Botticelli : LE PRINTEMPS
Publié le 14/09/2014
Extrait du document
«
bord de l'œuvre, Zéphir, jeune homme ailé,
tentant d'enlacer une nymphe.
Les historiens ont cherché à livrer du tableau
une interprétation plus précise .
À gauche, le
jeune homme à l'épée qui tient un caducée est
Mercure.
Au cent re, se détachant sur l'écran
foncé d'un bosquet et individualisée par ses
vêtements, plus proches que ceux des autres
personnages des habits du w siècle, la figure
centrale du Printemps, Vénus, a quelquefois été
identifiée avec Simonetta Vespucci, la «dame»
élue par Julien de Médicis et morte en 1476, ou
avec Semiram i de d'Appiano, mariée à Pier
Francesco de Médicis, le commanditaire de
l'œuvre, en 1482.
Mais l'interprétation la plus
suggestive est celle qui fait de l' œuvre une allé
gorie des six mois de l'année où la nature est
fertile : de droite à gauche seraient alors repré
sentées les personnifications des mois de février
(Zéplùr, avec ses cheveux et son manteau soule
vés par le vent), mars (la nymphe fuyante,
Chloris, de la bouche de laquelle naît un ruis
seau de fleurs), avril (la même nymphe, devenue
Flore, qui distribue les fleurs), mai (Vénus), juin,
juillet, août (les Grâces) et enfin septembre
(Me rcure qui, de son caducée, cue ille les fruits
en même temps qu'il dissipe l es premiers
nuages de l'automne).
Cette allégorie des mois
pourrait bien se doubler d'une signification
symbolique, de type initiatique : Botticelli aurait
alors représenté la purification progressive du
désir amou r eux, de l'attrait sexuel (Zéphir
s'apprêtant à violer Chloris) à l'attirance des
âmes (incarnée par Mercure, dieu de la Sagesse
et de la Raison), sous les auspices de Vénus, au
centre, métamorphosée en chaste déesse.
La grâce du mouvement
Quelle que soit la signification du tableau -
et
plusieurs sens peuvent s'y combiner -, il
s'exprime dans une forme infiniment harmo
nieuse où l'élégance du dessin et des procédés
de composition subtils se combinent.
De
droite à gauche, les personnages, séparés dans
l'espace, sont disposés de telle sorte que l'œil
passe aisément de l'un à l'autre, comme dans
une ronde dont ils seraient les figures.
Le corps
incliné de Zéphir assure le lien avec celui de la
nymphe violée, tandis que, de la bouche de
celle -ci, les fleurs vont se répartir sur la robe
de l'autre femme.
Vénus, au centre, est plus
isolée : le thème le veut ainsi, qui fait de la
déesse la reine du renouveau végétal.
Mais la
main dro ite de Vénus se lève comme pour
désigner les Grâces, permettant au regard de
poursuivre vers la gauche du tableau.
Les mouvements des personnages, exprimés
de façon discrète, sont amplifiés par le plissé
des vêtements .
Tous sont posés sur le sol en
appui sur une jambe et, parfois, sur la pointe
des pieds , ce qui confère aux silhouettes une
grande légèreté et une allure dansante.
Pourtant, à l'exception de Zéphir, aucun des
personnages du Printemps ne donne l'impres
sion de se déplacer véritablement.
Même les
trois Grâces ne paraissent pas réellement
bouger : c'est seulement par le plissé du léger
voile qui enveloppe leur corps et s'envole au
gré de leurs mouvements qu'on peut croire à
leur danse.
Il en va de même pour les deux
nymphes sur la droite, dont l'une est censée
marcher et l 'autre courir.
Le Printemps, Sandro Botticelli , vers 1478-1481 (Florence, galerie des Offices).
Ensembl e et (pag e de gauche) détail.
Le Prin temps ou /'A llég orie du Printemps est un e œuvre pe inte selon un procédé mix te de tempera (c'es t-à- dire de peinture à l'œuf) addi tionnée d 'hu il e, su r une to ile de 203 cm de haut sur 314 cm de large.
Commandée par Lorenzo di Pier Francesco de Médici s, pou r orne r, pe ut -être, sa villa de Caste ll o, l'œ uvr e
du t ê tr e exécutée entre 1477 et 1481.
Ent ré aux O ff i ces e n 1815 , peu
mis en valeur , car exposé dan s un
corr idor, le Printemps fut trans féré à l' A cca dem ia de F lorence e n 1865.
Le retour
en grâce de Botticell i au
d ébut du xx• siècle permit sa réin té gra tion aux Offices en 1919 -où il fut dès lors dignemen t a ccroc hé.
Ce trava il des plissés ne vise pas seulement à
rendre l'impression du mouvement.
La trans
parence des linges, leur finesse, permet au
peintre de mettre en valeur les formes des
corps féminins : les douces courbes des
ventres , des seins et des fesses se révèlent sous
le faisceau des arabesques blanches censées
rendre le voile qui habille les Grâces , et la
forme de la cuisse de Flore apparaît, moulée
par la robe fleurie que le mouvement de la
marche applique contre sa cha ir.
Discrètement
et
suavement, le peintre rend ainsi la beauté et
la sensualité de ces corps languides, qui expri
ment la promesse de l'amour fécond..
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