Devoir de Philosophie

Bashung entre en scène

Publié le 05/12/2018

Extrait du document

sémantique iconoclaste de Bashung, telle sa petite entreprise, ne connaissent pas la crise. Restait une gageure : exposer cet univers, né du confort capitonné des studios, à l'air libre et imprévisible de la scène. La longue tournée qui vit Bashung sillonner l'Hexagone et les pays francophones de la fin 1994 à la mi-1995 était la première pour lui depuis le traumatisant marathon de Novice, qui se solda par une hernie discale et quelques contusions psychiques. Bashung est un vieux routier des planches. C'est là qu'il débuta il y a près de trente ans, avant même d'avoir enregistré le moindre disque, lorsque, jeune chanteur de charme incolore et inconnu, il se produisait en ouverture des spectacles de vedettes américaines de passage en France. Malgré l'expérience, il n'a jamais vraiment pu s'habituer à cette exhibition forcée, au rapport frontal avec le public, même si celui-ci se déplace aujourd'hui par milliers pour le voir. Cette nouvelle tournée aura donc montré un Bashung comme à l'ordinaire peu disert, voire franchement glacial, y compris sur ses terres alsaciennes, ou dans l'immense Zénith de Paris, où il referma cette boucle triomphale. Invariablement vêtu de noir - c'est aussi une tradition -, économisant les procédés de séduction comme les effets de lumière, Bashung est parvenu une nouvelle fois à ensorceler son monde sans rien céder de ses fascinants mystères. Chaque concert se déroule selon un rituel immuable : la première partie ausculte en profondeur son œuvre la plus trouble, la seconde étant

Alain Bashung a achevé en 1995 une tournée entreprise quelques mois après la sortie de Chatterton, un album qui conjuguait prodigieusement une certaine tradition rurale et des bribes de jazz à un tissu d’atmosphères neuves. En perpétuel mouvement malgré ses airs impassibles, populaire malgré l’opacité de ses textes, Bashung confirme, près de trente ans après ses débuts sur scène, sa domination imposante sur la chanson française.

« Bashung, Alain. 1 PRÉSENTATION Bashung, Alain (1947- ), auteur, compositeur et interprète français. Une reconnaissance et un succès tardifs ont permis à Alain Bashung de se créer un univers personnel de mots et de mélodies qu’il développe au fil d’albums à la fois populaires et innovateurs.

Après trente ans de carrière, il est aujourd’hui une figure majeure de la chanson française, presque « intouchable » dans sa capacité à dépasser les modes et les idées reçues. 2 LA RÉBELLION D’UN ADOLESCENT TOURMENTÉ Né à Paris, placé chez sa grand-mère paternelle en Alsace à cause de sa santé de 1948 à 1959 — cette période est peu souvent abordée par les biographes de l’artiste —, Alain Claude Baschung, dit Alain Bashung découvre la musique américaine (de Elvis Presley à Hank Williams) en écoutant les radios allemandes.

Sa scolarité est exemplaire, mais il se considère cependant comme une personne déplacée, en perpétuel décalage. De retour en région parisienne chez sa mère, il entre au lycée et poursuit ses études jusqu’à un BTS de comptabilité.

En 1962, il monte un groupe de musique qui commence à tourner en jouant des reprises.

À 16 ans, il coupe les ponts avec sa famille ; après un stage en entreprise qui provoque chez lui un sentiment de dégoût qu’il jugera par la suite salutaire, il se jette à corps perdu dans la musique. 3 LES PREMIERS ENREGISTREMENTS : DU MALENTENDU À L’ÉDIFICATION D’UN STYLE En 1966, Alain Bashung réalise quelques arrangements pour le label RCA et compose pour le rocker Noël Deschamps, avant de signer un contrat chez Philips et d’enregistrer un premier 45 tours, « Pourquoi rêvez-vous des États-Unis ? ».

Commence alors un malentendu qui va durer onze ans : tout concourt en effet à faire du jeune chanteur un crooner douceâtre, une sorte de Tom Jones à la française, une référence qui ne peut lui convenir.

Onze 45 tours confidentiels s’empilent. Vers 1971 toutefois, les choses évoluent : il travaille sur l’album The Dick’n’Roll Machine (1972) de Dick Rivers et interprète l’année suivante le rôle de Robespierre dans le disque-comédie musicale la Révolution française.

