RÉFLÉCHIR, RÉFLEXION RÉFLEXE RÈGLE REGRET RELATIF RELATIVISME RELIGION RELIGION NATURELLE RÉMINISCENCE REMORDS REPENTIR REPRÉSENTATION RÉPUBLIQUE RESPECT
RÉFLÉCHIR, RÉFLEXION Comme l’indique le préfixe (ré-), la réflexion est une pensée qui fait retour sur soi. Réfléchir, c’est penser sur des pensées (les siennes ou celles d’autrui). Toute pensée n’est donc pas réflexion ; par exemple quand je pense au prochain tiers provisionnel. Mais la réflexion est sans doute l’essence de tout effort pour penser ; car cet effort n’est possible que par un retour critique perpétuel sur ses propres pensées. Alain : « Penser, c’est dire non. »
RÉFLEXE Est réflexe un comportement automatique, où la volonté n’agit point, en réponse à une stimulation quelconque. Ne pas conf. avec l’instinct, qui est toujours inné, tandis que le réflexe peut s’acquérir.
RÈGLE Enoncé qui prescrit. La règle s’adresse donc à un exécutant, qui a toujours la possibilité matérielle de ne pas s’y plier : je peux écrire “les vachent broutes”, je peux fumer dans la chambre d’hôpital. Ne pas conf. avec la loi, qui est souvent une règle (loi morale ou juridique), mais qui peut aussi ne rien prescrire, seulement décrire ; c’est le cas des lois scientifiques. REGRET « C’est un regard à ce qui est passé, qu’on voudrait avoir été autre, ou qu’on voudrait n’être pas passé » (Alain). Ne pas conf. avec remords ou repentir, notions morales. -► Remords, repentir.
RELATIF Est relatif ce qui est en relation avec autre chose, et est par cette relation. Le relatif est ce qui ne se suffit pas à soi-même. Par ex. l’espérance est relative au désir, parce qu’on n’espérerait jamais si l’on ne désirait (la santé, le beau temps). Contr. : absolu.
RELATIVISME Conception, quelquefois érigée en doctrine, qui affirme le caractère relatif de toutes choses : la connaissance, les valeurs. Concernant la connaissance, le relativisme affirme, par ex., qu’elle dépend des facultés humaines de connaître, et ne peut donc prétendre à une objectivité absolue. Le relativisme moral refusera qu’on admette des valeurs ou des normes éthiques absolues, ces valeurs et ces normes variant avec les lieux et les époques.
La sophistique grecque est le type de la pensée relativiste.
RELIGION Au sens strict, et malgré l’extrême diversité des croyances et des pratiques religieuses, « Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent » (Emile Durkheim). Le mode de pensée religieux (on dira “le religieux”) existe en dehors des religions traditionnelles : « La religion ne se limite pas à la croyance en un Dieu. [...] On peut appeler religion, en effet, toute pensée qui prétend réunir le vrai et le bien, l’être et la valeur, le réel et le sens, et qui, constatant bien sûr leur scission ici-bas, annonce pour demain leurs définitives - et déjà certaines - retrouvailles » (André Comte-Sponville).
RELIGION NATURELLE À l’époque des Lumières, la religion naturelle se présente comme une alternative aux grandes religions révélées. “Naturelle” s’entend en plusieurs sens : a) C’est la religion originelle, pure, sans les ajouts humains postérieurs, les dogmes et rites artificiels déposés par des millénaires de civilisation. b) La religion naturelle se passe du recours à la révélation surnaturelle, et ses affirmations sont connues par les seules facultés naturelles de l’homme : la “lumière naturelle” (raison, sentiment). c) Les affirmations religieuses s’imposent naturellement à tout esprit attentif et ouvert, et non plus comme des dogmes incroyables qu’une autorité doit imposer. -► Lumière naturelle, révélation.
RÉMINISCENCE Souvenir, mais qui n’est pas identifié comme souvenir. Je reconnais l’objet de la réminiscence, mais sans savoir que c’est pour l’avoir déjà rencontré.
REMORDS Reproche que m’adresse ma conscience morale pour ce que j’ai fait - ou omis de faire - dans le passé. Notion inséparable de son contenu moral (absent de l’idée de regret).
REPENTIR Disposition morale qui accompagne le remords et intéresse le coupable à son rachat. C’est une volonté de devenir meilleur.
