Arts et Culture HENRI MATISSE
Publié le 29/01/2019
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Et tout est motif
En 1910, à Munich, Matisse visite une exposition d’art islamique qui confirme son approche de la peinture : les mêmes motifs d’arabesques couvrent choses et environnement, les objets eux-mêmes sont le décor (Nature morte, Séville). Le peintre décline ce principe dans ses portraits, où les figures sont métamorphosées par les objets qui les entourent: dans Jeannette (1908), les cheveux deviennent pétales de la fleur; dans Marguerite Raynal (1914), la femme assise sur un tabouret se confond avec le siège. Il en va de même dans ses scènes d’intérieur (1911-1912): la Famille du peintre, où les motifs décoratifs dévorent l’espace et jusqu’à la robe de Mme Matisse; et l’Atelier rouge, dont la monochromie gomme tout motif superflu. Les tableaux deviennent les motifs de leur peintre.
L’angoisse de la guerre
En 1913, Matisse voyage à Tanger. Il redécouvre la lumière et le bleu, qui envahit alors son œuvre. En témoignent Fenêtre à Tanger, Porte de la Casbah et la Conversation (1908) : cette dernière toile, originellement rouge, est recouverte de bleu, couleur d’un paradis d’autant plus perdu que la guerre s’annonce. Aussi, lorsque Matisse peint les pastorales Demoiselles à la rivière, la palette réduite révèle l’angoisse du peintre. Et les œuvres géométriques de ces années-là (la Desserte, 1915; le Peintre dans son atelier, 1916; la Leçon de musique, 1916; Intérieur au violon, 1917) tentent de conjurer la destruction du monde et la dispersion de sa
propre famille: en 1917, ses deux fils sont appelés au front. Matisse décide de s’installer à Nice.
Images de femmes
Le peintre donne alors des images de sa propre vie, habitées par des femmes: la sienne, sa fille Marguerite ou ses modèles (Les persiennes, 1919; Jeunes Filles au paravent mauresque, 1922; La robe jaune, 1930). La lumière du Midi qui illumine ces toiles sera bientôt relayée par celle de Tahiti, où il séjourne en 1931. Dans les années 1920, Matisse peint une série d’Odalisques: à la culotte rouge, 1921 ; au genou levé, 1922; aux magnolias, 1924) qui sont l’aveu de sa nostalgie du Maroc et lui permettent de dévoiler les motifs floraux de ses propres papiers peints. En contrepoint, il déploie la ronde-bosse vigoureuse du Grand nu assis (1925).
«
Henri
Matisse
comme des paysages: Mme Matisse au chapeau
et la Femme à la Raie verte.
Puis vient la Joie de
vivre (1907), réplique fauve du néo-impression
niste Luxe, calme et volupté.
Sur un vaste format
qui montre l'assurance du peintre, des groupes
disparates chantent un bonheur pastoral de
façon presque agressive.
La toile annonce surtout
des motifs récurrents dans l'œuvre de Matisse (la
danse, la musique, la pose hanchée des nus) et
dans celle de ses contemporains (Picasso, les
Demoiselles d'Avignon, 1907).
Des arts à la décoration
Puis Matisse devient sculpteur et céramiste.
Il
transpose ses œuvres picturales dans la sculp
ture: le Nu couché 1 est l'équivalent du Nu bleu
(1907).
Ses œuvres peintes se faisant de plus en
plus frontales, la sculpture lui permet de conser
ver par ailleurs leur existence spatiale.
Le même
dessin, qu'il a appris dans une école d'arts déco
ratifs, le ramène tout naturellement à la céra
mique, utilitaire (vaisselle) et décorative Cfrip-
' La Tri ste ss e du Roi (1952).
L'abstraction des
motifs n'est qu'une Illusion.
Matisse réalise
une mise en scène et fait appel à l'Imagination
du spectateur pour en reconstitution le sens.
.......
La Figure
décorative sur
fond ornemental
(1925-1926) clôt la
série des odalisques
en de muitlples poses.
Ces silhouettes
féminines marquent,
chez Matisse, le retour
à des formes
conventionnelles après
les expériementatlons
des années 1910.
Séduit par la .....
lumière du Sud,
Matisse (photographié
ici en 1947) marque
cette prédilection en
s'Installant à Nice,
qu'il ne quittera
pratiquement plus.
