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ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES : Du folklore à l'ethnologie française

Publié le 10/01/2012

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Pendant des siècles, les comportements de nos paysans et jusqu'à un certain point ceux des classes bourgeoises -ont obéi à des critères traditionnels. Qu'il s'agisse de techniques manuelles et de croyances magiques ou magico-religieuses, chaque acte matériel et chaque objet traduisaient cette idéologie : à la fin encore du XIXe siècle, le semeur berrichon, par exemple, jetait sa première poignée de grain en disant : « Pour Nout Grand Mait «, c'est-à-dire pour Dieu. Il lançait la seconde en annonçant : « Pour sa Sainte Mère « (la Vierge Marie). La troisième fois, il balançait la main sans rien jeter en stipulant : « Pour la limace «. Privée à l'avance de nourriture, la limace était « barrée « et n'oserait pas manger les récoltes. Le semeur reprenait ensuite sa tâche et répétait à chaque poignée : « Pour moué, pour moué «.

De nos jours, quelques pieux maîtres de maison n'entament pas un pain au repas sans tracer dessus une croix avec le pouce avant de couper les parts. Mais ils ne savent plus la prière qui jadis accompagnait le geste : « Croix par-dessus, croix par-dessous ; celui qui l'a fait n'le mangera pas du tout «. Le mobilier et les objets domestiques anciens portent des décors chargés de symboles : fleurs, couples de colombes, étoiles, croix ... Sur le couvercle d'une vieille bassinoire en cuivre ou d'un grilloir à châtaignes est gravée une sorcière chevauchant un balai pour se rendre au Sabbat.

« itankithrbelloikurtIS Les colporteurs qui circulaient de ville en villa et de maison en meison ont ate les aides precieux du savoir en un temps col la lecture 6tait reserves d une elite, surtout dans les classes paysan- nes ; les Byres quits vendeient (*talent des calendriers avec des horoscopes it des conseils pour is culture.

Le Ilvre de colportage a 6t6, per as diffusion, au depart d'une conscience.

Les gouverne- ments du XIXe siècle le sentirent Bien ; Napoleon III le fit inter- dire au nom de !intelligence.

(Photo J.-L.

Charmet). et avec le developpement de nouvelles conditions socio- economiques.

Ainsi !'interdiction longtemps observee de faire la lessive apres le toucher du soleil sous peine de mauvaises rencontres surnaturelles (esprits, ani- maux fantastiques, revenants) n'a plus de raison d'être avec Ia machine I laver.

install& non plus au dehors mais a rinterieur de la maison.

La reunion silencieuse autour de la radio puis de Ia television a remplace la veillee o6, tour I tour.

chez un Ancien du village, on racontait des legendes ou des histoires de sorciers pen- dant que les hommes tressaient des paniers, que les femmes tricotaient et que les enfants ecalaient des noix.

De plus en plus d'ailleurs, chaque maison a sa television, on la regarde done chez soi au lieu d'aller chez un voisin. Le &din des traditions populaires commence en France vers 1880 avec le developpement des chemins de fer (Plan Freycinet 1884), recole laique et la scola- rite obligatoire, Ia diffusion de la presse...

Beaucoup d'usages demeurent neanmoins vivaces jusqu'ala guerre de 1914-1918.

Avec revolution de la mentalite sous l'influence des contacts exterieurs et des congas payes (1936).

l'horizon s'elargit chaque jour davantage, a fortiori 3 partir de Ia guerre de 1939.

Enfin des pra- tiques se transforment : Ia Ete des Mares remplace. dans les families.

la fete de la Sainte patronne mater- nelle.

La fete des Peres, a ete creee par Ia suite. PREMIERS FOLKLORISTES PERSONNALITES Er METHODES Des le debut du XIXe siecle, des curieux s'interes- sent aux traditions populaires et s'efforcent de les re- cueillir.

