PHILOSOPHIE PHYSIQUE PLAISIR POLITESSE POLITIQUE POSSIBLE, POSSIBILITÉ POSTULAT POURQUOI...? POUVOIR PRAGMATIQUE, PRAGMATISME PRATIQUE PRÉDESTINATION prédiction PRÉJUGÉ
PHILOSOPHIE Il est évidemment impossible de proposer une définition définitive de la philosophie : 1. La signification du mot a évolué au cours du temps. 2. Cette définition constitue elle-même un problème philosophique. L’étymologie peut induire en erreur, si l’on traduit (comme souvent) par amour de la sagesse. La sophia grecque est plutôt “savoir” que “sagesse” (qui a une signification essentiellement pratique). Ceux qui, dès l’Antiquité, s’appellent philosophai, se définissent comme tels par rapport à un idéal de connaissance. Jusqu’à la fin de l’âge classique et aux Lumières, philosophie désignera une entreprise théorique d’intelligence intégrale du réel. Longtemps, la philosophie englobera toutes les disciplines qui en sont aujourd’hui séparées sous le nom de sciences (naturelles ou humaines). En tant qu’activité spécifique, distincte de toutes les autres branches de la connaissance, on peut de façon très schématique, distinguer deux tendances dans la manière de concevoir la philosophie. Une tendance théorique, qui voit dans la philosophie une activité tournée vers la connaissance, et dont l’idéal serait la science : « science universelle, science du tout du monde, de l’unique totalité qui embrasse tout ce qui est » (Husserl). Une tendance pratique, qui articule l’activité philosophique à la vie, lui assignant pour but la sagesse : « La philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse » (Epicure). Ces deux tendances ne s’excluent nullement, et leur articulation est un thème éternel de méditation pour la philosophie. -> Pratique, sagesse, théorique.
PHYSIQUE Etym. : étude de la nature (en grec physis). Mais la nature qu’étudie la physique scientifique n’a plus grand-chose à voir avec le sens que les Grecs donnaient à ce mot. Surtout, la physique étudie la nature du point de vue de la matière qui la constitue, de la structure et des lois fondamentales de cette matière.
PITIÉ Souffrance qu’un être sensible éprouve au spectacle de la souffrance d’un autre. La philosophie morale a beaucoup discuté de la valeur de ce sentiment.
PLAISIR Sensation agréable de bien-être. On distingue un plaisir en mouvement, celui qui résulte d’une excitation extérieure (nourriture, boisson, caresses, exercice physique, contemplation esthétique,...), d’un plaisir en repos, absence de trouble d’un organisme en équilibre stable. Ce plaisir est dit catastématique, c’est-à-dire constitutif. C’est en ce second sens qu’Epicure et ses disciples ont pu ériger le plaisir en souverain bien.
POLITESSE « Une gymnastique de l’expression, qui conduit à ne jamais faire comprendre que ce que l’on veut » (Alain). L’erreur est de confondre la politesse avec les simagrées hypocrites de ceux qui veulent plaire à tout prix.
POLITIQUE La politique est l’activité humaine qui se donne pour fin la conduite de la cité (en grec polis). Peut-être l’activité la plus noble de toutes, car elle a pour fin le progrès de l’humanité ; et la plus essentiellement humaine, car celui qui s’y engage a au moins une certitude : il ne jouira jamais des résultats de son action, ni même ne les verra. Cette idée de la politique ne peut naturellement se réaliser - vaille que vaille - que dans les conflits d’intérêts (collectifs et individuels) qui traversent la société. S’utilise également au masculin (Je politique). -> Cité, idée.
POSITIF A rarement, en philosophie, le sens courant : favorable, bénéfique. Qualifie plutôt ce qui existe réellement, dans les faits, par opposition à ce qui est de l’ordre de l’idée. Par ex. : le “droit positif’. -> Droit.
POSSESSION Je suis en possession d’un objet lorsque j’en ai la jouissance de fait, c’est-à-dire lorsque je peux matériellement l’utiliser. Ce qui ne veut pas dire que j’en sois propriétaire. La propriété est un lien juridique d’une personne à une chose, tandis que la possession n’est qu’un lien matériel. -► Propriété.
POSSIBLE, POSSIBILITÉ Est possible ce qui n’implique pas contradiction. 1. Contradiction logique, entre des concepts : un cercle carré est logiquement impossible. Mais un monde sans guerre est logiquement possible : rien, dans la notion de monde n’implique celle de guerre. 2. Contradiction matérielle : un vivant immortel est physiquement impossible (du moins dans l’état actuel des choses).
POSTULAT Proposition non démontrée, qu’on admet comme énoncé initial d’une théorie (le plus souvent en mathématique). Contrairement à l’axiome, le postulat ne s’impose en vertu d’aucune évidence intrinsèque, et peut même heurter le préjugé ; il est posé arbitrairement. Par ex. : les postulats des géométries non-euclidiennes. -> Axiome, proposition.
