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Titien, Tiziano Vecellio, dit le (Pieve di Cadore, vers 1490 - Venise, 1576)



L'éducation artistique de Titien commence à Venise, dans le cercle de Giovanni Bellini, mais à dix-huit ans il passe à l'école de Giorgione, dont il partage la tonalité et le monde poétique. En 1508, il collabore avec lui à la décoration du Fondaco dei Tedeschi : ces fresques se sont perdues, mais certains fragments restants (comme la Justice à la Galerie de l'Académie de Venise) dénotent une personnalité déjà formée qui sait donner un agencement solennel à l'espace. En 1511, Titien exécute la décoration à fresque de l'école de Saint-Antoine de Padoue, avec une série de scènes représentant les Miracles de saint Antoine, insérées dans des paysages paisibles. Au cours des années suivantes se situent les toiles animées d'un souffle monumental, comme le Saint Pierre et l'évêque Pesaro (Anvers, Musée des Beaux-Arts), ou d'autres encore qui dénotent un rapport durable avec l'enseignement de Giorgione ; d'ailleurs, la critique est encore partagée quant à l'attribution à l'un ou l'autre des deux peintres du tableau du Concert Champêtre (Paris, Louvre). Titien s'affirme bien vite comme le plus grand artiste de la République de Venise : l'Assomption de l'église Santa Maria dei Frari à Venise, achevée en 1518, marque le triomphe du tempérament grandiose de l'artiste, en un spectacle extrêmement "scénographique" qui aura un grand impact sur ses contemporains. La peinture du maître se définit progressivement par une recherche basée sur la couleur, aspect prédominant également dans les premières toiles de la série des Bacchanales (1518-19, Madrid, Prado). On y trouve également une composante inspirée par la connaissance des œuvres de Michel-Ange, déterminante dans le Polyptyque Averoldi de 1522 (Brescia, Saints Nazzaro et Celso). Parallèlement, Titien crée un type de portrait qui montre le personnage à mi-corps et avec des mains visibles, comme dans l'Homme au gant (Paris). Les profondes capacités d'analyse psychologique qu'il manifeste dans les portraits, trouvent un de leurs aboutissements dans le solennel retable Pesaro, où les commanditaires jouent un rôle de premier plan parallèlement à la scène sacrée. Titien conquiert progressivement une place extrêmement importante dans le panorama de la peinture de son époque. Il exécute une série d'œuvres commandées par les cours de Mantoue, de Ferrare et d'Urbin, et commence à travailler pour les rois d'Espagne et de France. 1540 marque un tournant crucial dans le parcours artistique du peintre, en raison de sa rencontre avec la culture maniériste qui arrive à Venise de Rome, de Toscane et d'Emilie. Titien abandonne la force expressive de la couleur pour chercher dans le dessin et la composition plus d'évidence plastique. Ce changement exercera une influence décisive sur le Tintoret, sur Véronèse, et sur Bassano ; le Christ couronné d'épines (Paris, Louvre), est tout à fait représentatif de cette époque. Entre 1545 et 1546, Titien effectue le voyage à Rome, qui contribue apparemment à estomper ces intérêts d'empreinte maniériste ; on constate au contraire une reprise du traitement libre et fastueux de la couleur, évident dans des chefs-d'œuvre comme le portrait de Paul III entouré de ses neveux ou le portrait de Charles Quint à cheval. Dans ses œuvres tardives, Titien use d'une palette éclairée de lueurs soudaines, où le dessin se relâche et les formes anatomiques semblent se dissoudre dans l'atmosphère : c'est le cas par exemple de l'Enlèvement d'Europe (Boston) ou du Martyre de saint Laurent (L'Escorial), qui figurent parmi les toutes dernières réalisations de l'artiste et qui sont particulièrement dramatiques. Sa carrière, longue et prestigieuse, en fait l'une des personnalités les plus influentes de la peinture du XVIe siècle, dont l'importance ne s'est jamais démentie au cours des siècles.

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Titien est peut-être le plus important représentant de la peinture vénitienne du XVIe siècle. Au cours de sa longue période d'activité, il sut renouveler sans cesse son langage qui fut une source d'inspiration pour de nombreux maîtres de l'époque et des siècles suivants. A ses débuts, il fut sans doute influencé dans sa formation par Giorgione qui lui apprit la peinture douce et lumineuse, les atmosphères sereines de ses premières œuvres où le paysage a une grande importance. Mais Titien est aussi un excellent portraitiste et il réalise de grands retables où les schémas de compositions traditionnels sont renouvelés, ce qui confère aux images sacrées plus de naturel et de spontanéité. Dans sa phase de maturité, l'artiste aborde une peinture moins compacte ; de subtils jeux de lumière y désintègrent la matière picturale très vive et palpitante, tandis que les couleurs lumineuses des premières œuvres cèdent la place à des teintes plus sombres.

