SOPHISME SOPHISTE SOUHAIT SOUVENIR SOUVERAIN, SOUVERAINETÉ SUBSTANCE SUJET SUPERSTITION SUPPOSITION SYNTHÈSE SYSTÈME TECHNIQUE
SOPHISME Un sophisme est un raisonnement captieux, un paralogisme intentionnellement utilisé pour égarer l’interlocuteur ou l’auditoire.
SOPHISTE Distinguer deux sens bien différents. 1. C’est quelqu’un qui use.de sophismes. 2. Dans la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C., les sophistes sont des professeurs itinérants, qui proposent dans les villes du monde grec un enseignement général, visant à l’efficacité rhétorique. Contre forte rémunération, ils enseignent à la jeunesse fortunée l’art de défendre n’importe quelle thèse, et de la faire triompher devant n’importe quel auditoire. Cultivés, spirituels, habiles, certains sophistes connurent une renommée considérable, et firent de colossales fortunes. Platon en met quelques-uns en scène dans ses dialogues : Protagoras, Gorgias, Hippias. Sophisme.
SOUHAIT Désir, en tant qu’il est simplement formulé, indépendamment de toute action entreprise pour le réaliser. Le souhait exprime, mais ne fait rien. Souhaiter avoir son bac, ou ne plus fumer, ça n’engage à rien, ça ne promet rien. Souhait n’est pas volonté. -> Volonté.
SOUVENIR Etat psychique d’une conscience qui se rappelle le passé, en le reconnaissant comme passé, et comme situé dans le passé (même si la date n’est pas précisément connue). Tout souvenir suppose la mémoire, mais tout ce qui vient de la mémoire n’est pas souvenir : si je retiens ma table de multiplication, celle-ci n’est pas un souvenir.
SOUVERAIN, SOUVERAINETÉ Est souverain celui dont la volonté décide seule dans un domaine particulier. Un jury d’examen est souverain : dans son domaine de compétence - la délivrance du diplôme - la décision ne dépend que de lui. Le peuple souverain ne peut se voir imposer ses choix par personne (un individu particulier, une puissance étrangère). Dans le vocabulaire de la philosophie politique (en particulier chez Rousseau), on entend par souverain non pas le monarque, mais le détenteur de l’autorité politique suprême, à qui appartient le droit de légiférer. Ce peut être le peuple, ou une partie du peuple, ou encore un individu seul.
Ne pas conf. le souverain avec le législateur, instance qui exerce le pouvoir législatif, par ex. l’Assemblée, Chambre des députés, Sénat, etc. Ce pouvoir n’est détenu et exercé qu’au nom du peuple, souverain véritable.
SOUVERAIN BIEN C’est le bien suprême, tel qu’on puisse - et doive - le désirer pour lui-même, comme fin en soi, non comme moyen pour atteindre un autre bien. En quoi consiste le souverain bien ? Sur cette question s’est construite toute la réflexion morale de l’Antiquité.
SPÉCIFIQUE, SPÉCIFICITÉ Est spécifique ce qui est propre à une espèce, et la distingue au sein de son genre. -> Genre.
SPÉCULATIF, SPÉCULATION L’équivalent latin de “théorie” : speculari veut dire observer. Est spéculative une connaissance contemplative, dénuée de toute visée pratique, transformatrice. “Spéculation” est assez péjorativement connoté, et désigne souvent une recherche inutile et vaine, dont il n’y a à espérer aucune retombée utile.
SPIRITUALISME Doctrine qui considère l’esprit comme une substance existant par elle-même, indépendamment de la matière. -► Substance.
STRUCTURE C’est la forme des rapports entre divers éléments constituant un ensemble (société, personnalité psychique, langue, doctrine, etc.), en tant que cette forme détermine le fonctionnement et la vie de l’ensemble. La structure et les effets de la structure sont relativement indépendants des éléments pris isolément. La structure peut se maintenir tandis que les éléments changent. Par ex. : les structures sociales demeurent à travers le renouvellement des hommes vivant en société.
SUBCONSCIENT Se méfier de ce mot, au contenu très vague. Éviter d’y recourir pour expliquer commodément n’importe quel phénomène psychique. Ne pas l’employer comme synonyme d'inconscient, qui possède un sens précis dans la psychanalyse.
