Boléro 1928 Maurice Ravel (1875-1937)

« Boléro 1 289 compositeurs, séduits par sa scansion incantatoire, l'inclurent dans leurs oeuvres: Masanielle (Esprit Aubert), Vêpres siciliennes (Giu­ seppe Verdi), Boléro pour piano (Frédéric Chopin) ...

Ravel maniait le pastiche avec une grande habileté.

On se sou­ vient de ses remarquablès A la manière de ...

, dont ceux d' Alexan­ dre Borodine ou d'Emmanuel Chabrier.

Néanmoins, son Boléro relève bien moins d'un époustouflant exercice de style que d'une manière d'accomplissement dans la technique d'orchestration.

Car tout dénote ici d'une maîtrise absolue, tant de l'instrumentation que du développement du thème ou de la fusion magique entre l'inspiration et l'écriture.

Un thème obsessionnel Partant d'un rythme à trois temps assez primitif, Ravel parvient à transcender la pauvreté de cette assise en l'assortissant d'une inexorable progression dramatique, entretenue à la fois par l'élé­ ment percussif sous-jacent et par la volonté de juguler chaque cho­ rus soliste.

Le caractère lancinant du boléro, que d'aucuns rapprochent d'une apparente monotonie, n'est que l'impression viscérale pro­ voquée par le caractère obsessionnel d'un thème mélodique répété pas moins de dix-huit fois! Le tour de force de Ravel consiste ici en la suggestion de cette obsession, tout en finesse et en tou­ ches ins-idieuses.

Mais en même temps, le Boléro tout entier témoigne d'une incroyable clarté et d'une logique implacable.

A chaque instant, Ravel réclame l'adhésion de l'auditeur qui s'empêtre, vaincu et fasciné, dans cette toile d'araignée tissée de sons dont, paradoxa­ lement, il devine, appréhende et souhaite, tout à la fois, l'issue chaotique.

Une ambiguïté ll n'est pas rare de voir Ravel comparé à Debussy, quand il n'est pas carrément accusé d'imitation.

Certes, Ravel partage avec son aîné la même sensibilité originelle.

Mais là où le compositeur de Prélude à l'après-midi d'unfaune s'adresse au coeur par la recherche d'un son plus sensuel, Ravel séduit l'esprit par une technique et une netteté de ton éblouissan­ tes.

Debussy s'instituait en poète de la musique impressionniste, à la recherche d'un nouveau langage musical.

Ravel, lui, se décou-. »