Analyse VAN EYCK, Jan : Giovanni Arnolfini et sa femme et DALI, Salvador : Apparition d’un visage et d’un compotier sur une plage
Publié le 18/12/2015
Extrait du document
«
DALI, Salvador : Apparition d’un visage et d’un compotier sur une plage.
1938.
Hartford U.S.A,
Wadsworth Atheneum Museum of Art.
Cette oeuvre surréaliste de Salvador Dali est une parmi tant d’autres du même type.
Le
Surréalisme cherche à affranchir l’Homme des forces qui l’oppriment tel que la religion, la
politique, les institutions littéraires ou tout autre concept contraignant.
L’illusion d’optique de
cette toile démontre bien ce but.
De plus, on y cherche à démontrer la « toute puissance du rêve et
de l’inconscient ».
Avec l’avènement de la psychanalyse de Sigmund Freud, l’inconscient et les
liens entre l’Art et le monde idyllique s’entremêlent très souvent.
Plus ou moins en réaction au
Dada, le Surréalisme cherche à imbriquer des éléments ensemble pour leur donner un sens.
Le
concept de double image est connu depuis la Renaissance, mais n’avait été autant exploité que par
Dali.
Malgré les formes et les images qui se fondent les unes dans les autres, toutes les images,
prisent individuellement sont très réalistes.
Par exemple, la forme du nez, de la bouche et du
menton du visage, au milieu de la toile, est une femme de dos assise sur le sable.
Nous nous servons de plusieurs éléments réalistes pour créer un tout qui va au delà du réel.
Les
lignes se fondent les unes dans les autres, ce qui crée un effet de continuité dans les images.
De
grandes formes en contiennent de plus petites qui à leur tour se fragmentent en nouvelles images.
À première vue, un chien semble traverser l’espace du tableau, mais cette vision se
métamorphose ensuite en une infinité de nouvelles séquences : la tête devient une colline, le
corps, une coupe de fruits.
Ces éléments se décomposent en un visage, une femme assise.
Toutes
ces images donnent l’impression d’être peintes dans le principe des poupées russes, où chaque
élément en cache un plus petit, et ce, jusqu’à ce que l’élément soit trop petit pour en dissimuler un
autre.
Salvador Dali se sert d’une technique inconnue jusqu’alors du nom de «
paranoïaque-critique », qui est décrit comme une « méthode spontanée de connaissance
irrationnelle basée sur l’association interprétative-critique des phénomènes délirants ».
Bien sûr, ces deux œuvres, bien qu’elles proviennent de deux époques bien distinctes, ont
quelques ressemblances : le support est une toile, la peinture est à l’huile, les coups de pinceaux
ne sont pas évidents à détecter et il y a plusieurs éléments symboliques dans les deux images.
Le
chien sur la toile de van Eyck signifie la loyauté et la fidélité des deux époux l’un envers l’autre
et envers l’Église, alors que le mouvement surréaliste cherchait à s’affranchir de toutes structures
contraignantes, donc l’Église.
Ce qui n’empêchait pas Dali d’y insérer certains éléments
symboliques tel qu’une corde coupée qui représente la liberté, des corps humains nus,
représentant la pauvreté et une forme qui pourrait s’apparenter à un sablier, désignant le temps
qui passe.
Les deux peintres ont étés des pionniers dans leur style respectif.
Van Eyck fut l’un des
premiers à signer et se représenter dans une toile, ce que Dali a fait à plusieurs reprises.
Dali a
poussé la double-image à un niveau jamais atteint auparavant.
Bien qu’ils aient vécus à des
époques si éloignées, Salvador Dali et Jan van Eyck se ressemblaient beaucoup, non seulement
par leurs œuvres, mais aussi par leurs cheminements professionnels.
Les deux ont touché à
plusieurs formes d’art.
Que se soit la sculpture, l’architecture, dans le cas de Dali, la publicité et
la photographie, les deux hommes étaient des touche-à-tout qui ont, à leur façon respective,
changé le visage de l’Art visuel.
Pourtant, les différences sont frappantes.
La laïcité de l’une
vis-à-vis la représentation de la foi et de l’Église de l’autre sont évidentes.
Mais les couleurs
sombres dans la toile de van Eyck rendent la scène plus réelle alors que celles sur la toile de Dali
ont un rendu tout à fait contraire.
Les lignes qui se fondent dans Apparition d’un visage et d’un
compotier sur une plage rapportent à l’imaginaire et le chaos organisé de l’ensemble alors que
dans l’oeuvre Giovanni Arnolfini et sa femme, bien que la technique laisse à désirer pour donner
un rendu réaliste, exprime bien la réalité de la situation vécue par les sujets de la toile de van
Eyck..
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