SUBJECTIF Est subjectif ce qui vient du sujet, et non de l’objet ; de moi, et non de la chose elle-même. Le subjectif est donc ce qui limite la valeur de la connaissance, en m’éloignant de l’objectivité. Le contraire de “subjectif’ n’est cependant pas “objectif’ : une pensée peut n’avoir rien de subjectif, et n’être pas encore objective pour autant.
-► Objectif.
SUBSTANCE Etym. : ce qui se tient sous. C’est la réalité ultime, la plus profonde, d’un être. Tous les caractères de cet être expriment la substance et en découlent. C’est « une chose qui existe en telle façon qu’elle n’a besoin que de soi-même pour exister » (Descartes).
SUJET Toujours défini par rapport à un objet. C’est l’être doué de conscience, et capable de prendre possession de l’objet. Face à l’objet, donné, présent, disponible, le sujet est le pôle actif, qui prend, se saisit, s’approprie. Par ex. : le sujet connaissant dans la relation de connaissance. -> Objet.
SUPERSTITION « La superstition consiste toujours, sans doute, à expliquer des effets véritables par des causes surnaturelles » (Alain). Désigne toutes les formes naïves, vulgaires de croyance religieuse.
SUPPOSITION « On dit qu’une proposition est supposée, lorsque n’étant point évidente, elle ne laisse pas d’être admise pour quelques temps, afin qu’en y joignant d’autres propositions, nous puissions en tirer quelque conclusion, et procéder de conclusion en conclusion pour voir si elle nous conduira à quelque conclusion absurde ou impossible, et lorsque cela arrive nous savons que la supposition a été fausse » (Hobbes). SYMBOLE Signe matériel, qui renvoie par analogie ou métaphore à une idée. Par ex. : le lys pour la monarchie, la colombe pour la paix.
SYMPATHIE C’est autre chose qu’être sympa. Etym. : capacité de sentir ensemble. Mouvement par lequel un être participe de l’intérieur aux états d’âme d’un autre être ; par ex., dans la pitié : je souffre de la souffrance de l’autre.
SYNTHÈSE Opération qui consiste à rassembler des éléments divers pour constituer un tout. C’est l’inverse de l’analyse. -> Analyse.
SYSTÈME Ensemble au sein duquel les éléments ne sont pas simplement juxtaposés, mais interagissent et se déterminent réciproquement. Un mécanisme d’horlogerie, un organisme vivant sont des systèmes.
TECHNIQUE Ensemble des procédés mis en œuvre par l’homme pour produire des objets et des phénomènes qui n’existent pas dans la nature. Ne pas conf. la technique (qui invente) avec la science (qui découvre). La technique relève du pratique, la science du théorique.
TECHNOCRATE, TECHNOCRATIE Pouvoir des techniciens, qui s’arrogent, en vertu de leur compétence, un droit universel de décision. Dans tous les domaines (économie, défense, santé, énergie), la technocratie est une menace pour la démocratie.
TECHNOLOGIE La technique, en tant qu’elle est rendue possible par la connaissance scientifique. Une tapette à souris est un objet technique, mais contrairement au scanner ou à la centrale nucléaire, ne relève pas de la technologie.
TEMPOREL Ce n’est pas seulement ce qui est situé dans le temps. S’oppose à “spirituel” pour désigner l’existence et la puissance matérielles de certaines institutions. Par ex. l’Église est une autorité spirituelle, mais aussi une puissance temporelle (politique, financière, diplomatique, voire policière : inquisition).
TEMPS Evidemment indéfinissable. Ne pas conf. le temps avec le mouvement, ou la durée. TENDANCE C’est une puissance, mais qui ne se réalise pas nécessairement. Elle existe comme possibilité inscrite dans un être, bien que pas toujours consciente.
THÉOCRATIE Etat dont la légitimité et les principes de fonctionnement sont fondés sur la volonté divine. Dans les faits, une théocratie est toujours aux mains d’une Eglise.
THÉOLOGIE Etude rationnelle de Dieu et des choses divines.
THÉORIE, THÉORIQUE Ce qui concerne la connaissance, non l’action. Signifie en grec contemplation. Le propre de l’activité théorique, c’est de ne pas viser à transformer l’objet, mais seulement à le connaître. La science et la philosophie relèvent du théorique. THÈSE Etym. : ce qui est posé. Affirmation, indépendamment de toute preuve ou démonstration.
