Architecture française : un moment de bascule

Ainsi la France de l’architecture est-elle paralysée dans la nostalgie d’une gloire aussi récente que vite passée. Ce pessimisme peut paraître forcé. Mais il est confirmé en regard de ce qui se produit chez nos voisins d’Europe, et particulièrement dans les pays où se renouvellent, avec leurs pratiques, les propositions des architectes. Car ce qui est en jeu est bien le service que propose une profession. Habitués à l’État colbertiste, héritiers d’une tradition d’autorité, les architectes français attendent des pouvoirs publics le renouvellement de la reconnaissance de leur art et de leur métier. Ils invoquent une commande qui s’est elle-même retirée. Faute d’avoir su ou pu répondre avec pertinence aux maux d’une société urbaine qui se délite et se fragmente, ils mettent encore en avant leur ancienne capacité à savoir répondre aux vœux du Prince

Situation paradoxale : alors que l'architecture française avait réussi à sortir du discrédit dans lequel Pavaient jetée les décennies de la reconstruction, la voici tombée dans la confidentialité. Au grand dam de ses protagonistes, elle n’intéresse plus guère, sinon lorsqu’elle donne l’occasion de saluer quelque événement auquel elle prête communication. Marginalisée, la profession invoque une autorité disparue et se soucie peu de se réinventer un rôle et une compétence sociale.

Le risque est grand de voir l’architecture finir au musée qu’elle appelle elle-même de ses vœux.