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Vermeer, Jan (Delft, 1632-1675)

Jan Vermeer commence à exercer l'activité d'aubergiste et il se consacre occasionnellement au commerce d'œuvres d'art. En 1653, il s'inscrit à la corporation des peintres de Delft. Sa première production révèle des influences des caravagesques d'Utrecht et de Rembrandt (L'Entremetteuse, 1656, Dresde, Gemäldegalerie ; Le Christ chez Marthe et Marie, Edimbourg, National Gallery ; Diane et les nymphes, La Haye, Mauritshuis ; Jeune Fille assoupie, New York, Metropolitan Museum). Après ces premiers essais, Vermeer parvient assez rapidement à définir les caractères originaux de son style, qui apparaissent dans certains tableaux célèbres comme la Jeune Femme lisant une lettre (Dresde, Gemäldegalerie), La Leçon de musique (New York, Frick Collection), la Laitière (Amsterdam, Rijksmuseum), la Jeune Femme en bleu lisant une lettre (Amsterdam, Rijksmuseum), La Dentellière (Paris, Louvre).
Surnommé "le peintre de la vie silencieuse des choses", Vermeer adopte un langage clair et essentiel grâce auquel il fournit des descriptions minutieuses et nettes de la réalité, aussi bien des personnes que des objets. C'est essentiellement un peintre d'intérieurs : ses tableaux représentent presque tous des personnages féminins insérés dans un contexte domestique, et absorbés dans un travail ou dans la lecture. La lumière se répand dans les pièces par un jeu de reflets, d'éclats et de pénombre, créant une atmosphère ouatée et une impression d'attente, de suspension du temps. La même atmosphère domine dans les vues extérieures : Ruelle (Amsterdam, Rijksmuseum) et Vue de Delft (La Haye, Mauritshuis) : les œuvres de sa phase tardive sont caractérisées par un agencement plus complexe de la composition et par des effets de lumière et de couleur plus contrastés. Elles contiennent également des allusions allégoriques : La leçon de peinture (Vienne, Kunsthistorisches Museum), Le Géographe (Francfort, Städelsches Kunstinstitut) et L'Astronome (1668, Paris, Louvre). L'œuvre de Vermeer, longtemps ignoré, fut réévalué par les représentants du réalisme français du milieu du XXe siècle et par des critiques et écrivains comme Théophile Gautier, les frères Goncourt et Marcel Proust.



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La peinture de Vermeer est liée au courant naturaliste qui se répandit en Europe au XVIIe siècle, même si son œuvre constitue une extraordinaire exception. Le peintre privilégie la représentation d'intérieurs décrits avec un réalisme impressionnant. En outre, il possède une sensibilité toute particulière pour la représentation de la lumière naturelle. Vermeer peint l'humanité sous toutes ses formes, travaillant dans les villes marchandes des Flandres. Mais, plus que des scènes de genre, il faut interpréter ses tableaux comme des allégories qui sous-tendent des significations morales et religieuses. Cet artiste créa une technique picturale extraordinaire après avoir réalisé de nouvelles expérimentations alchimiques. Il était aussi au courant des plus grandes découvertes scientifiques de son époque et utilisa la chambre noire pour réaliser certaines œuvres.

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Ce tableau de petites dimensions, mais particulièrement intense, est une des rares œuvres du peintre hollandais Jan Vermeer, artiste qui exerça son activité presque exclusivement dans sa ville natale, Delft.

On peut rapprocher la peinture de Vermeer, unique par les résultats extraordinaires qu'elle atteint grâce à une connaissance approfondie de l'optique et de la technique picturale, des intérêts d'ordre naturaliste qui s'affirment en Europe au XVIIe siècle.

Les peintures de Vermeer, souvent de petit format, représentent des intérieurs et des scènes de la vie quotidienne : les épisodes représentés se voient toutefois marqués par des valeurs invitant à la contemplation et à la transcendance, grâce à une utilisation exceptionnelle de la lumière.

Les œuvres de l'artiste de Delft furent évaluées à des prix exorbitants dès l'époque de leur exécution, même si la vie de Vermeer s'acheva dans la gêne.

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Le tableau représente une femme occupée à faire de la dentelle, symbole d'une des vertus domestiques, le travail.

L'image très rapprochée donne à l'attitude de la jeune femme, penchée sur son travail, une vraisemblance et une intensité extraordinaires.

Tandis que d'une main elle pique les épingles, de l'autre elle enfile et tire les fils avec adresse.

Autour d'elle, des objets d'usage quotidien connotent la maison bourgeoise. Sur le guéridon du premier plan, couvert d'une lourde étoffe décorée, repose un coussin d'où sortent des écheveaux de fils entremêlés.

Un peu plus loin est posé un petit livre, probablement un livre de prières, comme il en circulait beaucoup dans la société hollandaise de l'époque.

La lumière joue un rôle très important : elle éclaire le visage concentré de la femme, dont la robe jaune clair ressort par rapport à la tache sombre des objets du premier plan et au fond neutre.

L'impression de luminosité est obtenue par l'application de glacis successifs, qui permettent à l'artiste d'atteindre à une incroyable délicatesse de coloris.

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Probablement, pour réaliser cette œuvre, Vermeer a utilisé la chambre noire, appareil qui permettait de reproduire sur une surface l'image de la source qui reflétait les rayons lumineux.

Grâce à cet appareil optique, le peintre représente l'image de la jeune femme avec netteté, tandis que les objets au premier plan : les écheveaux de fils sortant du coussin, le livre, le gland du coussin, sont légèrement estompés, car plus proches de nous par rapport au foyer de l'image.

La table située au premier plan crée une barrière entre le spectateur et la femme.

La dentellière est assise en biais par rapport à la surface du tableau. Sa position en retrait est également marquée par la boucle souple de cheveux qui se détache sur le fond gris.

La ligne ondulée de la boucle contraste avec les fils tendus utilisés pour la broderie.

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La représentation de tranches de vie était très commune dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle, et correspondait au goût de la riche classe bourgeoise qui se retrouvait elle-même dans ces tableaux, entourée de son monde familier.

De nombreux peintres contemporains de Vermeer, parmi lesquels rappelons Pieter de Hooch, traitèrent des sujets analogues. Probablement ces tableaux étaient porteurs de valeurs symboliques que nous ne sommes plus en mesure de déchiffrer.

La production de Vermeer couvrit presque exclusivement ce type de sujet, à l'exception de représentations sporadiques de vues urbaines.

Le monde hollandais si plein de vie est excellemment traduit dans des tableaux comme le Géographe ou l'Astronome, dans lesquels le peintre démontre sa grande maîtrise des règles de la perspective.

Vermeer eut une très grande influence sur de nombreux peintres flamands, qui reprirent, en les variant, les sujets favoris de ce maître.

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