Auguste RENOIR: BAIGNEUSE AUX CHEVEUX LONGS
Publié le 17/01/2022
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Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919 • Baigneuse aux cheveux longs • Huile sur toile 82 cm x 65 cm • Signé en bas, à droite, «Renoir « • Peint en 1896 • Localisation : Paris, musée de l'Orangerie • Expositions : Dresde, 1926; Zurich, 1932; Paris, 1966, 1985; Athènes, 1980; Marcq-en-Barœul, 1980; Tbilissi-Leningrad, 1981; Trente, 1982
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peinture, est parfois négligé comme paysagiste.
Il a passé d'une palette où les verts et les bleus dominaient à desharmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
L'OEUVREDans cette représentation éclate toute la sensualité propre à Renoir, pour qui la femme constituait un sujetinépuisable : « Les sujets les plus simples sont éternels.
La femme nue sortira de l'onde amère ou de son lit, elles'appellera Vénus ou Nini.
On n'inventera rien de mieux.» Dans une lettre adressée au critique d'art Gustave Geffroy,Renoir évoque ses « nymphes», sans doute les baigneuses qu'il peint inlassablement.Ici, le modèle est très jeune et saisi dans toute son innocence.
Comment ne pas penser à Fragonard à son propos?Ignorant délibérément le spectateur, la baigneuse fixe quelque chose en dehors du tableau.
Le linge qu'elle tient estplacé de façon à livrer sa nudité au regard du spectateur.
Pierre-Auguste RENOIR 1841-1919• Baigneuse aux cheveux longs• Huile sur toile 82 cm x 65 cm• Signé en bas, à droite, «Renoir »• Peint en 1896• Localisation : Paris, musée de l'Orangerie• Expositions : Dresde, 1926; Zurich, 1932; Paris, 1966, 1985; Athènes, 1980; Marcq-en-Barœul, 1980; Tbilissi-Leningrad, 1981; Trente, 1982
LA CRITIQUELe critique d'art Gustave Geffroy évoquait à propos de cette œuvre «ces jeunes corps de baigneuses, petits êtresinstinctifs, à la fois enfants et femmes, où Renoir apporte à la fois un amour convaincu et une malicieuseobservation.(...).
Elles existent comme des enfants, mais aussi comme de jeunes animaux joueurs, et comme desfleurs qui absorbent l'air et la rosée.»
L'HISTOIRELe marchand d'art Durand-Ruel achète ce tableau à Renoir dès que celui-ci l'a terminé.
Durand-Ruel est un despremiers à avoir soutenu et fait connaître les impressionnistes.
Dès 1876, il tient une galerie à Paris.
Il en ouvre uneautre à New York en 1886 et une troisième à Berlin en 1892.
La galerie Durand-Ruel a exercé une activité à Parisjusqu'en 1974, date à laquelle elle a fermé ses portes.
Le tableau a ensuite figuré dans plusieurs collections privées,avant de rejoindre le musée de l'Orangerie grâce au don du grand collectionneur Walter Guillaume..
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