Il y
persévère dans ses
recherches d'une ligne
toujours plus épurée,
vivifiée par une couleur
qui ne cesse de
s'Intensifier.
tyque Osthaus).
Bientôt, la peinture devient un
art décoratif.
Ainsi en est-il de la Desserte rouge et
des deux panneaux conçus comme des pen
dants mobiliers qu'il réalise sur commande en
1909-1910 pour un collectionneur: la Danse et la
Musique.
Sur un même fond vert et bleu, les
figures mouvantes, aériennes, rosées et féminines
du premier répondent aux hommes rougeâtres,
assis, recroquevillés du second.
Et tout est motif
En 1910, à Munich, Matisse visite une exposition
d'art islamique qui confirme son approche de la
peinture: les mêmes motifs d'arabesques cou
vrent choses et environnement, les objets eux
mêmes sont le décor (Nature morte, Séville).
Le
peintre décline ce principe dans ses portraits, où
les figures sont métamorphosées par les objets
qui les entourent: dans Jeannette (1908), les
cheveux deviennent pétales de la fleur; dans
Marguerite Raynal (1914), la femme assise sur un
tabouret se confond avec le siège.
Il en va de
même dans ses scènes d'intérieur (1911-1912):
la Famille du peintre, où les motifs décoratifs
dévorent l'espace et jusqu'à la robe de Mme
Matisse; et l'Atelier rouge, dont la monochromie
gomme tout motif superflu.
Les tableaux devien
nent les motifs de leur peintre.
L'angoisse de la guerre
En 1913, Matisse voyage à Tanger.
Il redécouvre la
lumière et le bleu, qui envahit alors son œuvre.
En
témoignent Fenêtre à Tanger, Fbrte de la Casbah et
la Conversation (1908): cette dernière toile, origi
nellement rouge, est recouverte de bleu, couleur
d'un paradis d'autant plus perdu que la guerre
s'annonce.
Aussi, lorsque Matisse peint les pasto
rales Demoiselles à la rivière, la palette réduite
révèle l'angoisse du peintre.
Et les œuvres géomé
triques de ces années-là (la Desserte, 1915; le
Peintre dans son atelier, 1916; la Leçon de musique,
1916; Intérieur au violon, 1917) tentent de conjurer
la destruction du monde et la dispersion de sa propre
famille: en 1917, ses deux fils sont appelés
au front.
Matisse décide de s'installer à Nice.
Images de femmes
Le peintre donne alors des images de sa propre
vie, habitées par des femmes: la sienne, sa fille
Marguerite ou ses modèles (Les persiennes, 1919;
Jeunes Filles au paravent mauresque, 1922; La
robe jaune, 1930).
La lumière du Midi qui illumi
ne ces toiles sera bientôt relayée par celle de
Tahiti, où il séjourne en 1931.
Dans les années
1920, Matisse peint une série d'Odalisques: à la
culotte rouge, 1921; au genou levé, 1922; aux
magnolias, 1924) qui sont l'aveu de sa nostalgie
du Maroc et lui permettent de dévoiler les motifs
floraux de ses propres papiers peints.
En contre
point, il déploie la ronde-bosse vigoureuse du
Grand nu assis (1925).
!.:entre-deux-guerres est aussi une période de
commandes importantes: les décors d'un ballet,
le Rossignol, demandés par Igor Stravinsky et
Serge de Diaghilev (1920), et surtout La danse
Merion pour la Fondation Barn es de Philadelphie
(1931-1933).
La peinture architecturale
Dans La danse Merion, l'œuvre de Matisse donne
une impulsion monumentale, que le peintre
développera jusqu'à sa mort en 1954 à Nice.
La tendance est à l'ampleur des figures: Grand
nu rose (1935), Grande Robe bleue (1937).
De 1948 à 1951, Matisse se consacre au chantier
de la chapelle des Dominicaines de Vence, où il
conçoit l'architecture, la décoration et jusqu'au
mobilier.
Les papiers gouachés et découpés lui
apportent conjointement la simplification for
melle, l'exigence décorative et la soumission de
la figure au motif.
Dans ces œuvres magistrales (La tristesse du
roi, 1952), d'une abstraction et d'une poésie déli
cates (La gerbe, 1953), il trouve l'accord tant
cherché entre la netteté du dessin, l'intensité de
la couleur et la limpidité de la forme..
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