs propos, et qu'ils peuvent exprimer ainsi des choses qui leur tiennent vraiment à cœur et dans lesquelles, on le conçoit, ils se livrent plus intimement que dans les refrains écrits par d'autres.

Elle est également liée au cadre dans lequel ils s'expriment le plus souvent, c'est-à-dire le cabaret: un endroit où l'on est bien plus proche du public qu'au music-hall, et où les relations de complicité sont beaucoup plus faciles à établir.

L'idée, bien entendu, n'est pas nouvelle, et Aristide Bruant faisait déjà les beaux jours du Chat noir, en 1883, avant d'ouvrir son propre établissement, le Mirliton.

Mais, justement, Bruant était lui-même un auteur-compositeur-interprète, et la filiation est évidente entre l'auteur de Dans la rue et ceux que, bien improprement, on appellera «les chanteurs Rive gauche>>.

lmpropremen_t car, si des lieux aussi prestigieux que l'Échelle de Jacob, L'Ecluse, La Rose Rouge ou La Fontaine des Quatre-Saisons se trouvent effectivement sur la rive gauche de la Seine, d'autres, dont l'importance historique est incontestable, comme chez Patachou, Milord l'Arsouille, Chez Gilles ou Les Trois­ Baudets sont bel et bien sur la rive droite.

Exception amusante: La Colombe, de Michel Valette, qui se trouve, quant à elle, à cheval entre les deux rives, puisque située dans lïle Saint-Louis.

Se souvenant de leurs débuts, avec un brin de nostalgie, bon nombre de vedettes arrivées évoquent aujourd'hui leurs années de cabaret comme étant «la meilleure école possible»; et il est vrai que dans ce creuset de talents en devenir chacun faisait ses classes et apprenait solidement son métier.

Mais à quel prix! Les cachets y étaient si misérables (l'équivalent d'une dizaine de francs actuels, pour quatre, cinq ou six chansons) qu'il fallait obligatoirement se produire dans plusieurs établissements, chaque soir, pour gagner sim­ plement le minimum permettant d'essayer de vivre de la chanson.

CANETTI, BARCLAY, COQUATRIX: LES DÉC OUVR EURS Parmi les figures marquantes qui, au cours de ces années où les cabarets ne désemplirent pas, donnèrent leurs premières chances à des kyrielles de débutants dont certains deviendront, par la suite, d'illustres vedettes, Jacques Canetti est un cas à part.

Propriétaire des Trois-Baudets, programmateur à Radio- Tour Eiffel, directeur artis­ tique des disques Philips et organisateur de tournées, c'est lui qui a découvert tout ce que les années cinquante ont vu émerger comme talents sOrs.

Son palmarès personnel est d'aiUeurs suffisamment. »

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