Amérique latine et Musique
Publié le 10/11/2018
Extrait du document
UN PUZZLE MUSICAL
L'Amérique latine est le creuset d'une des musiques populaires les plus riches du monde, qui a marqué le paysage musical du xxe siècle : la musique hispano-américaine. Celle-ci comprend des styles divers, instrumentaux ou chantés, pratiqués dans les pays de langue espagnole ou portugaise. Depuis l'époque de la conquête espagnole, tandis que les franciscains et les jésuites s'efforcent d'évangéliser les esclaves et les indigènes en leur enseignant des chants chrétiens, elle s'est construite en réunissant de multiples apports, parfois antagonistes, de l'Europe, de l'Afrique et des civilisations précolombiennes.
UN BRASSAGE CULTUREL
L'INFLUENCE DE L'AfRIQUE
• Aux membres des classes défavorisées, la musique et la danse, qui sont des formes d'expression privilégiées, notamment dans les sociétés noires, offrent un exutoire à la difficulté de leur condition et une manière d'affirmer leur identité.
• Les musiques africaines se caractérisent par les chants avec appels et réponses, les polyrythmies (superposition de rythmes), les répétitions de motifs musicaux, les syncopes, l'utilisation du falsetto (voix de fausset) et l'improvisation à partir de brefs thèmes musicaux. Les instruments sont surtout à percussion.
• On les retrouve dans la musique hispano-américaine, déclinés sous forme de claves (instruments composés de deux cylindres de bois que l'on entrechoque), de congas (tambours), de maracas (instruments formés de deux petites gourdes en bois contenant des petits cailloux), de chékérés (calebasses recouvertes d'un filet garni de percuteurs externes, graines ou perles), les marimbulas (instruments à lames de métal fixées sur une boite servant de résonateur). À ces instruments s'ajoutent le tambour de basse, le violon, la guitare et le piano des Européens.
«
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• Créé en 1953 par le violoniste cubain
Enrique Jorrin dans une chanson à
succès, la Enganadora, le cha cha cha
combine deux rythmes cubains :
le danzon et le montuno.
• Il doit son nom aux trois battements
rapprochés de bongo et au bruit des
trois glissements de pieds sur le sol
auquel ceux-ci
donnent lieu
lors de la
danse qui
l'accompagne :
« cha cha
cha », abrégé
par la suite
en « cha cha ».
la musique
comme la danse se diffusent très vite
du continent américain vers l'Europe.
• Un autre succès mondial suivra,
El Bodeguero, composé par le flûtiste
LECONJUNTO Richard
Egües
pour I'Orquesta
Aragon.
Perez
Prado, Tito
Puente ou
Harry Belafonte
participent
à la diffusion
du cha-cha
dans le monde.
• Le conjunto -dit aussi « musica
nortena » -est la musique de danse
des "nortenos "· les travailleurs
frontaliers du nord du Mexique.
• Il est joué par un accordéon
diatonique, une guitare à douze cordes,
une basse électrique et des percussions.
• Le conjunto connaît une grande vogue
dans l'immédiat après-guerre (1946-
1960), surtout au Texas, grâce à Narciso
Martinez, Valerio longoria, Tony de
la Rosa, Paulino Bernai, Ramon Ayala,
Flaco Jiménez et Esteban Jordan.
• Le danzon est une musique de danse
à figures cubaine issue de la danza,
elle-même inspirée par la contredanse
européenne mêlée aux rythmes africains.
• Rythmé par le guiro (calebasse évidée
et striée, frottée par une baguette), le
danzon est joué par un orchestre, le
charanga, composé de violons, de flûtes,
d'un piano et de pailas (petites cymbales).
• Les compositeurs américains George
Gershwin et Leonard Bernstein ont intégré
le danzon dans leurs œuvres.
l'orchestre
de bal du pianiste Antonio Maria Romeu
est la grande formation du danzon.
• Né à Cuba, le mambo -un mot
d'origine bantoue qui signifie « chœur »
ou « berceuse >> - est une musique de
danse qui s'est développée à New York,
inspirée par les grands orchestres de jazz.
•
En 1937, le violoncelliste Orestes l6pez
et son frère le contrebassiste Israel
« Cachao », tous deux influencés par
le jazz de Stan Kenton et Dizzy Gillespie,
incorporent à leur orchestre de danzon
des saxophones, des trompettes, un
piano, une basse, des maracas, des
congas et des timbales.
Ils composent
un morceau baptisé Mambo, emblème
du « nouveau rythme » du danzon.
