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BRASSENS Georges : sa vie et son oeuvre

Publié le 20/11/2018

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BRASSENS Georges (1921-1981). Poète et chanteur né à Sète. Fils d’un père entrepreneur de maçonnerie et d’une mère italienne très pieuse, élève turbulent voire batailleur, le jeune Brassens « canule » d’abord les chansons de l’époque en faisant des vers scatologiques, fréquente les bandes de mauvais garçons, est inquiété à la suite d’un cambriolage puis, à la veille de la guerre, « monte » à Paris où il trouve un emploi de manœuvre spécialisé chez Renault. Réquisitionné par le S.T.O. en 1943, il est envoyé en Allemagne d’où il ne reviendra qu’au printemps 1944 : s’ouvrent alors des années de vaches maigres éclairées d’amourettes et d’amitiés (la Jeanne, entre autres), occupées par le militantisme anarchiste et la collaboration au Libertaire mais aussi par l’obscur travail littéraire (il écrit des poèmes et des chansons, reprend le roman des aventures de Laly Kakamou... qui ne verra jamais le jour). Il ne parvient cependant pas à se faire reconnaître, à l’image d’A la Venvole, recueil poétique publié à compte d’auteur en 1942 et qui ne franchit pas la barrière des intimes. Il faudra la rencontre avec Patachou, en 1952, pour que Brassens «éclate» dans le petit monde de la chanson : le Gorille, la Chasse aux papillons, deux ou trois autres titres dont l’inspiration rompt avec le ton alors en vogue, et l’inconnu d’hier se fait applaudir dans les cabarets en vue (les Trois Baudets, la Villa d’Este, Pacra) avant d’être consacré à Bobino en 1953. Il entre alors dans l’univers du show-business (imprésario, disques, récitals), mais, bien que vedette, il tente d’échapper à l’emprise du star-system, ne donnant que parcimonieusement des interviews, cachant sa vie privée, « refusant d’acquitter la rançon de la gloire » comme il le chante dans ses Trompettes de la renommée. Trente ans durant, Brassens occupera une place à part dans le monde de la chanson, traversant avec bonheur toutes les modes et toutes les générations, ne

« livrant ses chansons au public qu'après les avoir longue­ ment peaufinées au cours de récitals que leur rareté transformait en événements (en 1966, Vilar l'invita ­ en compagnie de Juliette Gréco -à tenir la scène du prestigieux T.N.P.

pendant plusieurs semaines); reconnu par l'institution littéraire (prix de Poésie de l'Académie en 1967, entrée dans la collection « Poètes d'au­ jourd'hui » en 1963), il verra son œuvre disséquée par les candidats bacheliers, les khâgneux ou les thésards de cette Sorbonne qu'il avait naguère brocardée ...

De Brassens, on retient une silhouette -guitare et moustache que les pochettes de disques élèveront au rang de métonymie du chanteur -et un comportement - allant de l'ours mal léché à l'anar provocateur.

Et le refus de l'homme de participer au vedettariat, rejoignant la thématique de la marginalité maintes fois répétée sur le mode personnel dans les chansons -«J e suis un voyou ...

», > de la chanson de 1952 pourrait bien conduire à « la non­ demande en mariage >> de 1966.

Doit-on en conclure que Brassens définit un système du refus n'offrant à ses héros qu'une perspective tragi­ que? Ce serait lire son œuvre à travers un filtre idéologi­ que et privilégier la thématique au détriment d'un évi­ dent plaisir de jouer avec les mots.

Est-ce hasard si les poètes mis en musique par Brassens ont nom Villon, Hugo, Verlaine ou Paul Fort? Est-ce hasard si certaines de ses chansons évoquent la verve rabelaisienne (Héca­ tombe, Mélanie) ou la sagesse de La Fontaine (le Grand Chêne, le Petit Joueur de flûteau)? C'est que chez lui comme chez eux l'écriture fait corps avec le sens: les expressions figées retrouvent vie ( « la pauvre vieille de somme >>, «jusqu'à ce qu'amour s'ensuive>>), les verbes les plus usés trouvent un nouvel emploi ( « chaque fois qu'je meurs fidèlement >>) comme si le langage aussi s'insurgeait contre la routine.

Et les situations les plus banales ou stéréotypées en apparence deviennent, par la force du verbe, des occasions de surprise (la femme mariée qui, au bras de son mari, «porte l'adultère à son point culminant » ).

Et, plus que « le pornographe du phonographe>>, c'est le «brave petit musicien>> que retiendra l'avenir, musicien de notes et de mots quoti­ diens qui par la grâce de son humour a su éviter autant la fadeur du vaudeville que le dramatique de la tragédie.

(Voir CHANSON).

BIBLIOGRAPHIE Les chan so ns sont enre gis tr ée s chez Philips.

On en trouvera le texte dans Gc?orges Brasse ns par Alphonse Bonnafé, Seghers, 1963.

Une très bonne étude de caractère scolaire : Michel Bar­ low, Brassens : Chansons, Hatier, «Profil d'une Œuvre », 1981.

Un album très bien documenté, tant pour le texte que pour l'image: André Larue, Brassens: Une vie, Éd.

I.G.E., Paris, 1982.

Enfin une interview (dans Je style Brassens) donnant de nombreux renseignements sur la conception de la chanson et de l'écriture de l'auteur du Gorille : André Sève, Brassens: Toute une vie pour la chanson, Paris, Le Centurion, 1975.

D.

COUTY. »

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