Arts et Culture LA PEINTURE CONTEMPORAINE
Publié le 06/02/2019
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La plupart des œuvres picturales réalisées durant la période 1945-1960 sont désignées sous l’appellation d’art informel, qui regroupe principalement des artistes de l’école française. Ce mouvement réunit différentes tendances de l’abstraction - la calligraphie, le tachisme, l’art brut -, qualifiant d’«informelle» l’improvisation psychique qui préside à la création picturale. Mais, à l’inverse de la démarche des artistes américains, cette abstraction n’exclut pas toute référence à la réalité; elle ne remet en cause ni l’identité des tableaux ni la tradition qui régit leur composition. L’art informel est illustré par plusieurs personnalités fortes et singulières. Les unes sont orientées vers les recherches sur la matière et les possibilités expressives produites par le recours à des matériaux hétérogènes, comme chez les Français Jean Fautrier (1898-1964), Jean Dubuffet (1901-1985) ou l’Espagnol Antonio Tàpies (né en 1923). Les autres privilégient l’esthétique du signe plastique pur, qui ne sert plus à constituer des formes et écarte toute signification évidente, comme chez les Français Hans Hartung (1904-1989), Pierre Soulages (né en 1919) ou le poète Henri Michaux (1899-1984). En marge de l’art informel, certains artistes s’expriment dans le registre abstrait tout en y incorporant références et allusions figuratives où s’exprime la présence de l’homme et de la nature : la Portugaise Maria Elena Vieira Da Silva (1908-1992), le Néerlandais Bram Van Velde (1895-1981) ou le Français Nicolas de Staël (1914-1955), par exemple.
Composition, (1935) de Hans Hartung. Son œuvre allie abstraction et spontanéité. Il trace un graphisme noir, appuyé et dynamique auquel il adjoint des couleurs primaires en taches étirées.
Ontogenèse (1975) de Jean Dubuffet.
Ce peintre s’inspira des graffitis et aussi des dessins d'enfant. Il les retravaillait afin de créer ce qu’il appelait «topographiques ” ou «texturologiques».
En France, au début des années 1960, l’essoufflement de l’art abstrait, interminablement voué à la répétition des mêmes formes, provoque une double réaction esthétique : le géométrisme de l’art cinétique et le nouveau réalisme. Appelé aussi op art (de l’anglais optical art), le cinétisme est popularisé en peinture par les œuvres du Français Victor Vasarely (1908-1997). Utilisant un répertoire restreint de formes géométriques empruntées à l’art abstrait, il introduit le mouvement, du moins sa sensation, par de simples effets optiques - jeux de couleurs et de structures, superposition de lignes et de trames - fondés sur les réactions physiologiques de la perception visuelle du spectateur.
Le nouveau réalisme, ou nouvelle approche perceptive du réel, est fondé par le Français Yves Klein (1928-1962), dont l’œuvre repose sur la monochromie bleu outremer intense. Il réunit dans une même «aventure de l’objet», des personnalités diverses -peintres (Klein), affichistes
et sculpteurs (Arman, César, Jean Tinguely Niki de Saint Phalle) -, qui détournent les produits de la société contemporaine vers un usage esthétique, transformant en œuvres poétiques les objets du quotidien le plus prosaïque.
Les métamorphoses de l’homme
Au milieu des années 1960, une nouvelle génération, en rupture d’héritage, prend en compte le réalisme allusif qui sous-tendait bon nombre de tableaux abstraits. La figuration, reléguée à l’arrière-plan par la profusion des expériences abstraites, reprend vie et reconquiert l’espace pictural: on la qualifie alors de nouvelle, de narrative, puis de libre. Si son langage n’est pas neuf, elle se distingue par son refus des compromis et des séductions faciles, par un réalisme différent nourri de questionnements et d’exigences. Grande bénéficiaire de ce renouveau figuratif: la figure humaine, principale victime du déplacement d’intérêt vers la peinture abstraite.
