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Albrecht Altdorfer : LA BATAILLE D'ALEXANDRE

Publié le 14/09/2014

Extrait du document

Alexandre et Darius

Le sujet de l'oeuvre est clairement énoncé sur le panneau qui pivote dans le ciel, au-dessus de la bataille : «Alexandre le Grand vainc le dernier Darius, après que dans les rangs des Persans 100 000 hommes de l'infanterie et plus de 10 000 cavaliers ont été tués. Le roi Darius et 1 000 cavaliers seulement purent se sauver en prenant la fuite, tandis que sa mère, son épouse et ses enfants furent faits prison­niers.« Le peintre a donc représenté un moment célèbre de l'histoire perse : la défaite du grand roi Darius III contre Alexandre le Grand, à Issos, sur la côte sud-est de l'Asie Mineure, au printemps 333. L'épisode, raconté par les auteurs antiques (Quinte-Curce, Flavius Arrien) est connu d'Altdorfer sans doute grâce au récit qu'en a fait l'histo­rien de la cour de Bavière Abensberg (Aventin) dans le premier livre de ses Chroniques bavaroises, paru trois ans avant l'exécution de la peinture. Altdorfer, en effet, décrit l'événement avec une remarquable pré­cision. Outre le chiffre des morts, rapporté dans l'inscription, et d'autres informations statistiques notées sur des étendards, le peintre a pris soin de préciser le moment 

« La Bataille d' Alexandre fait partie d 'un c ycle d e tableaux représentant les faits héroïque s des homme s et des femmes de !'Antiqu ité, com ­ mandé entre 1528 et 1540 par le duc Guillaume IV de Baviè re et son é pou se.

Peinte à l'huile s ur boi s, l'œ uvre mesure aujourd'h ui 158,4 cm de haut s ur 120 ,3 cm de large - mais elle dut être amputée de quelques centi­ mètres sur tou s les côtés à une époque indéterminée.

Elle est signée , monogramm ée A.

A.

(Albr ec ht Altdorfer ) et porte la date 1529.

Conservée d'abord dans la rési­ den ce du du c Guillaume à Munich , puis transférée dans le musée ducal dè s la fin du xv1• siècle, la Bata ille d'Alexandre fut emportée à Paris par les troupes fran çaises en 1803, puis réinstall ée dans l'Alte Pinakoth ek en 1835 .

Albrecht Altdorfer en 1529.

Les montagnes aux pics dentelés rehaussés de blanc, la mer parcourue par des bateaux et sur les flots de laquelle la lumière orangée du soleil se reflète, et encore les villes, les forêts plus près des combattants, tout cela évoque un univers infini et fourmillant de vie où la bataille qui se déroule n'est qu'un éléme nt finalement minime.

Le nombre des soldats, la minutie avec laquelle ils sont représentés, le soin que Altdorfer a apporté à peindre jusqu'aux plus petits détails - i ci un chien près de deux soldats, là, un fantassin ache­ vant un ennemi à terre, ou, dans un autre endroit, le cadavre étendu d'un cheval -, tout cela, paradoxa lement, ne donne pas plus d'importance à l'événement représenté : les minuscules animaux humains qui s'agitent sous nos yeux s'entre-tuent pr esq ue vaine­ ment.

Ils sont les acteurs d 'un drame mineur dans un théâtre où se meuvent des forces bien plus considérables.

Une lumière de cataclysme C'est dans le ciel, d'ailleurs , que se joue le vrai conflit.

Les nuages , denses au premier plan et à l'horizon, s'écartent dans la partie centra le, autou r du panneau portant l'inscription.

Cette disposition fait écho à celle des soldats dans la plaine d'lssos et, notamment, au vide autour de Darius et d'Alexandre.

De même , la pré­ sence des deux astres , la Lune et le Soleil , répond symboliquement à celle des deux géné­ raux.

Mais le combat qui se joue en haut est d'une autre envergure que la bataille terrestre : c'est le comba t de la Nuit et du Jour, celui des Ténèbres et de la Lumière.

Le bleu intense du ciel, mis en valeur par le rouge des rubans et du gland de la pancarte, n'est rompu que sur les côtés, par le croissant livide de la lune et l'incendie jaune et rouge du soleil.

Ces deux sources de lumière éclairen t de deux côtés et dans deux teintes différentes le champ de bataille : les croupes des chevaux reflètent la blancheur de la lumière lunaire , mais le soleil colore de ses rayons rasants lances , ruines et étendards , qui prennent une teinte orange.

Cette combinaison de plusieurs foyers lumi­ neux à l' intérieur d'un tableau est un trait spé­ cifique de la peinture d'Altdorfer , que l'on La Bataille d'Nexandre , Albrecht Altdorfer, 1529 (Munich , Alte Pinaleothele).

Ensembl e et (pag e de gauche ) détail.

retrouve, notamment, sur le Retable de Saint­ Florian , peint en 1511.

De telles recherc hes rap­ prochent !' œuvre de cet artiste des expériences picturales qui se produisent dans les mêmes années en Italie : la reproduction des troubles de l'atmosphère dan s la Tempête de Giorgione ou la représentation d'une fin de nuit miracu­ leuse dans la Libération de Pierre de Raphaël.. »

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