SEMBLABLE SÉMIOLOGIE SENS SENSATION SENSIBILITÉ SENSIBLE SENTIMENT SERF, SERVITUDE SIGNE SIGNIFIANT, SIGNIFIÉ SOCIÉTÉ SOCIOLOGIE SOLIDARITÉ
SEMBLABLE Qui ressemble. Ne pas conf. avec l’identique. Tous les hommes sont mes semblables, et tous sont différents de moi. -> Identique.
SÉMIOLOGIE Etude des signes, en particulier dans leur fonction sociale.
Sémiologie. Discipline qui s’occupe des signes. Au sens restreint, en médecine, la sémiologie ou séméiologie est la partie qui s’occupe des symptômes, signes qui font partie de la famille de l’indice. Au sens large, en sciences humaines, la sémiologie est «l’étude des domaines constitués de signes » (Nattiez). A partir de cette définition globale, les sémiologues ou sémioticiens ont le plus souvent donné de leur discipline des définitions très différentes qui sont en fait complémentaires, parce qu’elles portent sur des aspects différents du fonctionnement des signes. Si l’on met l’accent sur l’aspect social, sur les échanges de signes, la sémiologie sera fondamentalement une sémiologie de la communication (cf. G. Mounin). Si l’on met l’accent sur ce à quoi renvoie le signe dans le monde, ce à quoi il s’est substitué, la sémiologie s’opposera comme pour Ricœur à la sémantique en ce qu’elle n’analyse pas le statut de signe au sein des autres signes, mais la relation du signe à son référent. Si l’on met l’accent sur ce que représente le signe pour celui qui l’utilise, on aura des sémiologies de la signification. Plus récemment, comme on le voit chez Umberto Eco, la sémiologie s’attache surtout à la fonction de la lecture, et met l’accent sur l’interprétation de celui qui reçoit le système de signes. Dans les termes de la sémiologie de Jean Molino, on opposera donc des sémiologies poïétiques, qui mettent l’accent sur le producteur des signes, et des sémiologies esthésiques, qui mettent l’accent sur la réception des signes. La sémiologie s’est développée sous ce nom (elle existait auparavant de façon non autonome en philosophie ou en logique) dans les années cinquante, et son développement est lié à celui du structuralisme et de la linguistique. Les sémiologues français (Barthes, Greimas) sont généralement en même temps des linguistes. Ainsi la sémiologie littéraire s’est pour une large part confondue avec l’analyse linguistique des textes. Elle a cependant contribué à rouvrir le texte que les structuralistes avaient fermé sur lui-même (cf. Eco).
SENS 1. Faculté de sentir. Les cinq sens, le “sens de l’équilibre”, le “sens pratique”. “Sens commun” (ou “bon sens”) : capacité d’apercevoir spontanément certaines vérités. “Sens moral” : faculté de sentir ce qui est bien ou mal. Dans tous les cas, le détour par le raisonnement, la réflexion, est évité ; le sens livre une connaissance naturelle, immédiate, intuitive. 2. La signification : a du sens un objet ou un phénomène qui renvoie à autre chose que lui-même. Un mot, un geste, une attitude, mais aussi un vêtement, un nuage, un silence peuvent avoir du sens. Il n’est rien qui n’ait du sens, ou plutôt qui ne puisse prendre un sens, pour un esprit averti. 3. Le sens, c’est enfin l’orientation. Au sens où la physique parle du sens d’une force. -► Faculté, immédiat, intuition, signe.
