Auguste RENOIR: A LA GRENOUILLÈRE
Publié le 21/12/2010
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Paul-Auguste RENOIR 1841-1919
• A la Grenouillère • Huile sur toile 71 cm x 92 cm • Signé en bas, à droite, « Renoir 79 « • Peint en 1879 • Localisation : Paris, musée d'Orsay • Expositions : Bruxelles, 1901; Paris, 1931, 1933, 1953; Londres 1936.
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peinture, est parfois négligé comme paysagiste.
Il a passé d'une palette où les verts et les bleus dominaient à desharmonies "en rouge", quand il ramena toutes les autres nuances à cette couleur généreuse.
Les aspects "sublimes"de la nature ne l'ont point tenté et, même quand elle semble soulevée dans ses derniers paysages du Midi par unélan dionysiaque, elle n'accable point l'homme, elle est sa compagne bienveillante.
L'image que Renoir se fait del'espace nous offre cette atmosphère de paradis païen.
Ce que le regard embrasse suffit à l'artiste.
Il n'a rien d'unanalyste, ce magicien généreux et immobile.
De son seul regard, il "charme" les apparences.
Elles se posent sur satoile et s'y prennent à un réseau de poésie.
Il observe avec la vigilance exclusive et infaillible des peintres descavernes à qui leur pas réglé sur celui du gibier avait enseigné à en discerner les plus fugitives attitudes.
Après avoirusé de toutes les ressources de l'impressionnisme par quoi l'espace emprunte la fluidité du temps, Renoir éprouvaque cette vaine poursuite tend à subordonner l'artiste.
Pour Renoir, civilisé occidental, jamais ne s'efface lasuprématie de l'homme, qui seul est capable à la fois de sentir et d'organiser la nature.
Pour exprimer la profondeur,il inventera un milieu idéal où flotteront les objets, selon que la vivacité de leurs tons les éloigne ou les rapproche denous.
En situant les choses par la fermeté de leurs accents, il trouvera, pour des motifs analogues, une réponsepersonnelle aux questions que posaient les cubistes.
Si la renommée qui salue en Renoir un des plus grands peintres du nu est trop exclusive, elle lui donne sa valeurauthentique.
Courbet est l'inventeur du type que Renoir réalisera peu à peu : la créature forte, saine, généreuse,dont la peau "prend bien la lumière".
Il échappait à cette superstition du dessin linéaire qui imposait aux corps lasilhouette voulue par la mode et parait les visages d'une suavité idéale.
Les nus de Renoir offriront longtemps uncontraste avec leurs "têtes expressives".
C'est au cours de son voyage en Italie qu'il fixe les traits si distinctifs dontil ne s'écarte plus ; la Baigneuse blonde de 1881 est à la limite imprécise entre deux penchants de notre être : sonregard va bientôt oublier les émotions de la vie humaine, au moment où elle va s'en retourner vers cette mer, dontla nuance des flots effacera la lueur plus sombre qu'y avait allumé le reflet de l'esprit.
Les nus de la dernière époque ont suscité des critiques et des enthousiasmes irréductibles.
Il y avait pour Renoirune relation évidente entre la dilatation des formes et la "montée en rouge" qui nuance les corps et les choses.
Bienqu'il y ait dans cette production abondante et éclatante des pages où la vie semble surnager plutôt qu'elle n'animeles êtres, on hésiterait à condamner cette "expérience" suprême d'un génie admirablement honnête.
Quand on vientde revoir après huit années les deux Baigneuses couchées du Louvre, la nuance de nacre rose et non plus le vifincarnat qui nourrit leur peau et la force sereine et palpable qui irradie de leurs flancs et anime les plantes, l'eau,leurs compagnes mêmes et le ciel, on ne doute plus que le vieux créateur infirme n'a pas cessé de nous étonner parses leçons.
LE TABLEAURenoir la brossé sa toile à 2 km de «La Grenouillère», sur l'île du Chiard, face à Rueil-Malmaison, et dans unétablissement concurrent, le célèbre restaurant Fournaise.
Il s'y rendait fréquemment avec ses amis peintres et,parfois, l'écrivain Guy de Maupassant, qui a souvent cité ce lieu fréquenté par le Tout-Paris.
«C'était une fêteperpétuelle, se souvient Renoir.
J'avais amené beaucoup, de clients à Fournaise, par reconnaissance il mecommanda son portrait ainsi que celui de sa fille, la gracieuse Mme Papillon.»
LE MODÈLEOn a longtemps cru reconnaître dans ce portrait celui de l'actrice Ellen Andrée.
Or, aucun doute, il s'agit bien de lafille de M.
Fournaise, Alphonsine, alors âgée d'une vingtaine d'années.
Entre 1875 et 1881, la jeune femme posa àmaintes reprises pour Renoir.
La Dame au sourire, La Jeune Femme en bleu, La Jeune Fille lisant, c'est elle.Alphonsine est également présente sur le fameux Déjeuner des canotiers, réalisé l'année suivante.
Dans les deuxtableaux, elle occupe la même position, sur la balustrade de la terrasse du restaurant, avec en arrière-plan le pontde Chatou.
Si bien que La Grenouillère donne l'impression d'être un extrait des Canotiers ou une étude préparatoirepour ce tableau.
Devenue Mme Papillon, Alphonsine mourra, ruinée, à quatre-vingt dix-sept ans.
Paul-Auguste RENOIR 1841-1919
• A la Grenouillère• Huile sur toile 71 cm x 92 cm• Signé en bas, à droite, « Renoir 79 »• Peint en 1879• Localisation : Paris, musée d'Orsay• Expositions : Bruxelles, 1901; Paris, 1931, 1933, 1953; Londres 1936
L'ÉPOQUEChez Fournaise, Renoir, désargenté, multiplie les portraits de commande.
Il est même prêt à travailler pour une pairede bottes! Dans ce lieu très à la mode, les modèles sont complaisants, plus particulièrement les maîtresses de sesamis, que le peintre qualifie de «bien bonnes filles».
L'HISTOIRE.
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