Devoir de Philosophie

Poséidon

Poséidon

Poséidon est l’aîné des fils de Cronos et de Rhéa. Comme ses sœurs qui l’avaient précédé, comme son frère Hadès après lui, il fut avalé par son père dès sa naissance. Mais son jeune frère Zeus ayant échappé à la voracité paternelle, Poséidon profita comme les autres du stratagème qui conduisit Cronos à recracher ses enfants. Il sera bien entendu au côté de Zeus chaque fois que celui-ci, retranché sur l’OIympe, devra soutenir un assaut ennemi. La première victoire des Olympiens, sur les Titans, aboutit au partage de l’héritage de Cronos entre ses trois fils. Zeus s’attribua le ciel et la toute-puissance; Poséidon reçut l’empire maritime, tandis qu’Hadès obtenait la souveraineté des Enfers.

• Poséidon et son empire

Il arrive certes que Poséidon, ambitieux et jaloux, se rebelle contre l’autorité de Zeus: il envisagera même un jour, avec la complicité d’Héra, d’enchaîner le maître des dieux ; mais celui-ci déjoua la conspiration et exila un temps Poséidon, lequel dut pendant un an servir comme esclave chez le roi de Phrygie Laomédon et construisit pour lui les murs de Troie. Avide d’exercer son pouvoir sur des terres immergées, Poséidon ne se contenta pas de posséder en propre le séjour merveilleux de l’île de l’Atlantide sur laquelle régnaient son fils Atlas puis ses descendants. À plusieurs reprises, il entrera en conflit avec d’autres divinités dans l'espoir de se rendre maître de nouveaux territoires: avec Athéna, à qui il contesta la suprématie sur. l’Attique — le roi Cécrops préférera l’olivier, don d’Athéna, au cheval, don de Poséidon — ; avec Héra, à qui il enviera la domination de l’Argolide — les trois fleuves du pays ayant donné leurs suffrages à la déesse furent taris par Poséidon et le pays voué à la sécheresse — ; avec Zeus d’une part et avec Dionysos d’autre part, pour l’hégémonie sur les îles d’Égine et de Naxos ; avec Apollon, à qui il devra céder le territoire de Delphes, qu’il détenait jusque là en copropriété avec Gaia ; avec Hélios, pour la possession de l’isthme de Corinthe — et cette fois, il eut gain de cause: la région fut partagée entre les deux concurrents: l’Acrocorinthe étant soumise au dieu Soleil et le reste du pays à Poséidon —.
En revanche, l’autorité de Poséidon sur l’empire des flots ne sera jamais discutée; elle s’exerce non seulement sur les mers, mais sur les lacs et les eaux courantes. Il a le pouvoir d’ébranler la terre, de fendre les montagnes, de faire jaillir les sources et de projeter les quartiers de roches dans la mer pour former des îles. Il habite dans un palais d’or au plus profond de la mer Égée. Il circule sur les vagues dans un char traîné par des chevaux aux sabots d’airain; les belles Néréides et les tritons, monstres à bustes d’homme et corps de poisson soufflant dans des conques, lui font cortège. Il est l’époux d’Amphitrite, l’une des filles de Nérée. Il l’avait remarquée parmi ses sœurs, s’ébattant dans l’île de Naxos. Il lui avait proposé le mariage, mais Amphitrite, effrayée, s’était aussitôt enfuie et réfugiée auprès de son cousin Atlas. Le dieu envoya un dauphin à sa recherche: celui-ci la ramena et pour prix de son service fut immortalisé sous forme de constellation. Depuis lors, Amphitrite règne au côté de Poséidon. Le couple divin aura trois enfants: leur fils, nommé Triton, dieu du lac Tritonis en Libye, est le père de Pallas, amie d’enfance d’Athéna; une fille, Benthésicymé, résidant en Éthiopie, aura un jour à élever un des fils adultérins de son père, Eumolpos, futur roi de Thrace, et fondateur des mystères d’Éleusis; l’autre fille, Rhodos, divinité de l’île de Rhodes, donnera sept fils à Hélios.
Poséidon collectionnera les aventures amoureuses. De Gaia, sa grand-mère, il engendrera le géant Antée qui se mesurera avec Héraclès; de sa sœur Déméter, transformée en génisse pour échapper à sa passion, il engendrera, changé lui-même en cheval, le cheval Aréion, doué de la parole, et une fille — surnommée la Maîtresse — dont le nom est demeuré mystérieux. C’est aussi sous l’aspect d’un cheval qu’il posséda la Gorgone Méduse, et celle-ci portera comme fruits de ses amours Chrysaor, l’homme à l’épée d’or, et le cheval Pégase. Nymphes et mortelles ne résisteront pas au pouvoir de Poséidon. Citons parmi ces dernières la princesse thrace Théophane, qu’il changea en brebis, ayant lui-même revêtu la forme d’un bélier, et qu’il rendit mère du fameux bélier à la Toison d’or — et Ætra, épouse du roi d’Athènes Égée, qui, peut-être des œuvres du dieu, donnera naissance à Thésée. Aussi, Poséidon est-il à l’origine de multiples généalogies. Parmi ses fils, on compte un grand nombre d’êtres monstrueux, violents et malfaisants, tels les gigantesques Aloades, qui tenteront d’escalader l’OIympe, ou le Cyclope Polyphème. Vindicatif (Laomédon ayant refusé d’honorer son travail, c’est là l’origine de la haine du dieu contre les Troyens), Poséidon saura faire naître les monstres les plus redoutables — taureaux ou dragons — pour se venger de tel ou tel mortel ou pour exaucer la prière d’un de ses proches: c’est ainsi que périra — injustement — le fils de Thésée, Hippolyte, calomnié par Phèdre sa marâtre.