Sens. Ce que signifie un élément. Sens et signification sont tantôt utilisés comme des termes synonymes, tantôt distingués par les linguistes et les sémioticiens sans que cette distinction se fasse toujours de la même façon. Il convient donc d’être alerté sur ces difficultés de délimitation et surtout de connaître les différentes façons dont le sens se construit. En premier lieu, on peut distinguer la valeur d’un terme, pour reprendre un terme saussu-rien, qu’il prend par rapport aux autres termes de l’ensemble auquel il appartient. On peut considérer que le signifié du terme comprend la valeur, purement relationnelle, et un certain nombre de traits abstraits des objets du monde. On peut également parler, comme les psychologues, de représentation sémantique, laquelle diffère toujours si peu que ce soit d’individu à individu, en fonction des vécus et des expériences de chacun. Le signifié est ainsi une matrice virtuelle de traits disponibles qui peut évoluer dans le temps. L’actualisation, l’enrichissement de ces traits par le contexte constituent le sens. Ainsi, dans une phrase, chaque signe prend-il un sens particulier, cependant que le sens général de la phrase n’est pas la somme des sens des différents signes, mais une construction synthétique où la syntaxe joue elle aussi un rôle. La signification, elle, peut être considérée comme un processus : un énoncé signifie pour quelqu’un. Elle est donc beaucoup plus large que le sens linguistique, et suppose la mise en relation du texte ou du discours avec des éléments qui lui sont extérieurs. Comme le dit Nattiez : « il y a signification quand un objet est mis en relation avec un horizon. »
La signification suppose donc des considérations pragmatiques et débouche sur l’interprétation.
Dans l’interprétation classique des Ecritures, on distingue quatre sens : le sens littéral, qui est le sens fondamental, le sens moral (on tire une leçon du texte), le sens allégorique, et le sens anagogique, qui élève l’âme vers la contemplation des vérités divines : « Si les explications des passages de l’Ancien Testament regardent l’Ecriture et les mystères de notre Religion par analogie ou ressemblance, c’est le sens allégorique; ainsi, le sacrifice de l’agneau pascal, le serpent d’airain élevé dans le désert, étaient autant de figures du sacrifice de la croix [...]. Lorsque ces explications regardent l’Eglise triomphante et la vie des bienheureux dans le Ciel, c’est le sens anagogique; c’est ainsi que le sabbat des Juifs est regardé comme l’image du repos étemel des bienheureux » (Dumarsais).
• Dumarsais, Des tropes ou des différents sens, présentation, notes et traduction de Françoise Douay-Soublin, Paris, Flammarion, 1988; Eco U., Les Limites de l’interprétation, Paris, Grasset, 1990; Nattiez J.J., Musicologie générale et sémiologie, Paris, Christian Bourgois, 1987.
SENSATION « Je perçois les choses d’après ce que je sens par leur action physique sur mon corps ; et ce premier donné, sans quoi je ne percevrais rien, c’est ce que l’on appelle sensation » (Alain). On ne comprend ce que c’est que la sensation que si l’on sait que nos organes des sens ne suffisent pas pour assurer la perception des objets. Il y faut l’intervention de l’entendement (voyez votre cours sur la perception). La sensation est justement la matière première sur laquelle s’effectue ce travail de l’entendement ; les sensations sont les données brutes de la perception. Une rose n’est pas une sensation, mais un objet perçu. En revanche, la couleur, l’odeur, les impressions tactiles livrées par les pétales, la tige, les épines, sont des sensations. -► Perception.
SENSIBILITÉ Faculté de sentir, en tous les sens du terme. Par extension, de réagir : une pellicule photo ne sent rien, évidemment, mais réagit plus ou moins à la lumière. On parle de la sensibilité d’un appareil de mesure.
SENSIBLE L’adjectif sert à qualifier aussi bien l'objet que le sujet. L’objet : est sensible ce qui est donné à la sensibilité. Se dit surtout de ce qui peut être appréhendé par les cinq sens. Par ex. “le monde sensible”. Le sujet : est sensible ce qui est doué de sensibilité. Le nom : “le sensible” sert à désigner tout le domaine des objets auquel l’homme peut accéder par la médiation des cinq sens. On oppose (par ex. : chez Platon) le sensible à l’intelligible.
SENTIMENT Le fait de sentir. On parlait autrefois d’un homme “sans sentiment” pour dire qu’il avait perdu connaissance. Au sens général, c’est un état affectif, éprouvé immédiatement. C’est une donnée subjective, d’où la connaissance est absente (même s’il peut favoriser ou entraver la connaissance). Le sentiment se distingue de l’émotion par sa stabilité plus grande, et de la passion par le fait qu’il ne prend pas nécessairement possession de l’être dans sa totalité. -> Immédiat.