• Emballé
par ce rythme,
le pianiste
lhimasol'énz
Prado, qui
ne rencontre
pas le succès
à Cuba, s'exile
au Mexique et
r--..l• aux États-Unis
où il popularise le mambo en 1947
avec le titre Qué rico el mambo.
On
le surnommera « le roi du mambo ».
• La vogue du mambo en Europe
et aux États-Unis durera jusqu'à
l'arrivée du cha cha cha.
• la lutte entre les orchestres de
Tito Pu ente et Tito Rodriguez pour
ravir à Prado sa couronne durera
jusque dans les années 1960, l'un et
l'autre rivalisant avec des arrangements
de plus en plus complexes et audacieux.
• Proche du mambo et du cha cha,
le merengue est une musique vocale
et dansée de la République dominicaine,
popularisée dans les années 1970
à la suite du succès du disco.
• Son origine remonte toutefois à la
première moitié du XIX' siècle, époque
où cette musique afro-américaine s'était
imposée dans les salons et les rues.
• Dans les campagnes, les orchestres
utilisent un bandonéon, un guiro, un
tambora (tambour) et une marimbula.
En ville, ils font un large usage des
clarinettes.
• Le merengue populaire revêt des
formes variées : il se joue avec des
saxophones, guitares, banjos, batteries
congas et percussions métalliques.
• Angel Vi loria, Johnny Ventu ra,
Juan Luis Gu erra et Wilfrido Vargas
sont les grandes figures du genre
dans sa forme moderne.
• La rumba naît à la Havane au milieu
des années 1800.
Dérivé de l'espagnol
rumba -« en route >> -, le mot désigne
les fêtes nocturnes où l'on se rassemble
pour chanter et danser.
• C'est une musique faite de chants
en appels-réponses accompagnés
de percussions dont le rythme
va en s'accélérant.
• Aujourd'hui, la rumba se joue avec
des pianos, des congas et des maracas.
Elle commence par un long solo vocal,
sur un sujet d'actualité ou personnel.
• Il existe trois formes de rumbas.
La columbia, rurale, est la plus ancienne.
Ses textes parlent surtout du travail
dans les plantations.
C'est une danse
d'hommes au rythme rapide où chacun
montre son habileté, aussitôt suivi par
un autre qui essaiera de le surpasser.
• la yambû est la forme la plus lente
de rumba.
le danseur, imitant un vieux
souffrant de rhumatismes, s'appuie
sur sa partenaire qui forme avec lui
un couple complice.
•
la guaguanc6 est la forme la plus
répandue.
la danse s'articule autour
du vacunao, rituel à signification
érotique, symbolisé par un foulard
qui tente d'entourer la danseuse,
et que celle-ci cherche à éviter
tout au long de la danse.
• Vers 1930, la rumba devient
une danse de salon.
• Le grand ambassadeur de la rumba reste
----• Xavier Cugat..
Au début des
années 1960,
la rumba
connaît un
regain de
succès grace
à la chanteuse
Celeste
• La salsa -la« sauce», interjection
utilisée pour encourager les orchestres
est une musique populaire d'origine
cubaine née à la fin des années 1960
dans le New York hispanique.
• Elle provient d'une « jazzification »
des orchestres cubains traditionnels,
les charangas, à base de flûtes et
de violons cubains, qui s'enrichissent
d'un piano, d'une contrebasse, de
timbales et d'une section de cuivres.
• Héritée à la fois des rythmes cubains,
cara·1bes, des grands orchestres de
swing et influencée par l'énergie de
la pop et du rhythm'n' blues, la salsa va
devenir l'une des musiques de danse
les plus populaires au monde.
• la grande figure de la salsa est la
Cubaine Celia Cruz, auprès de Tito
Pu ente, de Ray Barretto, d'Eddie
et de Charlie Palmieri, et de Machito.
• Danse née au Brésil, la samba est
devenue une musique de carnaval,
scandée par des percussions dominées
par une grosse caisse (surdo) et dansée
par de multiples écoles qui se disputent
le premier prix du camavol de Rio.
• Elle était à l'origine une danse de fertilité
d'origine angolaise où l'on se frottait le
nombril -semba signifie « nombril » en
bantou -, liée aux cultes afro-brésiliens.
·la samba éclot à la fin du XIX' siècle
dans les quartiers pauvres de Rio
de Janeiro où s'entassent les Noirs.
• C'est un mélange de polka, de maxixe
-danse de salon dérivée du lundu
bantou -et de choro -une variante du
fado portugais.
