TIEPOLO Giambattista
TIEPOLO Giambattista (Venise, 1696-Madrid, 1770). Peintre et graveur italien. Compositeur de fresques remarquables, il fut le dernier des grands décorateurs baroques italiens. Au service des grands princes européens, il travailla pour les cours de l'Italie du Nord (Udine, Venise, Milan), exécuta pour le prince-évêque de Würzburg le plafond en trompe-l'oeil de l'escalier monumental de la résidence épiscopale et décora à Madrid le palais royal. Voir Baroque (Art).
Tiepolo, Giambattista (Venise, 1696 - Madrid, 1770)
Peintre italien. Ses premières oeuvres de jeunesse sont nettement influencées par les oeuvres contemporaines de Piazzetta. La coupe diagonale de la composition, la gamme intense des couleurs, et un clair-obscur dramatique caractérisent par exemple son oeuvre de jeunesse Le Martyre de saint Barthélémy (1722). Le passage à une sensibilité plus rococo correspond à la décennie 1720-1730, et culmine dans son chef-d'oeuvre de jeunesse, les fresques pour l'Archevêché d'Udine. Tiepolo y offre les premiers exemples de décoration en trompe-l'oeil de surfaces assez vastes, tandis que la gamme des couleurs s'éclaircit, en s'arrêtant sur de délicates teintes pastel. Le modèle de Tiepolo reste Paolo Véronèse, dont il admire les agencements majestueux et l'utilisation délicate et précieuse de la lumière, qui harmonise les figures avec le milieu environnant. De 1730 à 1750, Tiepolo travaille à un rythme intense, avec de vastes cycles décoratifs, aussi bien sur toile qu'à la fresque, d'abord à Bergame, puis à Vicence, à Milan et à Venise. Pour l'exécution des grands ciels sur lesquels se détachent majestueusement les personnages mythologiques, historiques ou religieux qu'il représente, Tiepolo recourt souvent à la collaboration du célèbre quadraturiste Gerolamo Mengozzi Colonna. C'est le cas par exemple, au palais Labia de Venise, pour le cycle de fresques sur Antoine et Cléopâtre (1747-50). En 1750, Tiepolo s'établit avec ses fils en Franconie, pour décorer certaines pièces de la résidence épiscopale de Würzbourg, construite par Johann Balthasar Neumann. Les sujets historiques, destinés à célébrer la famille régnante de Franconie, sont représentés dans un langage qui n'a jamais été aussi riche, raffiné et triomphant, de l'agencement aérien de la composition, aux associations de couleurs délicates et précieuses et au dosage savant et généreux de la lumière. De retour en Italie, Tiepolo continue son intense activité d'artiste. C'est à lui que l'on doit les fresques de la villa Valmarana, près de Vicence (1757), où le ton devient moins triomphal, en faveur de plus d'intimité et de poésie. En 1762, il part pour Madrid, où il consacrera les huit dernières années de sa vie à la tâche prestigieuse qui consiste à décorer les pièces du Palais Royal de Charles III.
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Tiepolo est l'artiste le plus représentatif de la peinture vénitienne du XVIIe siècle. Or, à ce moment, la grandeur de l'art est confrontée au déclin politique progressif de la République de Venise. Tiepolo renouvelle pourtant la peinture vénitienne en adoptant une gamme chromatique claire et lumineuse qui donne de la légèreté et de la grâce à ses œuvres. Il développe l'illusionnisme qui caractérisait déjà la peinture baroque et peint à fresque de grands murs en appliquant cette technique qui lui permet de dilater l'espace réel. Il fut aidé dans ses entreprises par des collaborateurs spécialisés dans la réalisation d'architectures peintes, appelés quadratoristes. Il se fit également apprécier pour ses objets sacrés et surtout pour la décoration d'intérieur des résidences privées. Dans ce domaine, il déploya toute sa veine créative, se montra habile narrateur et excella dans la célébration des fastes royaux.
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Cette grande toile fut exécutée par Giambattista Tiepolo à la fin de sa brillante carrière, tandis qu'il se trouvait en Espagne, où il travaillait pour le roi Charles III.
Ce peintre est un des représentants les plus connus de la peinture vénitienne du XVIIIe siècle, et il nous offre un exemple à la fois aimable et grandiose du rococo italien.
Le style original inventé par Tiepolo, fait de couleurs claires et lumineuses et de compositions aériennes fut très apprécié de ses contemporains, qui confièrent à l'artiste la décoration de leurs villas et de leurs palais, parmi lesquels le palais du prince-évêque de Würzbourg et le Palais Royal de Madrid.
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Cette toile fut peinte pour l'église Saint Pascal à Aranjuez en 1769. Elle représente la Vierge Immaculée, mère du Christ et personnification de l'Église.
La robe blanche, que la Vierge porte sous son manteau bleu, et le lys porté par un des anges, symbolisent la pureté de Marie.
Les attributs figurant dans le tableau sont empruntés à la description de la Vierge due à saint Jean l'Évangéliste dans le livre de l'Apocalypse.
La Vierge est lumineuse, vêtue de la lumière du soleil, et sa tête est auréolée de douze étoiles qui symbolisent les vertus.
La colombe blanche figurant au centre est le symbole du Saint Esprit, troisième personne de la Trinité.
Marie, triomphant sur le démon grâce à sa conception sans péché, écrase le serpent qui mord la pomme, c'est-à-dire le fruit du péché commis par les aïeux de l'humanité, Adam et Eve.
Dans la partie inférieure, on entrevoit la lune, qui symbolise la victoire de la Vierge et de l'Église sur tout ce qui est muable et changeant.
Quelques anges joufflus en adoration de la Vierge donnent à l'image un ton plus aimable et doux.
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La VLa Vierge figure au centre du tableau, selon un principe de symétrie traditionnel.
La figure est légèrement en retrait, comme on peut le voir aussi d'après la lumière qui frappe seulement les éléments situés au premier plan.
Les figures sont disposées le long d'une diagonale parallèle au palmier figurant dans la partie inférieure et qui coupe la toile dans le coin gauche. Cette direction est aussi celle du serpent piétiné.
L'impression de profondeur est donnée par les figures des chérubins qui se cachent entre les nuages, en un léger dégradé vers le fond.
En effet, la disposition hardie des angelots représentés dans la partie supérieure permet au peintre de donner l'impression d'un espace infini qui s'ouvre derrière l'image de la Vierge.
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Cette toile se trouvait dans l'église Saint Pascal à Aranjuez, édifice pour lequel Giambattista Tiepolo avait déjà réalisé d'autres tableaux, actuellement conservés en partie seulement au Musée du Prado, à Madrid.
Parmi eux, rappelons le Saint François recevant les stigmates, une des peintures de Tiepolo qui traduit le mieux la profondeur du sentiment religieux, et le tableau représentant saint Antoine de Padoue avec l'enfant Jésus, oeuvre qui exerça une certaine influence sur les oeuvres de jeunesse de Francisco Goya.
Mais les toiles peintes par Tiepolo furent remplacées quelques années plus tard par des tableaux du peintre Anton Rafael Mengs, un des plus importants représentants du néo-classicisme, qui marque le déclin rapide du style rocaille.
Les aboutissements stylistiques majeurs de son art furent atteints par Giambattista Tiepolo dans la décoration des grandes villas de l'arrière-pays vénitien, comme dans le cycle de Villa Valmarana, exécuté en collaboration avec son fils Giandomenico.