En 1974, Alain Bashung rencontre Boris Bergman qui devient son parolier fétiche.

Ensemble, ils mettent en chantier un premier album, Roman-photos (sorti en 1977, aujourd’hui disparu de la discographie officielle de l’artiste), pétri d’influences folk et de country-blues (« C’est la faute à Dylan »).

Si le succès n’est pas encore au rendez-vous, l’essentiel du « style Bashung » à venir est présent. 4 « GABY » ET « VERTIGE DE L’AMOUR » : LE SUCCÈS POPULAIRE EN DEUX CHANSONS En 1979, toujours avec Boris Bergman, Bashung sort Roulette russe, album fondateur et minimaliste.

On y remarque d’excellents titres — « Station-service », « Elsass blues » et « Milliards de nuits dans le frigo » —, mais la reconnaissance publique et critique se fait toujours attendre. C’est le single « Gaby », intégré au second pressage de Roulette russe, qui atteint cet objectif, s’écoulant à plus d’un million d’exemplaires .

Dans la foulée paraît l’album Pizza (1981), qui réconcilie chanson française, rock et exigences personnelles. C’est la consécration pour Alain Bashung — sa popularité est en effet confirmée par la réussite du morceau « Vertige de l’amour » —, avec son cortège de tournées et de récompenses. 5 UN SAVANT MÉLANGE DE COMPOSITIONS GRAND PUBLIC ET DE SONORITÉS AVANT-GARDISTES Toutefois, Alain Bashung ne se satisfait pas de ce succès et, pour son quatrième album en 1982, décide de travailler avec Serge Gainsbourg pour se contraindre à plus d’exigence musicale et artistique.

Le résultat, Play Blessures, fortement inspiré par la new wave britannique et une pop électronique alors en vogue, connaît un succès mitigé.

En juin 1985, à l’occasion de la première fête du mouvement SOS Racisme, Alain Bashung compose en outre un hymne rock, « Tu touches pas à mon pote ». Sa discographie alterne par la suite compositions accessibles (extraites de Passé le Rio Grande et Osez Joséphine, tous deux récompensés aux Victoires de la musique en 1986 et 1992) et albums plus expérimentaux (Novice et Chatterton). Si Novice (1989) s’impose comme un prolongement des couleurs musicales adoptées dans Play blessures à la faveur de son approche avant-gardiste, Osez Joséphine (1991) est l’occasion pour Alain Bashung de se frotter aux mythes de l’Amérique en enregistrant à Memphis (Tennessee) des chansons imprégnées de country et de blues. Cette relecture personnelle et originale des genres musicaux fondateurs de l’histoire du rock préfigure l’orientation prise par l’artiste dans les albums suivants, notamment Chatterton (1994, sur lequel figurent notamment « Ma petite entreprise » et « J’passe pour une caravane »), où chacun des « invités » (les guitaristes Sonny Landreth et Marc Ribot) met son propre style au service d’une mosaïque de tonalités orchestrée par Alain Bashung. 6 ALAIN BASHUNG AU-DELÀ DES ÉTIQUETTES ET DES GENRES Fantaisie militaire (1998) marque un tournant décisif dans la carrière d’Alain Bashung en ce qu’il constitue la première étape d’une émancipation progressive des canons de la chanson et des musiques pop et rock.

Si le single « La nuit je mens » conserve une structure classique couplet-refrain, les autres plages témoignent de recherches harmoniques et mélodiques avancées, et contribuent à la création d’une atmosphère à la fois sombre et poétique portée par les jeux de mots inventés par Jean Fauque, qui atteignent ici une nouvelle maturité. Poursuivant cet ambitieux voyage musical dans l’Imprudence (2002) afin de le porter vers des horizons inconnus, Alain Bashung aspire à « l’intemporel » selon ses propres termes ; c’est dans ce cadre qu’il convoque des artistes de renom (Christophe Miossec ou Arto Lindsay notamment), propose une adaptation d’un poème de Robert Desnos et transcende, entre mélodies et dissonances, les nombreuses influences dont s’est nourri l’album (parmi lesquelles le rock progressif des années 1970). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

Tous droits réservés.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles