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BERTHE MORISOT: sa vie, son oeuvre

Publié le 02/05/2019

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ce qui est déjà si connu de tous ceux qui le doivent connaître. Ils sont instruits, séduits aux grâces de son œuvre, et ils n'ignorent point les attributs discrets de son existence, qui fu rent d'être simple, - pure, - intimement, passionnément, laborieuse -plutôt retirée, mais retirée dans l'élégance. Ils savent bien qu'elle eut pour ancêtres de son goùt et de sa vision les peintres lumineux qui expirent devant David ; pour amis et pour assidus, Mallarmé, Degas, Renoir, Claude Monet, et fort peu d'autres ; qu'elle poursuivit sans relâche les nobles fins de l'art le plus fier et le plus exquis, celui qui se consume à rejoindre au moyen d'essais dont le nombre ne compte pas, que l'on produit et que l'on abîme sans pitié, l'apparence de merveille d'une création sur le néant et tout heureuse du premier coup.

 

Quant à sa personne même, il est assez répandu qu'elle fut des plus rares et réservées ; distincte par essence ; aisément, dangereusement silencieuse ; et qu'elle imposait sans le savoir à tous les autres qui l'approchaient, quand ils n'étaient point les premiers artistes de son temps, une distance inexplicable.

«Si vous lisez quelques journaux parisiens, entre autres le Figaro, si aimé du bon public, vous avez dû savoir que je fais partie d'un groupe d'artistes ayant ouvert une exposition particulière, et vous avez dû voir aussi de quelle faveur cette exposition jouit aux yeux de ces messieurs. En revanche, nous avons des éloges dans les feuilles radicales ; mais vous ne les lisez pas ! Enfin, on s'occupe de nous et nous avons tant d'amour propre que nous sommes tous très contents. Mon beau-frère n'est pas avec nous. En fait de succès, il vient d'être refusé au Salon; il prend aussi son échec avec toute la bonne humeur possible. »

 

CO

 

BERTHE MORIS OT Lettre à Edma, 1885

 

«]e travaille, ayant un peu la perspective d'une exposition cette année; tout ce que j'ai fait depuis longtemps me paraît si horriblement mauvais que je voudrais avoir du nouveau et surtout du meilleur à montrer au public. Ce projet est très en l'air, le mauvais caractère de Degas le rend presque irréalisable ; il y a dans ce petit groupe des chocs d'amour propre qui rendent toute entente difficile. Il me semble que je suis à peu près la seule n'ayant pas de petitesse de caractère, ce qui est une compensation pour mon infériorité comme peintre. »

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« LETTRE À EDMA ments sur tout le reste du tableau et me prie seulement de mettr e quelques accents dans la tête de ma mère.

Jusque-là, mes malheurs ne sont pas grands.

Fatiguée, énervée, je vais le samedi visiter l'ate­ lier de Manet ; il me demande où j'en suis et me voyant indécise il me dit avec entrain : «J' irai demain après mon envoi voir votre tableau et fiez-vous à moi ; je vous dirai ce qu'il faut faire.

» «L e lendemain, qui était hier, il arrive vers une heure, il trouve cela très bien, moins le bas de la robe ; il prend les pinceaux, y met quelques accents qui font très bien ; ma mère s'extasie.

Voilà où commencent mes malheurs ; une fois en train, rien ne peut l'arrê­ ter; il passe du jupon au cor sage, du corsage à la tête, de la tête au fo nd ; il fait mille plaisanteries, rit comme un fou, me donne la palette, la reprend, enfin à cinq heures du soir, nous avions fait la plus jolie caricature qui puisse se voir.

On attendait pour l'empor­ ter ; bon gré, mal gré, il me le fait mettre sur le brancard et je reste conf ondu e; mon seul espoir est d'êt re refusée, ma mère trouve l'a venture drôle, moi je la trouve navrante.

>> � BERTHE MORIS OT Lettre àEdma, 1871 > 109. »

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