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Piet Mondrian

[910] Né à Amersfoort, près d’Utrecht, en 1872, Piet Mondrian suivit les cours de l’Académie des Beaux-Arts d’Amsterdam de 1892 à 1895. Au début, l’artiste hollandais orienta sa peinture vers les paysages et travailla comme copiste d’art antique afin de pouvoir vivre. Après s’être installé à Domburg, en 1908, Mondrian se tourne vers le symbolisme à travers lequel il entreprend un processus de simplification qui le conduit à utiliser des couleurs pures, privées de nuances et étendues de façon uniforme, tout comme les maîtres Fauves. La période passée à Paris, de 1911 à 1914, rapproche Mondrian du cubisme de Picasso et de Braque qui pousse l’artiste à entreprendre une composition du réel et des volumes selon des formes simplifiées à tendance géométrique. La série des Arbres, réalisée de 1909 à 1913 et qui se trouve aujourd’hui au Geemtemuseum de La Haye, constitue un bon exemple de ce passage progressif du naturalisme à l’art abstrait. De 1914 à 1919, Mondrian réside aux Pays-Bas où il fonde, avec Van Doesburg, la revue De Stijl et encourage le néoplasticisme, mouvement artistique dont les principes théoriques sont résumés par les auteurs eux-mêmes dans les deux manifestes de 1918 et 1920. Ces années-là, le maître exécute les compositions rigoureuses et abstraites qui l’ont rendu célèbre dans le monde entier ; elles sont basées sur l’usage exclusif de couleurs fondamentales et de lignes perpendiculaires qui créent des rectangles et des carrés (Tableau I, coll. privée, Bâle ; Compositions, Geemtemuseum, Amsterdam). Revenu à Paris en 1919, l’artiste abandonne la revue De Stijl quelques années plus tard et adhère, d’abord au groupe de peintres abstraits Cercle et Carré en 1930, puis au mouvement Abstraction-Création en 1932. En 1940, Mondrian part s’installer aux Etats-Unis où sa peinture connaît un souffle de renouveau sous les sollicitations des rythmes du jazz et de la modernité des villes américaines (Broadway Boogie-Woogie, 1943, Museum of Modern Art, New York ; New York City, 1942, coll. privée, New York). [810] Connu dans le monde entier pour ses peintures abstraites et géométriques, Piet Mondrian n’arrive à élaborer son langage très personnel qu’à l’âge mûr, après avoir transité par l’impressionnisme des premiers paysages, par le symbolisme et le cubisme. Le langage artistique très rigoureux auquel parvient Mondrian dans la deuxième décennie du siècle, qualifié de néoplasticisme, est le fruit d’une longue maturation et d’une élaboration théorique complexe selon laquelle l’art ne doit s’occuper que de problèmes absolus et universels et éviter à tout prix l’accidentel et le détail que l’on retrouve dans le naturalisme et le décoratif. Mondrian élabore ainsi un langage abstrait, capable de représenter l’essence de toutes les choses, qui n’utilise que l’indispensable, à savoir les couleurs primaires - rouge, jaune, bleu, plus les non-couleurs du noir et blanc - et les axes cartésiens symbolisant deux forces opposées dont l’équilibre fait jaillir l’harmonie de l’univers. Il en résulte des compositions rigoureuses et rationnelles, provenant de l’entrecroisement réfléchi des droites et de l’alternance rythmique de rectangles et de carrés de couleur qui, dans ses œuvres tardives, semblent reproduire le rythme et les harmonies de la musique. [610] Ce tableau, une des nombreuses compositions qui ont rendu l’artiste hollandais célèbre dans le monde entier, a été exécuté par Piet Mondrian en 1919. La peinture abstraite et bidimensionnelle élaborée par l’artiste, à base de lignes et de surfaces planes, vise à représenter l’essence des choses, la réalité immuable au-delà des apparences, comme l’explique dans ses écrits le peintre lui-même, qui utilise le terme de “néoplasticisme” pour définir son art. Un rapport étroit avec la réalité environnante, dont la substance ne peut être représentée qu’à travers le langage abstrait, se maintient donc dans les œuvres de Mondrian. [510] La composition consiste en un système de lignes se chevauchant perpendiculairement, et qui constituent la structure. Les rectangles et les carrés qui viennent ainsi à se créer sont remplis de couleurs en aplats uniformes et compacts, sans aucune nuance. L'abstraction recherchée par Mondrian pousse l’artiste à n’utiliser que des couleurs primaires : le rouge, le jaune et le bleu. Le blanc, le noir, les gris, c’est-à-dire les non-couleurs, ne sont plus réservés à la toile de fond, mais deviennent partie intégrante de la composition, annulant toute impression d’espace du tableau, totalement dépourvu de profondeur. [410] L'équilibre chromatique et formel recherché par Mondrian apparaît avec évidence jusque dans le choix du format carré de la toile, forme qui apparaît également quatre fois dans la composition. La structure de l’œuvre est donnée par les deux droites perpendiculaires qui se croisent. Le tableau est donc le résultat de l’équilibre de deux forces opposées : la droite horizontale et la verticale, parfaitement identiques. Comme dans les choses de la vie, l’harmonie naît selon Mondrian du parfait équilibre des deux contraires. L’altération de cet équilibre, provoquée par la suprématie d’une force sur l’autre, donne naissance au tragique. A la structure primaire de la composition s’ajoutent des lignes qui partagent la surface en rectangles ou en carrés. L'équilibre formel est obtenu également par la disposition des couleurs primaires aux quatre coins du tableau, en alternance avec des plans neutres ; c’est aux couleurs qu’il revient de représenter le rythme et la variabilité des choses, tandis que le noir et le blanc représentent l’essence immuable de la réalité. [310] Mondrian aboutit à un langage artistique innovateur et personnel après avoir accompli un long parcours qui l’amène à se rapprocher, d’abord du mouvement des Fauves, puis du cubisme. C’est à la première expérience que Mondrian emprunte le choix de juxtaposer les couleurs en aplats, sans aucun clair-obscur. Quant au cubisme, surtout celui de Picasso et de Léger, Mondrian lui emprunte le procédé de découpage géométrique de la réalité, qui toutefois chez les peintres cubistes reste toujours lié à l’intention de représenter les volumes, contrairement à ce qui se passe pour l’artiste hollandais. Le recours aux couleurs pures et la fonction “matiériste” qu’est appelé à jouer le fond blanc de la toile caractérisent également la peinture abstraite de Jackson Pollock, qui commence à peindre juste au moment où Mondrian arrive au terme de sa vie.

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