Auguste RENOIR: LES PARAPLUIES
Publié le 22/12/2010
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919 • Les Parapluies • Huile sur toile 180 cm x 115 cm • Signé en bas, à droite, «Renoir « • Peint entre 1880 et 1885 • Localisation : Londres, National Gallery • Expositions : Dublin, 1908; Londres, 1917, 1985; Paris, 1985
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peinture, est parfois négligé comme paysagiste.
Il a passé d'une palette où les verts et les bleus dominaient à desharmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
L'OEUVRELes experts estiment que le tableau a été peint en deux fois, entre 1880 et 1885.
Les examens radiographiques, lesdifférences de facture et les divers styles de vêtements portés par les personnages leur ont permis d'arriver à cetteconclusion étonnante.Les figures enfantines sur la droite du tableau ont été peintes les premières, à la manière impressionniste.
Enrevanche, la jeune femme au panier et l'homme qui se tient derrière elle - es peintres Suzanne Valadon (la mère dupeintre Utrillo) et Paul Lhote - ont probablement été brossés quelques années plus tard, car leur facture estnettement plus sèche.
Le fond du tableau et la nuée de parapluies se ressentent nettement de l'influence d'Ingres.On sait que Renoir peignait ses modèles dans des toilettes à la dernière mode.
Or, les personnages de la partiedroite du tableau portent des vêtements en vogue en 1881 et 1882.
En revanche, la robe de Suzanne Valadon n'està la mode qu'en 1885.Dans la composition de la toile, d'une grande liberté, on découvre le motif du cercle, qui donne une certaineanimation à l'ensemble : le cerceau de l'enfant, le panier arrondi de la jeune femme et les dizaines de parapluies.
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• Les Parapluies• Huile sur toile 180 cm x 115 cm• Signé en bas, à droite, «Renoir »• Peint entre 1880 et 1885• Localisation : Londres, National Gallery• Expositions : Dublin, 1908; Londres, 1917, 1985; Paris, 1985
LA CRITIQUEEn juillet 1917, lorsque sa toile est exposée à la National Gallery, Renoir reçoit une lettre signée d'une centained'artistes et d'amateurs anglais.
«Dès l'instant où votre tableau s'est trouvé installé parmi les chefs-d'oeuvre desmaîtres anciens, nous avons eu la joie de constater qu'un de nos contemporains avait pris place d'emblée parmi lesgrands maîtres de la tradition européenne», lui écrivent-ils.
L'HISTOIREDurand-Ruel acheta le tableau en 1892, cuis le collectionneur irlandais sir Hugh Lane 'acquit en 1907.
Après sa mort,il fut légué à la National Gallery, en 1917..
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