Bruegel : LA PARABOLE DES AVEUGLES

« autres infirmes.

Le village et l' église ont été identifiés : il s'agit d'un hameau appelé Pede Sainte -Anne et de sa chapelle construite légè r e ­ ment à l'écart.

Là encore, le pein tre travaille d'ap rès nature : il inscrit l'événement dans le décor qu'il connaît, celui de la campagne des alentours de Bruxelles au 'IYr siècle .

La fable évangélique prend , de ce fait, un caractère d'actualité impressionnant.

Les ave ugles menés par des aveug les, et qui cou­ rent au désastre, ce ne sont pas seu lement les sceptiques du temps du Christ qui refusent de suivre sa voie.

C'est l'humanité tout entière , en tout t emps, c'est aussi peut-être, plus pré­ ciséme nt, le peuple nordique lui-même, le s contem p o r ains de Bruegel.

Car l'époque au cours de laquelle Bruegel peint la Parabole des aveugles est l' une des plus sombres de l'histoire des Pays-Bas espagnols.

Gagnée a u calvinisme alors qu'elle est dominée par un pri nce farouc h ement catholique - Charles Quint puis Philippe II -, la population de cette région se soulève .

Dans les années qui précèdent l'exécution du tableau , la tension est à son comble.

Durant l'été 1566, le petit peuple des villes prend les armes pour aller détruire les icônes chrét i ennes et tous les symboles de l'ordre catho lique désormais détesté.

En 1567, le duc d'Albe , envoyé par Philippe, fait son entrée à Bruxelles -la ville où est peinte la Parabole - et y établit la plus terrible des Pierre Bruegel Né entre 1525 et 1530 , dan s le Brabant - a u village de Bruegel (ou Breughel , ou Brueghel), qui lui donna son nom -Pierre Bruegel l' Anci en est le fondateur d 'une dynastie de pe intres .

Ses fils Pie rre Bruegel le Jeune (1564 - 1638 ) et Jan I" Bruegel , dit au ssi Jan le V ieu x, o u Jan d e Velours (1 5 68 -1 6 25) s ont également p eintres , ain si q ue son petit fils Ambro sius, Jan Bru eg el le Jeune (Jan Il ) et se s arr ièr e petit s-fil s.

Form é dans l'a te lie r du peintr e anve r­ s oi s Pierre Coecke Van Aelst , il d evi ent maître d ans cette ville en 1551 .

Il se met répressions, conduite par un tribunal impi ­ toyable, le Conseil du sang (B/oedraad).

Le 5 juin 1568 , les chefs bruxellois du parti calvi­ niste, les comtes d 'Egmond et de Homes, sont exécutés.

Cer tes, la Parabo le des aveug les ne contient aucune allusion d irect e à ces événe­ ments, mais la description de ce cortège de miséreux allan t dans la plus parfaite incons­ cience vers un sort fatal, apparaît comme une allégo rie tragique des malhe urs de l'h u manité, prod uits de sa pro pre folie auta nt, p eu t-êt r e, que de la cruauté de l'Église , moins soucie use des individus que du triomphe du dogme .

• Voir aussi : p.

88-89 (La chapelle Branca cci).

alor s à trava iller pour le marchand d 'e sta mp es Jérôme Cock , qui l'envoi e en It a lie de ssi ner de s pay sages pour fourn ir des mot if s à graver .

Ce voyag e, que le pei ntr e accompl it au x alen tou rs d e 1553 , le mène, par Lyon et les Alpes, ju squ 'à Rome , Naples et Messine .

En 1563, le peintre épo use la fill e de s on ancie n ma ître Pierre Coecke et se fi xe à Bruxelles , pour échapper (nou s di t l' h is to rien Kar el Van Mand er) à une an cienne liaison d omes tique .

Il accom ­ pli t dan s cette ville le re ste de sa car ­ r iè re, et y meurt en 1569 .

La Parabole des aveugles , Pierr e.

Bru e.gel l'Anci en , 15 6 8 (Naple s, Galerie.

nationa le.

de Capodimon te).

La Parabole d es aveugles est une hu ile s u r to ile d e 86 cm de haut su r 154 cm de large .

Peinte en 1568, un an ava nt la mort de Bruege l, elle passa trè s vite d a ns les collection s it alie nn es, à Pa rme puis chez le s Farnèse.

Elle est conserv ée a ujou rd 'hui à Naple s, à la G aler ie nationa le de Capodimont e.. »