Auguste RENOIR: LA SEINE A ARGENTEUIL
Publié le 17/01/2022
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919 • La Seine à Argenteuil • Huile sur toile 31 cm x 39 cm • Signé bord droit «Renoir « • Peint en 1892 • Localisation : Genève, musée du Petit Palais
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peinture, est parfois négligé comme paysagiste.
Il a passé d'une palette où les verts et les bleus dominaient à desharmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
L'OEUVRECette oeuvre diffère énormément des deux autres toiles du même titre peintes vers 1873.
Dans l'un de ces tableaux,conservé à Orsay, le paysage est beaucoup plus dénudé : quelques touffes d'herbe poussent sur la berge, alors quedeux embarcations sont à peine visibles sur la Seine.Dans l'oeuvre de 1892, le paysage est beaucoup plus riche et plus animé: une rangée d'arbres imposants, traitésavec de larges touches multicolores, occupe la partie droite de la toile.
La végétation au sol est rendue avec unepâte épaisse posée en quelques coups de pinceau rapides.
Sur la gauche, trois voiliers esquissés sommairement sedétachent contre la berge opposée.
La Seine est restituée avec des touches larges et épaisses, alors que le ciel esttraité avec des taches croisées.
Naturellement, la palette utilisée a considérablement changé en vingt ans : Renoirchoisit ici des tons beaucoup plus vifs et variés, qui s'exaltent mutuellement : il n'hésite pas à marier le blanc, lejaune, le rouge, le vert olive, le vert véronèse, le bleu et le mauve dans une facture libre et souple.
Détailintéressant: le bord droit laisse transparaître la toile à l'état brut.
LA COTEOn trouve de nombreuses huiles de Renoir sur le marché.
Mais il faut compter entre 55000 FF (10000 dollars) et 43millions de francs français (7,5 millions de dollars) pour une toile du maître.
Un tableau de la même année, Paysagede Bretagne, a changé de main pour 1,088 million de francs français (200000 dollars) lors d'une vente aux enchèresà Londres en 1992.
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• La Seine à Argenteuil• Huile sur toile 31 cm x 39 cm• Signé bord droit «Renoir »• Peint en 1892• Localisation : Genève, musée du Petit Palais
LA CRITIQUEL'écrivain Octave Mirbeau a fait l'éloge de Renoir dans la préface à son exposition chez Bernheim, en 1913: «Il apeint les femmes, les enfants, les arbres, les fleurs avec l'admirable sincérité d'un homme qui croit que la nature sepropose à sa palette aussi simplement que si elle avait été créée de toute éternité pour être peinte.».
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