REPRÉSENTATION Action par laquelle la conscience se rend présent un objet quelconque, par ex., (le plus souvent) dans l’imagination. Le mot représentation désigne en outre le résultat de cette action : l’image dans la conscience. On parlera, par ex., de représentations fausses. Dans le vocabulaire politique, la représentation (par ex. “représentation parlementaire”), c’est le corps des délégués à qui le souverain confie l’exercice du pouvoir ; on parle des “représentants de la nation”.
RÉPUBLIQUE Étym. : la chose publique. Après avoir désigné l’État en général, “république” nomme un certain type d’Etat. Mérite de s’appeler républicain tout Etat qui satisfait aux conditions suivantes : principe de la souveraineté populaire (la république se confond presque ici avec la démocratie) ; respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ; souci de rendre chaque citoyen capable et désireux de s’intéresser au bien commun et à la vie des institutions.
RESPECT La difficulté de ce mot vient de ce qu’il désigne à la fois : 1. Un sentiment. 2. Un ensemble de conduites qui peuvent exister sans ce sentiment. Comme sentiment, « le respect est un tribut que nous ne pouvons refuser au mérite » (Kant). La valeur d’une personne nous arrache ce sentiment (force le respect), que nous ne donnons pas volontiers, car il nous contraint à mesurer l’écart entre ce que nous sommes et ce que nous pourrions être. Ce respect est dû à ce que Pascal appelle les « grandeurs naturelles » (Second discours sur la condition des grands). Comme attitude pratique, le respect consiste en un certain nombre de formes extérieures de déférence, qui ne demandent rien au sentiment intime : salut, révérence, façon d’adresser la parole ou de répondre, préséance, etc. Ce respect est dû aux « grandeurs d’établissement » (Pascal, ibid.).
RESPONSABLE, RESPONSABILITÉ Est responsable celui à qui l’on peut légitimement imputer les effets qui viennent de lui. Ce qui suppose au minimum que ces effets découlent d'actes, au sens propre. La tuile qui tue un passant en tombant du toit, la tempête et l’orage ne sont pas responsables, car ils n’ont pas agi. De même l’animal qui réagit par instinct. Dans ce cas, ce qui manque pour qu’on puisse parler de responsabilité, c’est moins la volonté (on peut bien admettre que l’animal en ait une), que la liberté. Le comportement du serpent ou du chien enragé qui mordent est déterminé.
La question de la responsabilité humaine est donc directement liée à celle de la liberté. Juridiquement, cela apparaît dans la notion de “circonstances atténuantes” (les circonstances atténuent la reponsabilité du sujet autant qu’elles sont supposées l’avoir déterminé à agir). Philosophiquement, c’est la question du libre arbitre. -► Acte, déterminer, libre arbitre.
RESSENTIMENT Tristesse rancunière et envieuse.
RÊVE Activité de la conscience pendant le sommeil. Attention : le rêve est conscient, même si la psychanalyse en rapporte le contenu à des désirs inconscients.
RÉVÉLATION Opération par laquelle Dieu créateur se fait connaître à sa créature, lui dévoilant le secret d’elle-même et du monde. La révélation peut emprunter des voies différentes : apparition directe (Moïse et le buisson ardent), prophéties inspirées, textes sacrés, messie (Christ), miracles. La révélation consiste en un ensemble de signes et exige donc d’être interprétée. Les Eglises se sont toujours présentées comme les seuls interprètes qualifiés de la révélation divine.
RÊVERIE Vagabondage de l’esprit, qui ne s’impose d’attention à aucun ordre, ni même à aucun objet déterminé. Bien qu’elle ait lieu à l’état de veille, la rêverie s’apparente au rêve par le fait que le sujet n’exerce aucune souveraineté sur le cours de ses pensées. Celles-ci sont plutôt guidées par la succession des sollicitations extérieures, c’est pourquoi la contemplation d’un spectacle indifférent est la condition la plus propre à la rêverie. (Voir Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire, Cinquième Promenade.)
RÉVERSIBLE, RÉVERSIBILITÉ Est réversible ce qui, une fois accompli, est susceptible de s’accomplir à nouveau en sens inverse. Un déplacement dans l’espace est réversible, mais l’écoulement du temps est irréversible.