On peut evoquer, A titre d'exemple, pour Ia Bretagne, de 1808 3 1836, les travaux aujourd'hui di Le Gonidec, du chanoine Mahe, de la comtesse de Morval, d'Habasque.

de Dufilhol et sur- tout le livre le mieux connu de Souvestre, Les derniers Bretons.

En 1870, Luzel publie ses contes :en 1877 est fondee la Revue Celtique. La meme armee, puisant dans toutes les provinces francaises, se tree la revue Milusine.De 1888 a 1919, parait la Revue des Traditions populaires, organe de la Societe du meme nom.

Elle est animee par Paul Se- billot qui lui donne pour objet : « Le vaste ensemble de croyances, coutumes et traditions populaires qui, depuis quelques annees, est designe sous le nom de folklore.

Sibillot et ses collegues se trouvent en contact direct, par leur profession ou leur qualite, avec les po- pulations rurales :it y a des percepteurs comme Fraysse en Maine-et-Loire.

et Le Carguet dans le Finis- tete, des medecins de campagne tels que les docteurs Pommerol dans le Puy-de-D8me, et Aubry dans les ates-du-Nord, des membres de l'enseignement pri- maire comme Lacuve, instituteur dans les Deux-Sevres. et Mme Destriche, inspectrice dans la Sarthe ; des grands proprietaires ou chatelains avec, en Anjou. Lionnel Bonnemere.

Tous voient appliquer les techni- ques caracteristiques : le petrissage du crane du nou- veau-ne pour bien l'arrondir est constate par le docteur Pommerol.

A Le Carguet, qui l'a complaisamment ren- seignee sur une amende, une jeteuse de sort du Cap-Si- zun confie les secrets de fabrication d'une puissante amulette ; a Bonnemere qui passe l'hiver I Paris et dont la femme est enceinte, une metayere angevine ex- Odle une autre amulette : deux petits tubes de mer- cure que, plus tard, pour pallier les convulsions du bet* celui-ci et sa mere porteront en sautoir. Les membres de la Societe des Traditions populaires s'ecrivent ou se rencontrent aux diners mensuels dits 4 de la Mere l'Oye II n'y a d'ordinaire qu'une dou- zaine de convives sur les quelque deux cents membres mais ils engagent des &bats interessants sur le folk- lore, ils y relatent legendes et superstitions, y chantent des chansons classiques. L'un des dtneurs, d'origine bretonne, pousse un jour la conscience jusqu'a venir en costume local.

Beaucoup d'objets exhibes I ces banquets vont au musee d'Eth- nographie du Trocadero dont I'un des conservateurs. Landrin, est membre de la Societe. Les travaux parus dans la revue correspondante sont presentes salon de grandes rubriques mithodiques : Les colporteurs qui circulaient de ville en ville et de maison en maison ont 6t6 les aides pr6cieux du savoir en un temps oll la lecture ttait r6serv6e é une élite, surtout dans lea classes paysan­ nea ; l es livres qu11a vendaient étaient des calendriers avec dea horoacopes et dea conseils pour la cuttura.

Le livre de colportage a été, par sa diffusion, au départ d'une conscience .

Laa gouverne­ ments du XIXe ol6c:le le sentirent blan : Napol6on Ill le lit Inter· dire eu nom de 11nteUigence .

(Photo J.·L.

Charmetl.

et avec le développement de nouvelles conditions socio­ économiques.

Ainsi l'interdiction longtemps observée de faire la lessive après le coucher du soleil sous peine de mauvaises rencontres surnaturelles (esprits, ani· maux fantastiques, revenants) n'a plus de raison d'être avec la machine à laver , installée non plus au dehors mais à l'intérieur de la maison.

La réunion silencieuse autour de la radio puis de la télévision a remplacé la veillée où, tour à tour, chez un Ancien du village, on racontait des légendes ou des histoires de sorciers pen · dant que les hommes tressaient des paniers, que les femmes tricotaient et que les enfants écalaient des noix.