Mais la guerre et ses tragiques conséquences ont transformé le visage de l’homme. Analyste impitoyable de la condition humaine, l’Anglais Francis Bacon (1909-1992) le déforme, le liquéfie, le décompose jusqu’au grotesque et à l’horreur. Le Suisse Alberto Giacometti (1901-1966) réduit les visages à leurs signes essentiels : ses
Lauros-Giraudon
silhouettes décharnées et filiformes symbolisent l’isolement de l’homme. Cette traduction picturale de la condition de l’homme trouva en Jean-Paul Sartre un exégète attentif, qui l’interprétait comme l’incarnation de l’inaccessibilité des objets et des distances entre les hommes. La grâce même des fillettes de Balthus (né en 1908), qui perpétue cependant une tradition picturale héritée du xixe siècle, dégage un érotisme trouble et une froideur quasi inhumaine. L’angoisse existentielle qui irradie la représentation de la figure humaine a trouvé bien d’autres expressions picturales, comme l’objectivité inquiétante de l’Américain Edward Hopper (1882-1967) ou les personnages boursouflés du Colombien Fernando Botero (né en 1938) ou naïfs du Français Gaston Chaissac (1910-1964). Des expressions qui démontrent que la vigueur de la peinture figurative n’est pas incompatible avec l’exigence de renouvellement formel de la peinture moderne.
«
La
peinture contemporaine
péens, juifs notamment.
Réunis autour du poète
André Breton et des peintres Piet Mondrian, Max
Ernst, Joan Mir6, Fernand Léger, André Masson,
ces artistes se réfugient à New York, où ils trou
vent à la fois un marché nouveau et un foyer
intellectuel.
Les États-Unis accueillent à bras
ouverts les représentants des grandes tendances
picturales modernes: surréalisme et abstraction,
et ils s'ouvrent à leur influence.
Mise en som
meil en Europe, pendant les années de guerre,
la peinture va connaître un réveil éclatant dans
le Nouveau Monde, un réveil qui s'effectue dans
un contexte entièrement inédit: celui d'une
remise en question radicale de la vision tradition
nelle de l'art.
Cette
redéfinition des rapports de l'artiste et de
son œuvre n'était pas sans précédents.
Dès 1916,
dénonçant le pouvoir mystificateur de l'art,
le mouvement intellectuel et esthétique dada
se constitue en Europe et s'impose à l'intelligent
sia new-yorkaise.
Son chef de file est le Français
Marcel Duchamp (1887-1968).
Développant une
manière de nihilisme esthétique, Marcel
Duchamp introduit une double remise en cause:
celle du mythe de l'artiste, et celle du statut et du
sens de l'objet d'art.
Avec ses ready-made, il
entend élever à la dignité artistique de simples
objets quotidiens ''tout faits ll, extraits de leur
contexte utilitaire et transposés dans le domaine
de l'art par la seule volonté de l'artiste.
Ainsi son
fameux Fontaine (1917), un simple urinoir renver
sé, qu'il tente sans succès d'exposer au Salon des
Indépendants de New York, n'a requis aucune
intervention technique de Marcel Duchamp: la
seule apposition de la signature de l'artiste suffit,
selon lui, à le désigner à l'attention du public
comme œuvre d'art.
� Vega Pal, réalisé par Victor Vasarely
en 1969.
Ses recherches picturales
l'amenèrent à expérimenter des jeux
de structure avec des effets de grille,
de forme géométrique et de transparence.
Il déclina à l'Infini ce genre de variation en
modifiant l'échelle et les combinaisons de forme.
' Pour son Marllyn Diptych (1962),
Andy Warhol utilise la sérigraphie
pour reproduire une photo de
l'actrice extraite du film Niagara.
L'école
de New York
L'avènement des États-Unis sur la scène artistique
représente un événement majeur qui remet pro
fondément en question l'ancienne prédominan
ce de l'école de Paris.
Dans le climat intellectuel bouillonnant de
New York, nourris à la sève des grands maîtres
abstraits et surréalistes européens, les peintres
américains vont prendre la relève d'une Europe
affaiblie.
Leur influence a grandi �n proportion
du rôle prépondérant joué par les Etats-Unis dans
le monde d'aujourd'hui.
Dans les années 1940-1945 naît l'expression
nisme abstrait, premier grand style pictural
américain, fort d'une quinzaine de peintres.
Ces artistes partagent un engagement commun,
métaphysique, moral, politique mais aussi phy
sique, qui, en 1951, a valu à leur mouvement
l'appellation d'Action Pain ting (peinture
d'action ou gestuelle) : pour eux, la toile est
un «ring,, offert à l'action du peintre et seuls
doivent être pris en compte ses valeurs plas
tiques, purement formelles, et ses éléments pic
turaux.
Les peintres new-yorkais privilégient
le geste, la spontanéité créatrice, la rapidité
d'exécution et définissent aussi une nouvelle
représentation de l'espace pictural, dont ils
rejettent la notion de centre: tous les éléments
de la composition sont répartis également et
sans hiérarchie sur la surface d'un tableau
(composition al/ over, où les bords de la toile,
grand format, délimitent sans limiter pour
autant l'intervention de l'artiste).
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