Elle est accompagnée
par un orchestre de danse comprenant, à
l'origine, une flûte, une guitare
et un cavaquinho.
Elle se caractérise
par une grande vivacité rythmique
et par une chorégraphie lascive.
• À partir de 1910, elle devient,
avec le carnaval, l'emblème culturel
de Rio, grâce notamment au flûtiste
et pianiste Sinhô, premier compositeur
de sambas à être reconnu comme tel.
· Dans les années 1920, la radio
popularise
la samba
qui pénètre
dans les salons
et connaît
le succès avec
les chanteurs
Mario Reis
ou Carmen ..
..ii iii ·�·Miranda .
• Le son est un style de musique rurale
chantée qui apparaît vers 1880 à
Santiago de Cuba, avant de conquérir
la Havane dans les années 1910
et de devenir une musique urbaine.
• C'est toujours la musique la plus en
vogue de l'ile, seiVant de base aux danses
cubaines : guaracha, changüi, sucu sucu.
• À l'origine, le son est joué par trois
musiciens : un tres (guitare à trois cordes
doubles), un bongo et un marimbula
(basse lamellophone).
Peu à peu,
les orchestres intègrent d'autres
instruments (piano, congas ...
).
• le chanteur de son évoque des petits
événements du quotidien.
le chœur
introduit un refrain que le soliste
reprend en improvisant.
• En 1927, Ignacio Piiieiro créé le
Septeto Nacional, utilisant pour la
première fois dans l'histoire du son une
trompette comme instrument principal.
• À la fin des années 1920, grâce au
Septeto Nacional ainsi qu'au Sexteto
Habanera et au Trio Matamoros,
la mode du son gagne les États-Unis
-où on l'appelle« rhumba ».
·À partir de 1967, le son s'efface
au profit de la salsa.
• En 1997, le guitariste américain
Ry Cooder reforme un groupe de
son avec des musiciens oubliés, qu'il
baptise Buena Vista Social Club.
Celui-ci remporte un succès mondial,
aidé par le film documentaire de
l'Allemand Wim Wenders en 1999.
• le tango naît vers 1870, en Argentine,
de la payada, un genre de chansons
de gauchos de la Pampa accompagnées
à la guitare.
Il se transforme traditionnelle
très sensuelle qui avait
déjà donné naissance à la habanera
et à la milonga.
·À la fin du XIX' siècle, la chorégraphie
du tango se stylise, adoptant certaines
figures caractéristiques comme
l'interruption de mouvement : les
danses en couple pratiquées jusque-là
imposaient le mouvement continu ;
or, à la différence de ces danses
traditionnelles où les couples se font
face sans que leurs corps ne se
touchent, le tango se danse joue contre
joue ; il exige donc une interruption de
mouvement lors d'un changement de
direction.
Considéré comme vulgaire,
le tango est tout d'abord une danse
de maisons closes et de bars de marins.
• Il est accompagné par des trios
-clarinette (ou flûte), violon et guitare
(ou harpe) -ou des quartettes avec
bandonéon, qui deviendra l'instrument
clé du tango.
• Au début du xx• siècle, cette danse
« lascive » conquiert le monde
- suscitant au passage les foudres
de l'Église.
Le triomphe du tango
à l'étranger réhabilite cette musique
en Argentine.
• À partir des années 1920, le tango
chanté se
• Le bandonéiste Astor Pi11zzoll11
introduit le tango dans les concerts
à partir des années 1960, suivi
par le Cuarteto Cedron.
• La trova est un genre musical cubain
pratiqué par les trovadores -les
« troubadours » -qui chantent des
habaneras, des guarijas ou des boleros
en duo ou trio dans les cafés ou les
cinémas, et donnent des sérénades.
• Sa grande figure est Sindo Garay,
auteur d'une centaine de chansons
dont La Bayamesa.
• La nueva trova est un mouvement
musical qui apparaît en 1971 et apporte
une nouvelle direction à la musique
cubaine en l'urbanisant.
Cette chanson
poétique engagée est défendue par
des artistes tels Pablo Milanes, Silvia
Rodriguez ou le duo guitare et voix
Gema Y Pavel.
Elle s'inspire de la nueva
cancion, dont le Chili est à cette époque
la terre de prédilection dans la lignée
des protest sangs américains : ses
grandes figures -Violeta Parra, Victor
Jar a, Quilapayun -se veulent aussi les
réprésentants de la musique indienne
dans un pays où la population indigène
a été réduite à une petite minorité..
»
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