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Umberto Boccioni


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Elève de la Libera Scuola di Nudo de Rome à partir de 1899, Umberto Boccioni fréquenta en même temps l’atelier d’Umberto Balla, artiste qui stimula l’intérêt du jeune peintre pour la peinture française et le divisionnisme, ainsi que pour le symbolisme de Giulio Aristide Sartorio. Supportant mal le climat culturel italien étriqué, Boccioni effectua en 1906 un voyage en Europe qui le conduisit à Paris, en Russie et à Vienne. Rentré en Italie, l’artiste s’installa à Milan, ville animée et en pleine effervescence, où il travailla comme illustrateur pour plusieurs revues. Sensible aux problématiques de l’espace et de la luminosité, le peintre semble intéressé à raconter la société industrielle et à enquêter sur les états d’âme et sur la psychologie des personnages dont il peint les portraits, parmi lesquels ressortent notamment son Autoportrait de 1908 (Pinacothèque de Brera, Milan) et le Portrait de la mère (1907, Galleria d’Arte Moderna, Milan). Sa rencontre avec Filippo Tommaso Marinetti, en 1909, fut fondamentale puisqu’elle détermina son adhésion au futurisme ; Boccioni compta ainsi parmi les signataires du Manifeste de la peinture et de la sculpture. Contre le passé, Boccioni exalte le progrès, la technologie, la vitesse, la cité industrielle : autant de thèmes qui apparaissent dans la peinture de La Ville qui monte, de 1910 (Museum of Modern Art, New York). L’artiste approfondit les problématiques d’espace en travaillant sur l’interpénétration des plans et sur le dynamisme des figures, recherches qui se traduisent par des œuvres telles que Le Rire (Museum of Modern Art, New York) et le triptyque des états d’âme (Galleria d’Arte Moderna, Milan). En même temps, le maître se consacre à la sculpture, réalisant en 1913 les Formes uniques dans la continuité de l’espace (Galleria d’Arte Moderna, Milan). Boccioni alterne l’activité artistique et l’activité théorique qui le conduit à rédiger le Manifeste technique de la sculpture futuriste, publié en 1912. Appelé sous les drapeaux, le peintre meurt prématurément à Vérone en 1916.

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La peinture d’Umberto Boccioni figure parmi les plus représentatives de la peinture italienne du début du XXème siècle. L’artiste commence à peindre sous l’influence du courant symboliste et du divisionnisme, langage formel qui caractérise ses premières œuvres. Ses travaux initiaux représentent surtout des paysages, souvent peints en plein air, en compagnie de son ami Gino Severini. Après un voyage en Europe, en 1906, la peinture de Boccioni se fait plus attentive à la lumière et à l’introspection psychologique qui trahit un rapprochement du maître de la peinture de Gaetano Previati et qui le conduit à reproduire des portraits et des scènes de la réalité.
Les œuvres de sa période futuriste sont caractérisées par le dynamisme, principe de la vie ; par conséquent les choses et les gens s’amalgament en une vision simultanée de moments et d’événements qui se sont succédés dans le temps. Les figures pénètrent les unes dans les autres, considérées à partir de points de vue différents, en mouvements tourbillonnants. Ses dernières œuvres sont marquées par un apaisement du dynamisme en faveur d’une plasticité plus développée et stimulée par la connaissance de la peinture de Cézanne et de la sculpture cubiste.

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Cet autoportrait fut peint par Umberto Boccioni en 1908. C’est une œuvre encore exécutée selon la technique picturale utilisée par les maîtres du divisionnisme, manière qui caractérise les premières œuvres réalisées par Boccioni. Cette œuvre, dont le peintre se déclare mécontent dans les pages de son journal, précède de peu l’adhésion de Boccioni au Futurisme, mouvement dont il sera un des animateurs. L’œuvre est signée et datée. 

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Contrairement à la plupart des autoportraits réalisés en atelier, Umberto Boccioni s’est représenté dans un décor de périphérie urbaine, anticipant ainsi un des sujets préférés du Futurisme.

L’hiver, suggéré par les vêtements pesants de l’homme, est également évoqué par la lumière claire dans laquelle baignent les rues et les bâtiments.

L’image du peintre se détache au premier plan, et notre attention est attirée par son visage très typé et son regard très intense.

Suivant le procédé technique typique des peintres divisionnistes, la couleur est appliquée par petites touches de tonalités différentes qui définissent les formes et les figures.

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La composition est asymétrique. En effet, pour mettre en évidence la toile de fond, le personnage n’est pas placé au centre, mais légèrement décalé sur la droite.

Le mur de couleur claire qui délimite la toile sur la droite sert davantage à donner luminosité et relief à la figure humaine qu’à définir l’espace.

La grande distance qui sépare le sujet représenté des édifices à l’arrière-plan est rendue par la disproportion des dimensions.

Les édifices sont agencés en fonction d’une vision en perspective.

On voit clairement que la lumière provient de la gauche, d’où elle projette les ombres tranchées des immeubles.

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La technique picturale choisie par Umberto Boccioni, à base de très petites touches de couleurs juxtaposées, est partagée par d’autres artistes italiens tels que Giovanni Segantini et Gaetano Previati qui, à cheval entre XIXe et XXe siècle, donnèrent naissance au divisionnisme.

Il s’agit d’expériences optiques menées au cours des mêmes années en France par Georges Seurat et d’autres peintres du post-impressionnisme.

L’intérêt de Boccioni pour la réalité industrielle des villes, partagé quelques années plus tard par Carlo Carrà et Mario Sironi, semble plutôt innovateur.

Le voyage que Boccioni effectue à Paris en 1911 l’amènera à se rapprocher du cubisme et à remplacer progressivement la décomposition des couleurs propre au divisionnisme par le découpage des formes qui caractérise les travaux du mouvement futuriste. 

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