• Le culte de Poséidon

Le culte de Poséidon, antérieur à celui de Zeus, est un des plus anciens du monde grec. Le dieu des mers eut à l’origine des attributions beaucoup plus étendues que celles qui concernent son empire; son nom semble d'ailleurs venir d’une racine pot (cf. le mot grec despotes, maître, et le latin potens, puissant), qui évoque le pouvoir. Le trident qui lui est reconnu comme attribut, paraît représenter la foudre et suggérer que Poséidon fut primitivement un dieu du ciel. Supplanté par Zeus comme divinité omnipotente, il saura manifester sa volonté de puissance sur d’autres domaines que la mer. C’est que, personnifiant l’élément humide, il sera toujours lié à la fécondité du sol. Les Anciens lui sacrifiaient les animaux qui symbolisaient à leurs yeux à la fois son action fécondante et son impétuosité, en particulier le taureau et le cheval.
Poséidon est honoré dans tout le monde grec, spécialement à Sparte et en Ionie, à Corinthe où se célébraient en son honneur les Jeux isthmiques, ainsi que dans toutes les villes maritimes. Les Romains ont assimilé à Poséidon leur dieu marin Neptune, à l’origine d’importance très secondaire. Virgile le présente comme un dieu débonnaire, certes jaloux de son autorité, mais sagement soucieux de l’ordre du monde. Le Neptune de l'Enéide paraît avoir oublié la rancune de Poséidon à l’encontre des Troyens.

Figurations multiples pour Poséidon-Neptune, depuis les vases, les fresques, les mosaïques, les marbres et les bronzes antiques jusqu’aux œuvres ultérieures de toute nature: groupe du bassin dit de Neptune à Versailles, par L.-S. Adam ; tableaux de Poussin (Philadelphie) et de Le Brun (Louvre, galerie d’Apollon), représentant Le Triomphe de Neptune; Le Royaume de Neptune (Vaientine Prax, coll. part.); Neptune et Amphitrite par Titien (Blenheim), Carrache (voûte de la galerie Farnèse), Rubens (Berlin); Neptune et Mars (Véronèse, Venise); Dispute de Neptune et Minerve (Jordaens, Florence; N. Halle, Louvre)... La colère de Neptune contre les Vents déchaînés, contée par Virgile (« Quos ego...! Je devrais...! »: Enéide, I, 135) a inspiré notamment Rubens (Dresde) et S. Rosa (Toulouse).



Liens utiles