Albert MARQUET : LA FÊTE AUX SABLES-D'OLONNE
Publié le 30/06/2012
Extrait du document
On sent combien importe ici le point de vue, dans tous les sens du
terme. Notre regard coïncide avec la vision d'un peintre au balcon - à la
fois surplombante et discrètement écartée. La vision en plongée permet
une saisie panoramique de la scène, une scène qui sort du cadre d'un
tableau qu'elle laisse ouvert.
«
Commentaire de l'image --------------
Le titre signale que ce tableau prend son ancrage dans un contexte
à la fois historique et géographique.
Et pourtant, on sent d'instinct qu'il ne
saurait se ramener à cela ...
De fait, une fois inventoriés les éléments do
cumentaires
de l'œuvre, c'est au parti pris de l'artiste que nous serons
amenés à nous intéresser ; ce qui nous permettra de dégager, dans une
phase ultime, la signification plus profonde de l'œuvre.
Un reporter en prise directe sur 1 'événement
L'image présente d'abord quelques affinités avec une photo de pres
se; ou, plus exactement, elle s'affirme comme image de circonstance, qui
prétend fixer le souvenir d'un jour et d'un lieu précis.
Le décor est mis en
place avec suffisamment de netteté pour permettre d'identifier le site, à
sa configuration naturelle comme à son urbanisme et à sa végétation.
L'espace
se structure autour de la ligne oblique de la promenade du
bord
de mer, qui sépare l'univers aquatique de la terre ferme.
Par la pro
fondeur qu'elle induit, cette ligne suggère
une seconde opposition :au
fond, l'univers du travail, avec la cheminée d'usine ; au premier plan, la
fête, le loisir et la détente.
Les drapeaux qui flottent au vent le confirment.
Et ainsi vient s'ajouter à l'eau et à la terre un troisième élément :la brise
marine, qui confère un mouvement,
une sorte de palpitation, à la toile.
Les drapeaux soulignent le caractère exceptionnel de cette journée.
Les accents rouges qui parsèment l'image suggèrent à la fois le dynamis
me et l'atmosphère
de liesse.
Si le tableau irradie la gai té, cela tient
d'abord
à la luminosité qui le baigne.
Nous percevons intuitivement l'éclat
d'un soleil surplombant, signalé par les ombres portées à terre.
Gaîté
aussi du jaune, jaune du sable et jaune
de la lumière ; cette couleur est
déclinée
dans un camaïeu qui va de l'or à l'ocre, et confirme la sensibi
lité du peintre
à la nature, aux éléments, à la lumière.
Le décor est traité
avec un
sens extrême des nuances (cf.
le feuillage du premier plan), avec
une minutie exécutive qui rend, par contraste, encore plus surprenant le
traitement lapidaire des personnages.
C'est que le peintre a voulu insister sur leur multitude plus que sur
leurs particularités.
Il insiste sur l'effet de masse, comme pour mieux rap
peler qu'il s'agit d'une fête populaire.
Tous s'agglutinent autour du groupe
des silhouettes
en noir, qui défilent sur la chaussée et semblent constituer
le point d'attraction
de la scène.
Marquet évite avec le plus grand soin d'in
dividualiser ses personnages : femmes
en robes claires, hommes en tenue
204.
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