Auguste RENOIR: PORTRAIT DE LA POÉTESSE ALICE VALLIÈRE-MERZBACH
Publié le 31/12/2010
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919
• Portrait de la poétesse Alice Vallière-Merzbach • Huile sur toile 92 cm x 73 cm • Non signé • Peint en 1913 • Localisation : Genève, musée du Petit Palais
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harmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
L'OEUVREPour moi, un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui, jolie ! Il y a assez de choses embêtantesdans la vie pour que nous n'en fabriquions pas d'autres », disait Renoir.
Justement, depuis longtemps il a renoncéaux contours linéaires pour accentuer le modelé, plus flatteur pour la plastique féminine.
Cette poétesse aux traitsdélicats et à la taille svelte se transforme sous son regard en une femme plantureuse au cou épais et aux brasétonnamment potelés.
Un décolleté élégant souligne sa gorge voluptueuse.
La robe quasi transparente, traitée envaleurs dégradées, accentue la carnation rose de la jeune femme.
Sur la gauche, la tenture et les fleurs rougescréent un contraste inattendu avec le fond vert, derrière le modèle.
Malgré sa pose élégante, cette femmedistinguée aux yeux rieurs respire la joie et la sensualité, deux des qualités les plus appréciées de Renoir.
Cetteoeuvre somptueuse évoquera pour certains Titien, pour d'autres Raphaël.
Mais Renoir a assimilé et dépassé depuislongtemps toutes les influences.
Son lyrisme et sa fraîcheur n'appartiennent qu'à lui.
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• Portrait de la poétesseAlice Vallière-Merzbach• Huile sur toile 92 cm x 73 cm• Non signé• Peint en 1913• Localisation : Genève, musée du Petit Palais
LA CRITIQUEL'exceptionnel talent du peintre sera reconnu avant sa mort.
Mais ses oeuvres tardives seront parfois négligées parla critique.
«Il fait songer à Titien, se découvrant réellement lui-même et progressant jusqu'à la fin dans l'explorationdes trésors accumulés au fond ,de son regard et de son coeur», écrit pourtant Elie Faure.
L'HISTOIRELe tableau a été acheté par le collectionneur Oscar Chez.
Il est aujourd'hui exposé au musée du Petit Palais, àGenève.
LA COTEUne toile de la même époque, Baigneuse assise vue de profil, a été vendue 7,6 millions de francs français (1,4 millionde dollars) dans une vente aux enchères à New York, en 1992.
Les huiles du peintre coûtent en général entre 1.
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