ANTONELLO DE MESSINE

« à Palerme et à Messine.

Selon les uns, il serait mort à Palerme en 1479, selon d'autres à Venise en 1493· Son succès à Venise fut tout de suite très grand.

Les commandes affluèrent rapidement.

Antonello, jugeant inutile de garder pour lui son secret, le fit connaître non seulement à Gio­ vanni Bellini et à son frère, mais à bien d'autres encore et c'est ainsi qu'à Venise d'abord, puis peu à peu dans toute l'Italie, se répandit une nouvelle manière de peindre, recherchée depuis longtemps.

Outre l'étroite amitié qui le liait aux Bellini et d'autres peintres de Venise, le Messi­ nien fut en contact étroit avec des artistes de son île, dont quelques-uns, notamment Giovanni Borghèse, Pino da Messina et Solvo d'Antonio furent ses disciples.

Les chroniques et les histoires des peintres contemporains nous apprennent qu'Antonello exécuta, dès son retour de Bruges, un nombre considérable de tableaux et de décorations pour l'Etat, pour les églises et pour les particuliers.

Il est assez curieux de voir combien peu de ses œuvres nous ont été conservées.

La figure d'Antonello est curieuse et intéressante: elle est faite, comme sa peinture, de con­ trastes et de mélanges.

C'était à la fois un homme qu'attiraient les plaisirs, et c'est pourquoi il se fixa à Venise, et un travailleur acharné, méticuleux et persévérant.

Durant toute sa vie il chercha à parfaire son art et jusque dans ses dernières œuvres on sent un progrès continuel.

L'influence des Flamands sur la peinture d'Antonello fut avant tout technique.

Il a certes peint à la manière flamande juste après son retour de Bruges, mais son grand mérite est d'avoir su mêler à la finesse et à la douceur de la peinture italienne les couleurs plus vives et les contrastes plus marqués de l'école du Nord pour créer un art alors nouveau, mais combien imité par la suite.

C'est lui qui a trouvé la formule que recherchaient déjà Vénitiens et Flamands, qu'enrichissaient de constants voyages et des contacts de plus en plus suivis.

Parmi les œuvres d'Antonello encore fortement influencées par van Eyck, on peut citer le Calvaire au Musée d'Anvers et le Jeune homme au bonnet noir au Musée de Berlin.

Ces deux toiles sont encore empreintes d'une certaine rudesse qui ne se retrouve plus dans le Condottiere du Louvre et qui disparaîtra complètement dans ses dernières œuvres.

Au contact des Bellini surtout, Antonello redeviendra de plus en plus italien dans sa manière de peindre.

Les compositions religieuses d'Antonio di Salvatore d'Antonello sont loin d'être de la classe du Calvaire d'Anvers.

C'était un genre qui convenait en somme peu à son tempérament.

Il savait mieux saisir la personnalité d'un homme dont il rendait tout le caractère dans ses portraits si subtils et si poussés.

Le Condottiere du Louvre tire son nom, de création moderne, de sa morgue, de son audace et en même temps de sa noble brutalité, tandis que le Portrait d'homme de Turin, de cet homme au magnifique vêtement rouge, impose le respect par sa dignité, sa finesse et aussi peut-être par sa froideur.

Considéré par les uns comme le grand initiateur de la technique et du style flamands aux Vénitiens, mis au second rang par les autres, Antonello de Messine n'en reste pas moins le type du peintre italien du XVe siècle marqué d'une forte personnalité et qui sut tirer parti des échanges internationaux chaque jour grandissants.

« StJint ]érônu.

» ( .Natùma/ Gallery, Londres.) PIERRE BOUFFARD Directeur du Musée d'Art et d'Histoire Genève 81. »