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Simone Martini (Sienne vers 1284 - Avignon 1344)



Peintre italien
Considéré comme "peintre très noble et très célèbre" par l'architecte du XVe siècle Ghiberti, il manifeste sa maîtrise technique et sa personnalité artistique dès la première oeuvre que nous lui connaissons, la Maestà du Palais Communal de Sienne, exécutée en 1315. Pour le jeune Simone Martini, l'oeuvre de Duccio di Buoninsegna, chef de file de l'école siennoise, est une référence importante. Sa formation est aussi influencée par les sculptures de Giovanni Pisano pour la cathédrale de Sienne et, avant même de se rendre à Avignon, par les élégants objets d'artisanat français de style gothique. Il se fait l'interprète sophistiqué de sujets profanes et sacrés en utilisant les capacités expressives du linéarisme.
Mise à part sa ville natale, l'artiste travaille aussi à Naples pour la cour angevine et à la basilique inférieure de Saint-François d'Assise, où il représente plusieurs saints dans le bras droit du transept.
Au cours des années 1320 et 1330, il exécute plusieurs oeuvres, dont certaines sont particulièrement célèbres : en 1328 le portrait équestre du condottiere Guidoriccio da Fogliano, peint au Palais Communal de Sienne (mais cette attribution a été récemment mise en doute), et en 1333, le retable de l'Annonciation, autrefois dans la cathédrale de Sienne et actuellement conservé au musée des Offices à Florence. Dans ce tableau, Martini atteint un grand raffinement dans le linéarisme gothique.
En 1340, l'artiste s'installe en Avignon où il exécute dans le Palais des Papes des fresques qui se sont détériorées avec le temps. A la cour du pape, il rencontre Pétrarque : c'est pour lui qu'il enluminera le frontispice d'un code de Virgile et qu'il peindra le portrait de Laura, aujourd'hui perdu.

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On peut considérer Simone Martini comme un des plus grands représentants de l'art gothique en Italie ; il fut particulièrement apprécié dans les milieux de cour en raison de sa capacité à traduire dans ses œuvres la variété, la richesse et la grâce de la vie de ses commettants très importants. Le peintre siennois connut et adopta les conquêtes spatiales et naturalistes de la peinture de Giotto. Toutefois, son objectif décoratif est plus marqué et se concrétise par l'usage d'une technique extraordinaire qui prévoyait, même pour les fresques, l'utilisation de laques, de feuilles d'or et de verres enchâssés dans le mur. Or, cette richesse stylistique n'enlève rien à sa capacité d'observer la réalité avec intérêt et attention tout en insérant dans ses œuvres des images de la vie quotidienne pleines de vivacité et tout en démontrant une forte disposition pour l'art du portrait.

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Cette grande fresque orne un des murs de la Salle de la Mappemonde dans le Palais Public de Sienne.

Elle fut exécutée par Simone Martini, sans doute vers 1330, pour célébrer la prise du château de Montemassi par Sienne.

C'est une des peintures les plus célèbres du maître siennois, même si récemment quelques experts en ont remis en discussion l'attribution et l'authenticité.

Cette fresque est un exemple admirable de peinture civique, utilisée comme instrument de propagande efficace par la riche Municipalité de Sienne.

Le Siennois Simone Martini sait parfaitement concilier la vérité de l'événement historique avec la richesse de la description et l'élégance des lignes propres à la peinture gothique, dont il fut un des plus illustres représentants.

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Cette grande fresque représente Guidoriccio da Fogliano, condottiere au service de la Municipalité de Sienne, qui s'était emparé du château de Montemassi en 1328.

La ville toscane, à l'apogée de sa puissance, voulait célébrer ses conquêtes et rendre hommage aux condottieri victorieux. Les régents de la Commune avaient déjà demandé à Duccio de Bonsinsegna de représenter un sujet identique : la prise du château de Giuncarico.

Guidoriccio était parfaitement reconnaissable pour ses contemporains grâce aux enseignes qui ornent son habit et le caparaçon du cheval.

Les dimensions de la scène révèlent toutefois que le but visé était avant tout d'exalter les conquêtes siennoises. Le camp de l'armée siennoise est représenté sur la droite ; il est reconnaissable grâce aux drapeaux portant les couleurs de la ville, noir et blanc.

Dans le château visible à l'arrière plan, auquel on accède par d'étroites passerelles qui chevauchent le fossé, on peut voir une des armes utilisées au cours des assauts, la catapulte.

A gauche, figure le château de Montemassi, hissé au sommet d'un rocher. La palissade qui entoure le rocher, derrière laquelle pointent les lances des soldats, est un témoignage du long siège qui précéda la conquête.

Il faut toutefois observer que toute la partie gauche de la fresque, celle où figure le château, a été ultérieurement modifiée, même s'il est probable que ce remaniement a respecté la représentation originale.

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Guidoriccio occupe exactement le centre de toute la composition.

En vertu de la hiérarchie des proportions adoptée par les artistes du Moyen Âge, le cavalier est plus grand que les édifices environnants. Mais une grande importance est accordée également au paysage, de façon à mettre en relief les conquêtes de la Commune de Sienne.
La ligne sinueuse du cou et du dos du cheval suit le profil du paysage à l'arrière-plan.

L'impression de profondeur est donnée par la disposition des figures sur des plans parallèles.

Le volume des châteaux est rendu par une représentation axonométrique des bâtiments.

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Simone Martini avait déjà travaillé au Palais Public pour la Commune de Sienne : entre 1312 et 1315, il y avait peint une grande fresque représentant la Vierge en majesté.

Dans les fresques sur la vie de saint Martin peintes pour la Basilique Inférieure de Saint-François d'Assise, il avait déjà pu s'exercer aux scènes ayant comme protagonistes armées et cavaliers.

Le talent de portraitiste de Simone Martini, affirmé dans la représentation du visage de Guidoriccio, était connu de ses contemporains, au point que Pétrarque lui commanda un portrait de Laure, aujourd'hui perdu.

Un autre témoignage de ce talent particulier nous est fourni par la figure de Robert d'Anjou, roi de Naples, représenté aux côtés de saint Ludovic de Toulouse dans un tableau du Musée de Capodimonte à Naples.


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