Auguste RENOIR : LA TOILETTE FEMME SE PEIGNANT
Publié le 25/12/2010
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919 • La Toilette, femme se peignant • Huile sur toile 55 cm x 46,5 cm • Signé en haut, à gauche, «Renoir « • Peint avant 1910 • Expositions : Paris, 1914, 1947 • Localisation : Paris, musée d'Orsay
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de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
LE MODÈLELe peintre laissait à ses modèles une grande liberté.
Il ne leur imposait rien, comme s'il voulait les surprendre dansles poses les plus intimes et les plus naturelles.
« Le modèle n'est là que pour m'allumer, disait-il, me permettred'oser des choses que je ne saurais inventer sans lui.
»
LE TABLEAUPour Renoir, «les sujets les plus simples sont éternels».
Et quoi de plus simple qu'une femme qui se coiffes Ce thèmeest d'ailleurs très fréquent clans son oeuvre.
Cette Toilette en évoque d'autres, comme Baigneuse se coiffant ou LaJeune Fille au bras levé, dont le modèle — sans doute une jeune fille de la campagne — ressemble étrangement àcelle qui pose ici.
L'ÉPOQUECe tableau a sans doute été peint à Cagnes, dans la première décennie du XXe siècle.
Renoir n'a jamais autantmagnifié le bonheur simple d'exister qu'au cours de cette période.
«Pour moi un tableau doit être une chose aimable,joyeuse et jolie, oui jolie», disait-il.
Une attitude d'autant plus admirable que, pour travailler, on doit lui attacher lepinceau à la main, tant ses doigts sont meurtris par l'arthrose.
LA COTEUn portrait de baigneuses de mêmes dimensions et de la même époque a été vendu 1,48 million de francs à Londresen 1991.
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• La Toilette, femme se peignant• Huile sur toile 55 cm x 46,5 cm• Signé en haut, à gauche, «Renoir »• Peint avant 1910• Expositions : Paris, 1914, 1947• Localisation : Paris, musée d'Orsay
L'HISTOIRELe marchand de tableaux Durand-Ruel achète cette toile à Renoir en 1910 et la revend deux mois plus tard à Isaacde Camondo, qui la lègue au Louvre en 1911..
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