SERF, SERVITUDE Juridiquement, le serf est attaché à une terre, qui dépend elle-même d’un seigneur. Le serf n’est pas esclave, car même si sa condition est misérable, il n’est la propriété de personne. La condition du serf s’appelle servage. La philosophie appelle servitude l’« impuissance de l’homme à gouverner et réduire ses affections » (Spinoza). La servitude s’oppose ici à la liberté du sage.
SIGNE Tout objet ou phénomène qui renvoie à autre chose que lui-même. Par ex. : certains nuages sont signes d’une perturbation dans la mesure où ils la précèdent. Il y a des signes par destination, dont la raison d’être est de signifier : un mot, un drapeau, un clin d’œil. Mais n’importe quoi, dont la raison d’être n’est point de signifier, peut être signe : un objet en possession de quelqu’un, une posture, une démarche, une intonation de voix, une couleur du ciel ou de l’eau. Le signe n’est donc signe que par le fait qu’un esprit interprète sa signification. Il n’y a pas de signe en soi, mais seulement pour un esprit. Signe linguistique : -► Signifiant, signifié.
SIGNIFIANT, SIGNIFIÉ Erreur courante : croire que le signifiant, c’est le mot, et le signifié, la chose qu’il désigne. C’est confondre signifiant et signe, signifié et référent. Le mot est un signe linguistique qui unit deux aspects : un concept (l’idée générale d’arbre, par ex.) qu’on appelle signifié, et une “image acoustique” (le son en tant qu’il se forme en mon esprit percevant). C’est pourquoi il y a identité entre la faculté d’user de mots : le langage, et celle de penser par concepts abstraits.
-> Concept.
SILENCE Non seulement l’absence de bruit, mais aussi l’absence de message signifiant : le silence d’un correspondant qui ne répond plus aux lettres. C’est Le silence de la mer (Vercors) qui pourtant, on le sait, n’est guère silencieuse. Mais c’est que son bruit n’a rien à dire aux hommes. « Le silence éternel des espaces infinis » dont Pascal s’effraie est celui-là. L’espace infini de l’astronomie copernicienne et galiléenne est silencieux, au sens où il a remplacé les cieux d’autrefois, qui “chantaient la gloire de Dieu”.
SIMPLE Le simple s’oppose non au difficile (le contraire de “difficile” est “facile”), mais au composé (ou au complexe). Au sens où les chimistes connaissent les corps simples.
SINGULIER Est singulier ce qui concerne un seul individu. Le jugement “Socrate est mortel” est singulier.
SOCIABILITÉ La sociabilité est « l’aptitude et le penchant pour la société » (Kant) que manifeste l’homme. La philosophie politique a longtemps débattu de l’existence d’une sociabilité naturelle : l’homme est-il un “animal politique” (Aristote), ou bien n’entre-t-il en société que par hasard, voire contre certaines tendances naturelles (Rousseau) ? La question de la sociabilité dépasse celle des origines de la société ; elle implique celle de la capacité de l’homme à vivre harmonieusement avec ses semblables.
SOCIALISME Vaste courant de pensée politique, qui va d’un réformisme prudent, quelquefois inspiré par des motifs religieux, au radicalisme révolutionnaire. L’idée socialiste est : 1. Économique : les appareils principaux de la production et des échanges sont remis à la collectivité. 2. Politique : la démocratie la plus large et la plus réelle (non réduite à des principes formels) doit présider aux décisions politiques.
3. Morale : l’homme est capable de fonder les rapports sociaux sur les valeurs de fraternité et d’entraide, plutôt que sur la concurrence sauvage.
On appelle aussi socialisme le système social qui répond à ces aspirations. L’appellation “pays socialistes” pour désigner les États d’Europe de l’Est disparus à la fin des années 1980 est pour l’essentiel une escroquerie, dont sont coupables les dirigeants de ces pays, en même temps que le système capitaliste, trop heureux de pouvoir dégoûter les hommes du socialisme en le confondant avec sa caricature.
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