Arts et Culture LE FAUVISME
Publié le 09/02/2019
Extrait du document
«
Le
fauvisme
leur pure, saturée jusqu'à devenir la parfaite
expression des sentiments paroxystiques qui le
traversent (Restaurant «La machine· à Bougival,
1905; Marty-le-Roy, 1906).
Cet excès entraîne par
fois une certaine raideur, et le procédé finit par
percer sous la créativité.
Lorsqu'il découvre
Cézanne, il connaît une courte période cubiste
avant de revenir à un art tourmenté, mais désor
mais tout en nuances sombres assez dramatiques.
Derain éprouve longtemps le besoin de se réfé
rer aux grands maîtres qui règnent dans les
musées.
En 1905, il part à Collioure avec Matisse.
Les œuvres qu'il y compose sont exposées dans
la «cage aux fauves» (Le port au Pecq; Collioure).
Il s'y montre encore dépendant du fractionne
ment, du chromatisme traditionnel et du rendu
perspectif de l'espace.
Également influencé par
Cézanne, il se tourne vers un art plus traditionnel.
Le groupe du Havre
À l'École des beaux-arts du Havre, les élèves étu
dient notamment le patrimoine impressionniste
de la région.
Parmi eux, Raoul Dufy (1877-1953)
est longtemps influencé par la douceur impres
sionniste d'Eugène Boudin et de Claude Monet,
même s'il est sensible au trait aiguisé d'Henri de
Toulouse-Lautrec.
Son fauvisme se nourrit de ces
deux sources.
La rue pavoisée (1906), dont les
cernes sombres et les couleurs franches sont
fauves, se réclame clairement de Monet.
Ami de
Dufy, Othon Friesz (1879--1949) rejoint les fauves
en 1905: il fait alors de nombreux séjours à Col
lioure ou à l'Estaque, avec Matisse et Braque.
Il
en rapporte des œuvres aux couleurs brillantes,
avant de se tourner vers une palette retenue et de
revendiquer un classicisme �� à la Cézann e>>.
En revanche, Georges Braque (1882-1963) ne
suit pas d'enseignement artistique.
Monté à Paris
en 1900, il découvre le fauvisme en 1905, grâce
aux œuvres de Matisse et de Derain.
Comme eux,
il fait l'expérience de la lumière méditerranéenne,
en séjournant à La Ciotat (1907), dont il donne des
paysages une version assourdie.
Ses recherches
sont déjà moins chromatiques que structurelles.
La
même année, après la visite de la rétrospective
Cézanne, il «invente>> le cubisme en même temps
que Picasso qu'il venait de rencontrer .
Village
......
méditerranéen
(1908).
Othon Friesz
livre là une de
ses dernières œuvres
purement fauves.
Les couleurs y sont
encore stridentes
et transposées, mais
tout un jeu de lignes
(arbres, arêtes du toit,
fenêtres, cheminées)
forment un quadrillage
serré où le motif perd
en liberté.
On sent
le peintre déjà
soucieux de construire
un espace cohérent
où le chromatisme
ne joue plus
le premier rôle.
......
Deux péniches
(1906).
Derain
fait preuve des limites
de son fauvisme:
il procède moins par
aplats que par touches
carrées et les couleurs
sont désormais
associées dans un but
harmonique et non
plus • instinctives•.
Le Yacht pavoisé ......
au Havre (1906).
Malgré une ambiance
paisible, Dufy parvient
à insuffler à son œuvre
une force profonde,
grâce à l'intensité
de l'éventail des bleus.
En marge du fauvisme
Albert Marquet (1875-1947) fait apprentissage et
débuts communs avec Matisse.
Dès 1897, leurs
paysages aux couleurs pures annoncent le fauvis
me.
Puis Marquet se soustrait à l'ambiance du
mouvement, comme en témoignent, en 1906 et
en 1907, la palette retenue, les contrastes délicats
et la souplesse graphique de ses vues de rues
parisiennes et des quais de la Seine.
Solidement formé au dessin auprès de Moreau,
Georges Rouault (1871-1958) se libère par la
suite du carcan académique pour aborder des
sujets quotidiens et plus populaires.
Les margi
naux, les humbles, les filles de petite vie devien
nent ses sujets favoris (Nu se coiffa nt, 1906), qu'il
transcrit dans une gamme dominante de bleus.
Ce choix de couleur fait de Rouault plus un expres
sionniste qu'un fauve.
C'est aussi le cas de Kees
Van Dongen (1877-1968), qui participe de ma
nière éphémère au mouvement.
Si la sensualité
de certains de ses sujets s'apparente à l'élan vital
du fauvisme, sa peinture se nourrit d'accords
chromatiques et d'une touche qui ne s'épanouit
pas jusqu'à l'aplat.
Ses portraits le rattachent plu-tôt
à l'expressionnisme allemand.
Le fauvisme a ceci d'étonnant qu'il a été bap
tisé sur le tard.
Lorsqu'en 1905, Louis Vauxcelles
qualifie les peintres utilisant des couleurs pures,
agressives pour l'œil conformiste, de «fauves>> ,
le fauvisme a déjà six ans d'existence et va dis
paraître moins de deux ans plus tard, avec l'acte
de naissance du cubisme que sont Les Dem01�
selles d'Avignon de Picasso (1907).
Certains des
fauves empruntent franchement le nouveau
courant, tels Matisse, Braque ou Vlaminck.
D'autres ne franchiront jamais la frontière qui
les en séparent, tout en restant sensible à la soli
dité formelle et linéaire qu'il propose: parmi ces
modérés, on trouve Derain, Dufy dont le colo
risme revient à celui de Van Gogh, et Friesz,
resté très sensible à la leçon de Cézanne.
Les autres se dispersent selon leur sensibilité.
La
modération fauve de Marquet le porte vers la
douceur du paysage.
Rouault, toujours téné
breux, travaille à des gravures en noir et blanc.
Camoin retourne à un impressionnisme opu
lent, qui s'explique par ses relations d'amitié
avec Renoir.
Quant à Van Dongen, il préfère un
art plus décoratif..
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