TOLÉRANCE Vertu morale qui consiste à n’opposer ni contrainte ni violence à l’expression des pensées et convictions de l’autre, quand elles différent des miennes. La tolérance n’oblige : 1. ni à approuver ce que dit l’autre si je le crois faux ; 2. ni à laisser faire l'intolérable. La tolérance étant fondée sur le respect de la personne, elle trouve là sa limite. Pas de tolérance pour une pensée ou un comportement qui nient la dignité de la personne.
TOTALITAIRE, TOTALITARISME Du latin totus : tout. Est totalitaire un système d’institutions politiques qui fait peser une domination sans partage ni limites sur tous les aspects de la vie collective et individuelle. Par ex. : le nazisme, le fascisme mussolinien, le stalinisme. (Voir 1984 de George Orwell.)
TRADITION L’ensemble des manières de penser et d’agir qui sont léguées à une communauté par son propre passé. La tradition veut qu’on continue. L’essence de la tradition est de s’imposer hors de tout choix conscient, comme une conduite naturelle. La tradition ignore qu’elle est tradition. Le retour à la tradition, l’exaltation des valeurs traditionnelles ne sont donc pas du tout des attitudes traditionnelles !
TRANSCENDANCE, TRANSCENDANT, TRANSCENDER Transcender, c’est dépasser, être au-delà. L’idée de transcendance exprime donc à la fois la différence, l’éloignement, la supériorité. Le transcendant (par ex. : Dieu, le “monde des Idées” de Platon), c’est l’absolu, la justification ultime de toute réalité et de toute valeur.
TRANSFORMISME « Le transformisme est une théorie selon laquelle les espèces végétales et animales, loin d’être fixes, se sont transformées graduellement au cours du temps et de leur dissémination à la surface du globe, et se sont engendrées les unes les autres » (Jacques Roger, biologiste).
TRAVAIL Activité sociale - même si elle est exercée de façon solitaire -par laquelle l’homme transforme la nature afin de produire les conditions matérielles de son existence. Seul l’homme travaille.
TYRAN, TYRANNIE « Celui-là, quelque titre qu’on lui donne, et quelque belles raisons qu’on allègue, est véritablement tyran, qui propose, non des lois, mais sa volonté pour règle, et dont les ordres et les actions ne tendent pas à conserver ce qui appartient en propre à ceux qui sont sous sa domination, mais à satisfaire son ambition particulière, sa vengeance, son avarice ou quelque autre passion déréglée » (Locke). C’est « le souverain qui ne connaît d’autre loi que son caprice » (Voltaire).
UNIVERS Notion scientifique, physique et cosmologique, plus que philosophique ; les philosophes parlent plutôt de monde. L’univers, c’est la totalité des êtres susceptibles d’être observés ou appréhendés expérimentalement, même si aucune observation ou expérience n’en est pour l’instant donnée ; si par ex., on n’en a d’idée que mathématique. -> Expérimental, monde, observation.
UNIVERSALITÉ, UNIVERSEL « L’universel, dit Alain, c’est ce qui vaut pour tout esprit. » Une vérité - par ex. un théorème mathématique - n’est pas universelle parce que tout le monde l’admet en fait, mais c’est parce qu’elle vaut pour tous en droit que tous doivent l’admettre. Il y en a toujours pour refuser la vérité (par ex. qu’on ait tué des juifs dans des chambres à gaz) ; ça n’empêche pas la vérité de valoir pour tous.
Liens utiles
- SYNTHÈSE SUBJECTIVE, ou Système universel des conceptions propres à l’état normal de l’humanité, 1856. Auguste Comte
- MALEBRANCHE: On suppose ( ... ) que les planètes décrivent par leurs mouvements des cercles et des ellipses parfaitement réguliers ; ce qui n'est point vrai. On fait bien de le supposer, afin de raisonner, et aussi parce qu'il s'en faut de peu que cela ne soit vrai ; mais on doit toujours se souvenir que le principe sur lequel on raisonne est une supposition.
- Synthèse: TRAVAIL & TECHNIQUE
- Synthèse : Après avoir analysé l'impact que le progrès technique peut avoir sur le volume de l'emploi, vous montrerez ses conséquences sur la nature des emplois.
- Rousseau (1712 - 1778) : Du contrat social (1762) Plan I - Présentation II - Le Souverain III - La souveraineté et la volonté générale IV - La loi V - Le gouvernement VI - La religion civile - Conclusion (analyse et résumé)