De plus en plus d'ailleurs, chaque maison a sa télév ision, on la regarde donc chez soi au lieu d'aller chez un voisin.

Le déclin des traditions populaires commence en France vers 1880 avec le développement des chemins de fer (Plan Freycinet 1884) , l'école laïque et la scola­ rité obligatoire, la diffusion de la presse ...

Beaucoup d'usages demeurent néanmoins vivaces jusqu'à la guerre de 1914-1918.

Avec l'évolution de la mentalité sous l'influence des contacts extérieurs et des congés payés (1936), l'horizon s'élargit chaque jour davantage , a fortiori à partir de la guerre de 1939.

Enfin des pra­ .

tiques se transforment : la fête des Mères remplace, dans les familles, la fête de la Sainte patronne mater­ nelle.

La fête des Pères, a été créée par la suite.

PREMIERS FOLKLORISTES PERSONNALIT~S ET MÉTHODES Dès le début du XIXe siècle, des curieux s'intéres· sent aux traditions populaires et s'efforcent de les re­ cueillir.

On peut évoquer, à titre d'exemple, pour la Bretagne, de 1808 à 1836, les travaux aujourd'hui ou­ bliéS de· Le Gonidec, du chanoine Mahé, de la comtesse de Morval , d'Habasque , de Dufilhol et sur­ tout le livre le mieux connu de Souvestre, Les derniers Bretons.

En 1870 , Luze) publie ses contes ; en 1877 est fondée la Re vue Celtiqu e.

La même année, puisant dans toutes les provinces françaises, se crée la revue Mélusine .

De 1888 à 1919, paral't la Revu e des Traditions populaires, organe de la Société du même nom.

Elle est animée par Paul Sé­ billot qui lui donne pour objet : « Le vaste ensemble de croyances, coutumes et traditions populaires qui, depuis quelques années, est désigné sous le nom de folklore.

Sébillot et ses collègues se trouvent en contact direct, par leur profession ou leur qualité , avec les po· pulations rurales : il y a des percepteurs comme Fraysse en Maine-et -Loire, et Le Carguet dans le Finis­ tère, des médecins de campagne tels que les docteurs Pommerol dans le Puy-de-Dôme , et Aubry dans les Côtes-du-Nord, des membres de l'enseignement pri­ maire comme Lacuve, instituteur dans les Deux-Sèvres, et Mme Destriché, inspectrice dans la Sarthe ; des grands propriétaires ou châtelains avec, en Anjou , Lionne) Bonnemère .

Tous voient appliquer les techni· ques caractéristiques : le pétrissage du crâne du nou­ veau-né pour bien l'arrondir est constaté par le docteur Pommerol.

A Le Carguet, qui l'a complaisamment ren · seignée sur une amende, une jeteuse de sort du Cap-Si ­ zun confie les secrets de fabrication d'une puissante amulette ; à Bonnemère qui passe l'hiver à Paris et dont la femme est enceinte, une métayère angevine ex· pédie une autre amulette : deux petits tubes de mer­ cure que, plus tard, pour pallier les convulsions du bébé , celui-ci et sa mère porteront en sautoir.

Les membres de la Société des Traditions populaires s'écrivent ou se rencontrent aux dîners mensuels dits «de la Mère l'Oye ».

Il n'y a d'ordinaire qu'une dou­ zaine de convives sur les quelque deux cents membres mais ils engagent des débats intéressant s sur le folk· lore, ils y relatent légendes et superstitions, y chantent des chansons classiques .

L 'un des dîneurs , d'origine bretonne , pousse un jour la conscience jusqu'à venir en costume local.

Beaucoup d 'objets exhibés à ces banquets vont au musée d'Eth­ nographie du Trocad é ro dont l'un des conservateurs, Landrin , est membre de la Société .

Les travaux parus dans la revue correspondante sont présentés selon de grandes rubriques méthodiques :. »

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