BONAPARTE VISITANT LES PESTIFÉRÉS DE JAFFA de GROS

« Analyse ....., Le tableau exalte un épisode de la campagne d'Égypte : la visite de Bonaparte aux malades de la peste à Jaffa le 11 mars 1799.

Bonaparte est représenté touchant le bubon d'un pestiféré ; son médecin, Desgenettes , tente de l'en empêcher et l 'officier , sur la gauche, se protège de la contagion en portant un mouchoir à son nez.

Selon les témoignages, Napoléon ne toucha en réalité aucun malade, mais nous avons ici un bel exemple de la mise en place de l' imagerie -la propagande, dirions-nous aujourd'hui -napo­ léonienne par le truchement d'œuvres inspirées de l'iconographie chrétienne.

On songe à l'épi­ sode du baiser donné par saint François au lépreux et l' image suggère que le geste de Bonaparte a un effet miraculeux.

L'impact de l'image tient essentiellement à la mise en place des éléments.

Bonaparte est au centre du cercle formé par les malades, les médecins et les officiers ; il est éclairé par une lumière vive et les chamarrures de son uniforme attirent l'œil du spectateur , tout comme son geste attire les regards de l'ensemble des protagonistes de la scène.

Par bien des aspects , cette œuvre apparaît comme une des premières manifestations du romantisme dans la peinture française.

Il s'agit d'un tableau d'histoire, mais ici le peintre s'est attaché à analyser la diversité des états d'âmes individuels.

La représentation sensible du pay­ sage lumineux, l'évocation de l'Orient se retrou­ veront bientôt aussi dans les œuvres de Dela­ croix.

Charles Meynier nous a lui aussi laissé l' image d'un Napoléon guérisseur quand ille représenta rendant visite aux blessés de la bataille de Lobau.

À la différence de Gros, Meynier n'exploita pas l'orientalisme du thème , se contentant de repré­ senter un pont écroulé et un paysage désolé.

Le tableau de Meynier est plutôt pâle si on le compare à celui de Gros qui s'impose par la richesse de sa composition dramatique et sa violence chromatique.

L'œuvre C Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa , œuvre signée et dat ée de la main de l'artiste , fu t présenté au Salon de 1804.

On trou ve au Louvre de nombreuses œuvres d e Gros, notamment plusieurs portraits parmi lesquels il faut citer le portrait posthume de Christin e Boyer, premi ère fe mme de Lu cien Bonaparte.. »