CAGNACCI Guido : CLÉOPÂTRE
Publié le 16/09/2012
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Marquée par l'idéalisme de Guido Reni, cette Cléopâtre rappelle également le matérialisme caravagesque : protagoniste essentiel de la scène, la lumière adoucit la matière picturale et donne plus de véracité aux divers éléments du tableau...
«
CAGNACCI Guido
CLÉOPÂTRE
Vers 1660
Peintre italien
Biographie
«? Décrit comme un artiste extravagant,
menant grand tapage et mauvaise vie, Guido
Cagnacci est né à Santarcangelo di Romagna
en 1601. Entre 1618 et 1621 il demeure à
Bologne pour apprendre la peinture ;sans
doute reçoit-il alors l'enseignement de Ludo
vicCarrache oud'un autre artiste de l'acadé
mie. Deux séjours àRome influencent consi
dérablement le jeune homme : larencontre
duGuerchin entre 1621 et 1622, durant son
second voyage, est déterminante.
Les premiers tableaux cités par les sources
sont deux toiles de 1627, qui ornent la cha
pelle du Très-Saint Sacrement de l'église
paroissiale de Saleduccio. De 1623 à1648,
l'artiste est surtout actif en Romagne. Cette
période est à la fois faste et difficile pour
Cagnacci qui, tout en essayant sa réputation,
essuie des revers de fortune : sa tentativede
fuite avec une jeune veuve de la noblesse, lui
vaut d'être chassé de Rimini en 1628. Devenu
leprotégé de monseigneur Bettini, prélat de
Santarcangelo, Cagnacci exécute en 1635,
pour celui-ci, le retable de Saint Joseph et
SaintÉloi.C'est une œuvre-charnière : l'ar
tiste romagnol affirmera ensuite - et notam
ment dans laMadeleine (1637) - un style de
plus en plus proche des grands maîtres émi-
lienscomme GuidoReniet leGuerchin.
Le peintre exécute, en 1643, Saint Valère et
Saint Mercurial pour la cathédrale de Forli,
avant d'entrer en relation,quatre ans plus
tard, avec les Spada, l'une des plus puissantes
famillesde Faenza.
L'activité romagnole du peintre s'achève en 1648. Il se fixe ensuite à Venise. De cette époque datent la plupart de ses portraits féminins et de ses sujets pro fanes. Le peintre rejoint pour finir la cour viennoise, sur l'invitation de l'empereur Léopold Ier ; il s'éteint dans la capitale autrichienne en 1681. PiCTO PALAIS BRERA,PINACOTHEQUE 424 MILAN XVIIe siècle Huile sur toile 120 x158 cm Analyse ♦^ La composition est centrée sur Cléopâtre qui attend la mort : l'aspic est enroulé autour du bras du fauteuil. L'extrême simplification de la scène, le point de vue rapproché, le fond neutre et la limpidité des couleurs, renforcent le pathétisme de la scène tout en exaltant la nudité du corps de l'Égyptienne :une nudité sévère et pure, aux volumes polis. Encadré de manière très expres sive par l'étoffe rouge du dossier, le visage de l'héroïneest dominé par un léger sourire amer et par ce regard de biais qui, projeté hors de l'es pace pictural, semble jeter un dernier défi. Le peintre achoisi de représenter ce visage par un raccourci oblique, ajoutant ainsi au caractère dra matique de l'événement une grande ambiguïté psychologique :Cagnacci célèbre ici l'inquiétant mariage de la douleur et de la beauté, de l'amour et de lamort. Marquée par l'idéalisme de Guido Reni, cette Cléopâtre rappelle également le matérialisme caravagesque :protagoniste essentiel de la scène, la lumière adoucit la matière picturale et donne plus de véracité aux divers éléments du tableau. Considérée par la critique comme l'un des chefs- d'œuvre de Cagnacci, la toile remonte sans doute à la période viennoise, c'est-à-dire vers 1660. Elle suit de très peu La Mort de Cléopâtre, autre ver sion trèscélèbre du même sujet conservée à Vienne. L'œuvre Q Ce tableau -dont on ignore lagenèse etl'iden tité du commanditaire - a probablement été inspiré au peintre par l'atmosphère de lacour viennoise : il est signé en bas àdroite, sur le bras du fauteuil, «guidus cagnaccius». L'œuvre appartenait à une collection privée romaine ;elle fut offerte àlapina cothèque du palais Brera en 1960.. »
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