Ch. GOUNOD. 1818-1893 AVANT-PROPOS Demandez donc "à brûle-gilet" à ce monsieur qui passe
Publié le 17/10/2012
Extrait du document
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Dix ans qui vont faire de Gounod l'auteur de "Faust" (1859) de "Mireille" (1864), de "Roméo et Juliette" (1867) enfin, trois œuvres qui, créées sur le susdit Théâtre Lyrique, allaient en moins de dix ans conquérir l'univers.
"Faust" est populaire au point qu'il appartient,
comme "Carmen", au patrimoine national.
Et l'on pourrait en dire presque autant de "Mireillle" et de "Roméo".
Aussi est-il presque inutile de parler de ces trois œuvres-là.
Cependant
n'y a-t-il pas une ombre à tout succès humain? Il y en eut même deux aux triomphes de "Faust", de "Mireille" et de "Roméo".
C'est à savoir:
1° "Philémon et Baucis", qui, à l'Opéra Comique, n'obtint que onze représentations après celle du 18 février 1860.
La partition n'en compte pas moins des pages ravissantes: cinq ou
six reprises permirent de les découvrir.
2° "La Reine de Saba" (Opéra, 1862) qui, elle, ne connut aucune reprise: c'est qu'elle déplaisait à Napoléon Ill.
tandis que tel air de "Faust" (lequel?) faisait verser des larmes aussi
abondantes qu'augustes à l'Impératrice.
Aussi, en attendant son "Cinq Mars" de 1877 et son "Polyeucte" de 1878, cette "Reine de Saba" devait-elle être le Waterloo de Gounod.
Faust était son Wagram.
Wagram
qui, en 1866, à moins de cinquante ans, lui ouvrait toutes larges les portes de l'Institut.
En 1869 meurt Berlioz, et Gounod en devient le plus représentatif des musiciens français vivants: c'est lui qui prend la parole devant la tombe ouverte du maître, auteur d'un "Roméo et Juliette;· si différent du sien, mais dont il avait dit à vingt ans: "Passionnée et convulsive, cette musique
m'enivrait; elle m'ouvrait des horizons encore inconnus."
Mais la guerre a éclaté.
Pour fuir l'invasion allemande, Gounod quitte Saint-Cloud, qui est sa résidence d'été, et rejoint l'hôtel de la Place Malesherbes (6) où il a l'habitude de demeurer
chaque hiver.
Puis il décide de
s'installer à Londres.
ou plutôt à Blackheath, près de Greenwich.
L'Angleterre en est alors à préparer une Exposition
Universelle, et son Comité s'honora en deman dant une œuvre au grand français qui avait trouvé refuge chez elle.
S'inspirant librement des "Lamentations de Jérémie", Gounod écrit l'oratorio "Gallia", lequel montrait la France
non point vaincue, mais outragée par l'odieuse brutalité de ses ennemis.
Ne serait-ce que par
une page, l'une des plus pathétiques qui soient de lui, "Reviens vers le Seigneur", "Gallia" ne pouvait obtenir qu'un triomphe, qui fut assuré d'ailleurs par une cantatrice de voix et de
physique également séduisants: Georgina WELSON.
Pendant près de trois ans, elle devait être pour Gounod l'inspiratrice ...
et la Circé.
Il finit cependant
par s'arracher à ses enchantements (n'a-t-on pas dit à sa séquestration?) pour rentrer à Paris.
A Paris qui ne pouvait se passer ni de lui - ni de sa gloire.
Glorieux, il devait alors composer trois œuvres théâtrales,
la première ayant été il est vrai plus
qu'esquissée à Londres: "Polyeucte" "Cinq Mars" et "Le Tribut de Zamora".
Aucune n'atteignit jamais le triomphe de "Faust" et de "Roméo".
"Polyeucte" n'eut pas trente
représentations, et "Le Tribut" moins du double.
Quant à "Cinq Mars", ce fut son "fou;" le plus noir.
comme il le disait lui-même.
Cependant, si la veine théâtrale de Gounod semblait ainsi se scléroser, on pourrait presque dire qu'un autre compositeur naissait en lui.
C'est que "''abbé Gounod" qu'il avait été ou voulu être
n'avait jamais disparu tout à fait: il apparaissait en des élans d'une religiosité sincère sans doute, encore qu'un peu mondaine.
Il n'importe.
Avec quelque paradoxe, SAINT-SAENS devait pré tendre qu'on découvrirait plus tard (il est vrai qu'on en est toujours à l'attendre!) le "grand musicien religieux" qu'il avait été en signant "Rédemption", "Mors et Vita" et deux "Requiem".
C'est sur le second qu'il devait s'affaisser le 16 octobre 1893.
Il succomba deux jours plus tard, le 18.
Étant né le 18 juin 1818, il avait donc soixante-quinze ans et quatre mois..
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