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Cette toile est un des nombreux tableaux à sujet profane exécutés par Tiziano Vecellio (Titien), célèbre peintre vénitien du XVIe siècle.

Elle remonte aux premières années d'activité de l'artiste, vers 1514, alors qu'il était encore lié à la peinture "atmosphérique" de Giorgione et de Giovanni Bellini, principaux points de repère Elle remonte aux premières années d'activité de l'artiste, vers 1514, alors qu'il était encore lié à la peinture "atmosphérique" de Giorgione et de Giovanni Bellini, principaux points de repère de sa formation.

Au cours de sa longue activité, qui le vit dans un premier temps devenir peintre officiel de la République de Venise, puis portraitiste de l'empereur Charles Quint, Titien renouvelle constamment son style, qui servira de référence aussi bien aux peintres vénitiens qu'à tous les artistes qui eurent l'occasion d'admirer ses œuvres.

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Ce tableau au sujet allégorique reste encore difficile à déchiffrer, malgré les nombreuses interprétations proposées par les critiques.

L'œuvre est connue sous le titre d'"Amour sacré et Amour profane", mais aussi sous celui de "Beauté ornée et Beauté dépouillée", ou encore comme "Les trois Amours".

L'identification des personnages représentés n'est pas simple elle non plus.

Il est probable que la femme nue assise à droite est Vénus, déesse de l'amour, qui tient dans ses mains une veilleuse allumée, la flamme sacrée de l'amour. Il faut sans doute voir dans la nudité de Vénus une référence à la pureté de l'idée d'amour, incarnée justement par cette déesse.

En revanche, l'identification de l'autre femme, élégamment vêtue d'habits à la mode et portant des gants, caractéristiques de la noblesse, est beaucoup plus controversée. Elle pourrait symboliser l'amour terrestre, c'est-à-dire l'énergie fécondatrice de la nature représentée par le paysage luxuriant dans lequel se déroule la scène. D'autre part, la robe blanche de la femme, la ceinture qu'elle porte et son regard fixe, indifférent aux appels de Vénus, a parfois porté à y voir la personnification de la chasteté.

Derrière les deux femmes, le petit Cupidon verse de l'eau dans un sarcophage ancien, décoré de bas-reliefs à sujet mythologique.

Au milieu de la paroi du sarcophage figure l'écusson de Niccolò Aurelio, secrétaire de la République vénitienne, et commanditaire probable de ce tableau.

Sur le fond de la cuvette représentée sur le sarcophage, on a également découvert un autre écusson, celui de Laura Bagarotto, qui épousa Niccolò Aurelio en 1514.

Il est donc probable que le tableau a été peint à l'occasion de ce mariage.

Un paysage verdoyant, peuplé de chasseurs, d'animaux, et d'un couple d'amants, sert de toile de fond à cette allégorie.

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L'agencement horizontal de la composition, marqué par le sarcophage au centre du tableau, accompagne la forme de la toile.

Les figures sont situées sur un plan parallèle à celui du spectateur.

La légère inclinaison des corps des deux femmes forme un triangle idéal dont le sommet se situerait en dehors du tableau.

Ce tableau est marqué par une impression d'espace à laquelle contribue le paysage de l'arrière-plan. Toutefois, la nature n'y figure pas comme une simple toile de fond, elle est, elle aussi, protagoniste du tableau. Les figures s'insèrent harmonieusement dans le paysage, entre la ligne de l'horizon, visible dans toute la partie supérieure à l'arrière-plan, et les quelques branchages du premier plan, devant le sarcophage.

L'effet de profondeur est également donné par le sarcophage, vu en perspective. 

Les arbres sombres du deuxième plan filtrent la lumière dorée, qui crée sur les vêtements des effets de coloris particulièrement recherchés.

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Ce tableau fait partie d'une abondante série d'ouvrages à caractère allégorique et profane commandés au Titien par une clientèle vénitienne cultivée. On peut rattacher à ce groupe le Concert champêtre, au Musée du Louvre, et les Trois âges de l'homme, au Musée d'Édimbourg, qui partagent avec ce tableau romain l'importance accordée à la nature et au rendu de l'atmosphère.
Le paysage joue aussi un rôle fondamental dans les compositions à sujet religieux exécutées par Titien, qui fait presque du sujet sacré un prétexte pour représenter des scènes pastorales.

Parallèlement à son activité de peintre de sujets religieux et allégoriques, il faut rappeler le rôle important joué par Titien en tant que portraitiste, dans des œuvres où la couleur et la lumière donnent aux figures leur intensité, leur autorité et leur force de caractère.


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