1924: Le Manifeste du surréalisme d'André Breton contre la culture « bourgeoise »
Publié le 24/03/2019
Extrait du document
«
André
Breton
à son bureau Le
Manifeste du surréalisme d'André
Breton contre la culture « bourgeoise »
André Breton appartient à une génération qui,
après 1918, ressent le besoin de se venger d'un
monde bourgeois dont les forces l'oppriment
et qui l'a engagé dans une guerre atroce au nom
de ses propres intérêts.
E ntraîné par son fondateur, le
surréalisme
veut saccager l'art,
la culture et la littérature
bourgeois, en un refus acide de
« l'incroyable stupidité des arguments
qui tendaient à légitimer notre
participation à une entreprise comme
la guerre >>, écrit André Breton.
Breton crée en 1919 avec Aragon et
Soupault la revue Littérature, organe
du mouvement dada fondé par Tristan
Tzara en 1916.
En 1924 il publie le
premier Manifeste du surréalisme et
prend la direction d'une nouvelle
revue, La Révo lution surréaliste,
événement poétique collectif avec son
cérémonial et ses manifestations
volontairement scandaleuses.
Le surréalisme consiste à fondre réel,
imaginaire et insolite.
Dès lors il met
en circulation des œuvres peu
connues : Sade, Lautréamont, Villiers
de L'Isle-Adam, Alfred Jarry et bien
d'autres, et promeut les arts mineurs
- ceux des fous comme ceux des
enfants et des primitifs.
La pensée selon Breton doit être
délivrée de toute contrainte et laisser
s'exprimer l'inconscient; le langage
est tout : exalté, libéré comme une
respiration naturelle; il ne doit pas
avoir de règles, mais laisser au
dérèglement de l'inconscient la liberté
de la pensée par tous les moyens.
Breton incite les artistes à braver les
interdits; des peintres comme Max
Ernst, Masson, Dali, Miré, Magritte,
Tanguy, Paalen, Duchamp, des sculp
teurs comme Arp, Giacometti suivent
ce libérateur qui écrit :« L'œil existe à
l'état sauvage et la pensée aussi.
>>
En politique, son appartenance au
parti communiste sera de courte
durée, de 1927 à 1935.
Il réalise que
des révolutionnaires peuvent se
montrer réactionna ires.
Dans le
prolétariat, on cultive aussi les
préjugés.
Il se sépare d'Aragon et
d'Éluard, condamne Staline et les
procès de Moscou et plus tard -en
1951 -se rapproche de la fédération
anarchiste.
Désabusé du marxisme, par
lassitude, dit-il, il reste
incorrigiblement fidèle au culte de la
liberté.
Quant à ses rapports avec le
christianisme, il en repousse «tout
dogmatisme masochiste appuyé sur
l'idée délirante du péché originel >>,ce
qui ne l'empêche pas de chercher le
Au rendez-vous des amis, tableau de Max
Ernst représentant surréalistes et dadaïstes
sacré dans la vie quotidienne et le
culte de« l'amour fou >>,donnant un
lustre poétique à la monogamie, pacte
indissoluble qui défie l'habitude et
la durée.
Son langage est somptueux,
nostalgique, exalté; sa structure de
phrases éloquente, dans la prose
comme dans la poésie.
Le foisonne
ment des images est étourdissant.
Son comportement est digne : il
refuse tous prix, toutes décorations,
toutes académies.
Ses amitiés sont
innombrables ; à Éluard lui demandant
s'il a des amis, Breton répond :« Non,
cher ami.
>>
Parmi ses œuvres maîtresses, on
citera Mont de piété (1919), Clair de
terre (1923), Nadja (1928), L'Union
libre (1931 ), Les Vases communicants
(1932),Arcanes 77(1945).11 symbolise
les forces de la révolte, l'intransi
geance contre tout ce qui entrave la
liberté.
Ses ruptures -avec Aragon,
surtout-sontdramatiques.
Dès qu'on
échappe à son influence, il rompt.
La plupart des surréalistes ont une
fois au moins rompu avec lui.
Sa vie
durant, Breton éprouve une égale
répugnance pour toute carrière, y
compris celle d'écrivain.
li est le poète
de la rupture.
Les
écrivains surréalistes
1895-1952
Paul Éluard
Fils d'un agent immobilier, le
jeune Paul-Eugène Grindel,
hospitalisé à 17 ans dans un
sanatorium, s'absorbe dans la
lecture des poètes.
Mobilisé, il
écrit des poèmes pacifistes puis
se tourne, grâce à Jean Paulhan,
vers le problème de l'expres
sion.
Il rejoint le groupe de
Litté rature, crée sa propre
revue, Proverbe.
Pour Éluard,
c'est l'écriture qui apporte le
salut et le sens.
Il s'éloigne du
surréalisme à partir de 1938.
1897-1982
Louis Aragon
Fils naturel d'un notable de la
Troisième République, le jeune
Louis Aragon est présenté à son
entourage comme étant le petit
frère de sa mère ! Cette situa
tion nourrira son imaginaire et
sa rencontre avec André Breton
en 1917 au Val-de-Grâce lui
ouvrira les portes d'un nouvel
univers de pensée.
Son adhé
sion au parti communiste en
1928 le fera rompre avec le
surréalisme .
Résistan t, il
participe en 1942 à la création
d'un hebdomadaire, Les Lettres
françaises.
Ses derniers romans,
La Semaine sainte, La Mise à
mort, Blanche ou l'oubli, restent
parmi ses œuvres maîtresses.
1897-1990
Philippe Soupault
Originaire d'une famille
bourgeoise enrichie, il dénonce
très vite le culte de l'argent et
les convenances sociales qui y
règnent.
Il se tourne d'abord
vers la poésie, puis rejoint André
Breton avec lequel il écrit en
1919 Les Champs magnétiques,
cahiers d'écriture automatique
à quatre mains, qui ouvrent la
voie à la remise en cause du
langage dans la poésie et y
instaurent un nouveau rapport
avec le réel.
Refusant d'adhérer
au parti communiste, Soupault
s'exclut lui-même du mouve
ment surréaliste en 1926.
1900-1935
René Crevel
À 14 ans, le jeune René Crevel
retrouve son père pendu.
Ce
drame va dominer sa vie jusqu'à
son suicide, en 1935.
Après avoir
fréquenté Vitrac et Tzara, il se 1924
tourne vers Breton dont il
René Crevel
adopte le culte de l'esprit et la
manière d'écrire.
Dans Mon
corps et moi, L'Esprit contre la
Raison, il expose son homo·
sexualité et s'engage dans le rêve
d'un« communisme desâmes >>.
105.
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