Devoir de Philosophie

Pontormo, Jacopo Carrucci dit le (Pontormo, Empoli, 1494 - Florence 1556)


Peintre italien. Resté orphelin, en 1508 Jacopo Carrucci, dit le Pontormo d'après le nom de son village natal, arrive à Florence, où il fréquente les ateliers de Léonard de Vinci, Mariotto Albertinelli et Piero di Cosimo. Mais c'est surtout avec Andrea del Sarto, dont il fréquente l'atelier à partir de 1512, que le peintre achève sa formation. Toutefois, dès ses premières œuvres (Scène de l'hôpital Saint Matthieu, Florence, Académie ; Visitation, Florence, église de l'Annunziata) transparaît l'inquiétude qui caractérisera les œuvres de Pontormo, qui réinterprète avec des accents personnels le classicisme d'Andrea del Sarto. Entre 1513 et 1514, Pontormo participe à la décoration des apparats organisés pour l'entrée du pape Léon X à Florence, instaurant avec la famille Médicis un lien qui se maintiendra toute sa vie durant. En 1518, avec le retable Pucci de l'église Saint-Michel à Visdomini, le style du Pontormo est désormais arrivé à un tournant décisif : en effet, dans ce tableau la tension est constante. Les Scènes de la vie de Joseph (Londres, National Gallery), datant de ces mêmes années, démontrent l'influence de la peinture nordique, connue à travers la circulation des gravures. Entre 1519 et 1521, Pontormo peint à fresque la lunette montrant Vertumne et Pomone dans la villa de Poggio a Caiano, appartenant à la famille Médicis. La peste qui sévissait à Florence poussa le peintre à chercher refuge dans la Chartreuse du Galluzzo, non loin de Florence, où en 1523 il peignit dans le cloître les fresques représentant les Épisodes de la Passion, riches en suggestions nordiques. Pour ce même couvent, il peignit le Repas d'Emmaüs (Florence, Offices), peinture dans laquelle les éléments réalistes se mêlent à une certaine tendance au mysticisme. Deux chefs-d'œuvre de sa maturité sont la décoration de la chapelle Capponi à Santa Felicita de Florence et la Visitation, à l'église paroissiale de Carmignano, exemples suprêmes du premier maniérisme florentin et expression d'une peinture intellectuelle et visionnaire. Les dernières années de sa vie, au cours desquelles Pontormo exécuta les fresques aujourd'hui perdues de l'église Saint-Laurent à Florence, sont marquées par un isolement mélancolique dont témoigne le journal laissé par l'artiste. Rappelons également les intenses portraits, parmi lesquels figurent le Jeune homme (Lucques, Musée National de villa Guinigi) et le Hallebardier (New York, Collection Frick).

[841]
La vie malheureuse de Jacopo Pontormo conditionna probablement son évolution artistique. Le maître florentin se renferma de plus en plus dans son isolement et dans les manies obsessives qui caractérisent les dernières années de sa vie. En début de carrière, il se rapprocha d'Andrea del Sarto, puis refusa très tôt la composition trop rationnelle et le naturalisme de la peinture florentine de la Renaissance. Il élabora à ce moment un langage personnel basé sur des figures compliquées et des poses affectées, sur des compositions qui perdirent progressivement toute référence spatiale, enfin sur des couleurs vives et irréelles sans clairs-obscurs qui donnèrent aux images un aspect éblouissant et suggestif. Michel-Ange devint un point de confrontation pour le Pontormo et il cherchera constamment à le dépasser. Les gravures d'Albrecht Dürer jouèrent un rôle important pour l'artiste qui s'en inspira dans ses œuvres au niveau des éléments dramatiques et du réalisme brutal.

[641]
Ce tableau surmonte l'autel de la chapelle Capponi dans l'église de la Santa Felicita à Florence. 

C'est une oeuvre de Jacopo Carucci, mieux connu sous le nom de Pontormo, d'après celui de son village natal.

Dans ce tableau, Pontormo, principal représentant du maniérisme florentin avec Rosso Fiorentino et Andrea del Sarto, atteint le sommet de son art, dominé par une forte tension intérieure, évidente dans toutes ses oeuvres.

En rupture avec la tradition formelle, ce peintre donne naissance à des créations complexes où l'observation naturaliste cède la place à des compositions irréelles, à des couleurs brillantes et denses et à une gestualité emphatique et expressive.

[541]
Ce tableau représente la mise au tombeau du Christ.

Contrairement à l'iconographie traditionnelle de la Déposition, la Croix ne figure pas sur le tableau, alors qu'habituellement elle apparaît à l'arrière-plan.

Le corps abandonné de Jésus, éclairé par une lumière aveuglante, est soutenu par deux jeunes gens qui ont l'air de procéder avec peine sous le poids du corps, mais qui en fait marchent sur la pointe des pieds, presque comme s'ils dansaient.

Au corps abandonné du Christ fait pendant l'image de la Vierge, sur le point de s'évanouir, selon un schéma iconographique propre au thème de la Crucifixion.

Les Saintes Femmes accourent pour la secourir, tandis que derrière elles se tient l'apôtre Jean, choisi par Jésus pour assister sa mère dans les dernières années de sa vie.

La scène se déroule dans un décor vague et irréel, où le seul point de repère réaliste consiste dans le nuage représenté à gauche.

La lumière intense qui provient de la partie antérieure est mulipliée par le choix de couleurs chaudes pour les vêtements des personnages du premier plan, tandis que les tonalités de bleu prédominent dans l'habillement des personnages en retrait.

[441]
La composition, qui s'inscrit dans un cercle, suit la forme courbe du support.

Rejetant les règles de la perspective propres à la peinture renaissante, Pontormo donne naissance à une composition improbable, dans laquelle les personnages du fond reposent sur un plan hypothétique excessivement élevé.

L'impression d'espace provient uniquement de la masse des corps, tous vus de biais et en retrait.

En harmonie avec les choix précédemment adoptés par Michel-Ange, largement repris ensuite par les artistes du XVIe siècle, la ligne serpentine domine largement, dessinant le corps du Christ, ceux des deux jeunes gens qui soutiennent Jésus et aussi celui de la Vierge.

Toute la composition est elle aussi agencée en vertu d'une ligne sinueuse qui part de la tête du personnage représenté au sommet du tableau pour arriver jusqu'à terre.

[341]
La chapelle Capponi avait été édifiée dans l'église de la Santa Felicita pour la famille Barbadori dans la première moitié du XVe siècle d'après un projet de Filippo Brunelleschi.

Outre le tableau représentant la Déposition, Pontormo avait peint également la paroi de fond de cette chapelle, en y représentant l'Annonciation.

Sur la voûte, quatre "tondi" représentant les Évangélistes, peints en collaboration avec Agnolo Bronzino, son élève, dont les oeuvres de début dénotent nettement l'influence du maître.

Sur ce même thème de la Déposition de croix, Rosso Fiorentino donnera une interprétation tout aussi dramatique et irréelle dans la troisième décennie du XVIe siècle, dans un tableau actuellement à la Pinacothèque de Volterre.

Les couleurs ardentes et violentes adoptées par Pontormo dans cette oeuvre florentine caractérisent également une autre oeuvre célèbre qu'il peignit au cours de ces mêmes années : la Visitation aux accents visionnaires exécutée pour l'église paroissiale de Santa Michele a Carmignano. 

L'origine de ces couleurs si particulières remonte probablement au Tondo Doni de Michel-Ange, qui présente pour la première fois dans le panorama florentin ces teintes acides et violentes.


Liens utiles