Auguste RENOIR: JEUNES FILLES EN NOIR
Publié le 22/12/2010
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919 • Jeunes Filles en noir • Huile sur toile 81,3 cm x 65,2 cm • Signé en bas, à droite, « R.« • Peint entre 1880 et 1882 • Localisation : Moscou, musée Pouchkine
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courbe d'un corps, la splendeur du jour.
Renoir, sans doute le dernier des grands peintres dont le talent se soit manifesté dans toutes les branches de lapeinture, est parfois négligé comme paysagiste.
Il a passé d'une palette où les verts et les bleus dominaient à desharmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
L'OEUVREPar bien des éléments, ce portrait de jeunes filles annonce Les Parapluies, un des chefs d'oeuvre de la période«aigre».
Le visage du modèle assis, qui rappelle singulièrement Suzanne Valadon dans Les Parapluies, est dessinéavec une netteté quasi linéaire.
De même, les contours de sa robe et de son chapeau sont clairement définis.
Enrevanche, la 'igure de droite, traitée avec la touche fragmentée chère aux impressionnistes, est plus évanescente.Son expression, ses mains et sa robe sont indistinctes, comme la table sur laquelle elle s'appuie.
Le décor, d'unefacture souple et libre, est encore plus flou.
La palette de Renoir se réduit ici au crème, à l'ocre rouge et au noir,avec quelques rares notes de jaune et de vert.
Certains ont vu dans la dominante noire du tableau l'influence deManet, qui utilisait souvent cette couleur.Quoi qu'il en soit, ce portrait, aujourd'hui à Moscou, nous ravit par sa fraîcheur et sa spontanéité.
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• Jeunes Filles en noir• Huile sur toile 81,3 cm x 65,2 cm• Signé en bas, à droite, « R.»• Peint entre 1880 et 1882• Localisation : Moscou, musée Pouchkine
LA CRITIQUELes critiques ne distinguent pas immédiatement l'évolution picturale de Renoir.
Mais ils l'acceptent plus facilementdans les années 1880 qu'au cours de la décennie précédente.
« Il est vraiment le peintre de la Femme, tour à tourgracieux et ému, savant et simple, toujours élégant, avec des sensibilités d'oeil exquises, des caresses de la mainlégères comme des baisers, des visions profondes comme celles de Stendhal », note l'écrivain Octave Mirbeau.
«Renoir peint de préférence la femme, et parmi les femmes la jeune fille.
Son pinceau en sait ravissamment traduire lacandeur, la virginité, ou plutôt l'éclosion et la fleur », renchérit le poète Emile Verhaeren.
LA COTEUne huile de la même époque, Portrait de jeune fille en rose, a été acquis pour 1,165 million de francs français(212000 dollars) dans une vente aux enchères à New York, en 1992.Mais les toiles de Renoir peuvent dépasser 10 millions de francs français (1,8 million de dollars).
On peut acheter un.
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