POURQUOI...? L’adverbe interrogatif peut avoir deux sens, qu’il importe de distinguer en raison de sa fréquence dans les sujets de dissertation. 1. Pour quelle (s) cause (s) : on demande une explication ; par ex. : “Pourquoi êtes-vous si pâle ? ” Sujets : “Pourquoi le passé suscite-t-il encore des passions ?” - “Pourquoi l’homme peut-il être inhumain ? ” 2. Pour quelle (s) raison (s) : on demande une justification, comme dans la question “Pourquoi faire ? ” Sujets : “Pourquoi dois-je respecter la personne ?” - “Pourquoi obéir aux lois ? ” Suivi de l’infinitif, “pourquoi” a toujours ce sens.
POUVOIR 1. Comme verbe, “pouvoir” possède deux acceptions, qu’il est capital de ne pas confondre car elles interviennent très souvent dans les sujets de dissertation : a) Possibilité : “Puis-je être sûr de ne pas me tromper ?” “Peut-on penser l’écoulement du temps ?” b) Droit : “Peut-on désobéir à la loi ?” 2. Comme nom, il s’agit du pouvoir. Un être se trouve vis-à-vis d’un autre en situation de pouvoir lorsqu’il est en mesure de commander à la volonté de l’autre. Le pouvoir est donc une relation, qui implique certaines conditions de part et d’autre. Les formes du pouvoir sont aussi diverses que les conditions dans lesquelles il s’exerce. Le pouvoir politique est l’une des figures -non la seule - du pouvoir. Les relations de pouvoir au sein de la société procèdent d’origines diverses : famille, couple, entreprise, école, médecine sont (parmi bien d’autres) des lieux de pouvoir. Ne pas conf. pouvoir avec force ou puissance.
PRAGMATIQUE, PRAGMATISME Est pragmatique toute conception qui fait de l’efficacité et de la réussite le critère principal d’évaluation d’une pensée : est vrai, est juste ce qui réussit. -> Critère.
PRATIQUE Se dit de ce qui concerne l’activité humaine, en tant qu’elle transforme la réalité existante, dans quelque domaine que ce soit. S’oppose à “théorique”, qui qualifie l’activité de pure connaissance, activité qui laisse intact l’objet connu. La pratique est l’activité transformatrice de l’homme ; le pratique est tout le domaine concerné par cette activité. Chez Kant, pratique est syn. de moral (“raison pratique”, “impératif pratique”).
PRÉDESTINATION On parle de la prédestination lorsque ce qui arrive résulte d’une volonté suprême dont les décrets ont été fixés à l’avance. La croyance à la prédestination équivaut au pur fatalisme. -> Fatalisme.
prédiction Prédire, c’est annoncer un événement dont on a une connaissance anticipée, en vertu de pouvoirs surnaturels. La prédiction se distingue de la prévision, toujours fondée sur la connaissance des rapports naturels entre les choses. Le météorologue prévoit le temps qu’il fera à partir des conditions présentes de l’atmosphère. Pour effectuer leurs soi-disant prédictions, le devin, l’astrologue, la voyante, prétendent disposer d’une capacité à lire directement dans l’avenir. PRÉJUGÉ « Une opinion sans jugement. » (Voltaire.) Toute idée ou représentation admise sans que la raison ait exercé son pouvoir - qui est en même temps un devoir ! - de jugement critique. Le préjugé est l’opinion, toujours fausse même si son contenu est vrai, puisque résultant du hasard des rencontres. C’est l’idée reçue. -► Opinion.
PREUVE La preuve est l’opération par laquelle la vérité d’une proposition devient certaine. La preuve peut consister en la simple observation d’un fait (par ex. si j’ai à prouver l’énoncé : “Il fait jour”) ; elle peut exiger une démonstration rationnelle (comme en mathématique). Attention : la preuve ne fait pas la vérité d’une proposition ; même non prouvée, une affirmation vraie est vraie : avant qu’on ne le prouve, il était déjà vrai que la Terre tourne autour du Soleil. La preuve ne sert qu’à nous donner la connaissance certaine de la vérité d’une proposition. -> Certitude, démonstration.
PRÉVENTION Au sens philosophique, la prévention est le préjugé. L’esprit est prévenu en un certain sens, favorablement ou défavorablement, vis-à-vis d’une thèse, ce qui compromet son accès au vrai. Eviter la prévention est l’une des règles que Descartes inclut en sa méthode (Discours, II).
PRÉVISION Opération par laquelle l’esprit peut connaître - dans certaines limites - les phénomènes ou événements futurs, en se basant sur la connaissance des rapports naturels entre les choses (et non sur un don surnaturel de prédiction). Ce qu’on sait des lois qui régissent les phénomènes en général, et des conditions particulières du moment présent, permet de connaître (et même de provoquer, en agissant sur ces conditions particulières), certains événements à venir. -► Loi, prédiction.
PRIMITIF Le primitif, c’est l’homme supposé se trouver dans un état premier, originel, du développement de l’humanité. Il y a là évidemment un mythe : « Il n’y a pas, parmi celles que nous connaissons, de sociétés primitives, si l’on entend par là des sociétés dont l’organisation serait presque entièrement déterminée par la soumission adaptative à la contrainte extérieure » (Marcel Gauchet). Dans la terminologie de l’ethnologie et de l’anthropologie, le primitif a remplacé le sauvage, mais se trouve aujourd’hui supplanté par d’autres mots (indigène). Cette évolution du vocabulaire reflète un souci, de la part de l’ethnologue, de ne pas ériger la civilisation européenne occidentale en modèle et finalité de tout développement humain.