Auguste RENOIR: VUE DE CAGNES
Publié le 17/01/2022
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919
• Vue de Cagnes • Huile sur toile 36,7 cm x 49,3 cm • Signé en bas, à gauche, «Renoir « • Peint entre 1903 et 1905 • Localisation: Saarbruck, Saarland Museum
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courbe d'un corps, la splendeur du jour.
Renoir, sans doute le dernier des grands peintres dont le talent se soit manifesté dans toutes les branches de lapeinture, est parfois négligé comme paysagiste.
Il a passé d'une palette où les verts et les bleus dominaient à desharmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
L'OEUVRESi, dans les premières années du siècle, Renoir aime toujours peindre des baigneuses, H ne délaisse pas pour autantles paysages.
«La nature, je ne peux pas la peindre, je le sais, mais le corps à corps avec elle m'amuse», dit-il.
Etd'ajouter: «Un peintre ne peut pas être grand s'il ne connaît pas le paysage.
Paysagiste, dans le temps, un terme demépris, surtout au XVIIIe (...) .
Je suis un du XVIIIe.
Je considère avec modestie que mon art descend nonseulement d'un Watteau, d'un Fragonard et d'un Hubert Robert, mais encore que je suis un des leurs.» Dans un styleà la fois diffus et dépouillé, le peintre campe une vue des hauteurs de Cagnes.
La grande étendue d'herbe aupremier plan est animée par deux figures presque indistinctes.
Au second plan, des maisons baignent dans unelumière diffuse.
A l'arrière-plan, les Alpes dominent le panorama sous un ciel vaporeux.
Ce paysage atypique laisseune curieuse impression de vide, comme s'il était inachevé.
Quelques années plus tard, Renoir peindra dans lesecteur une autre vue beaucoup plus ambitieuse, intitulée Les Vignes à Cagnes.
LA COTEUne huile de la même époque, Paysage de Cagnes, s'est vendue 353260 FF (65 000 dollars) à Londres en 1994.
Maisles huiles de Renoir peuvent atteindre25,5 millions de francs français (4,5 millions de dollars).
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• Vue de Cagnes• Huile sur toile 36,7 cm x 49,3 cm• Signé en bas, à gauche, «Renoir »• Peint entre 1903 et 1905• Localisation: Saarbruck, Saarland Museum
LA CRITIQUE«Les honneurs et la richesse lui sont indifférents.
Sa richesse est intérieure et il la communique dans sa peinture.Elle lui permet d'exprimer et de satisfaire en même temps son amour de la vie.
C'est elle qui rend son œuvre siattrayante, si réconfortante, si humaine», écrit Denis Rouart.
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