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Pablo Picasso


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Peintre espagnol. Né à Málaga en 1881, Pablo Picasso fréquenta l'Académie des Beaux-Arts de Barcelone à partir de 1894. Après avoir vagabondé entre Barcelone, Horta de Ebro et Paris, Picasso s'établit définitivement dans cette ville en 1904. Il y mène une vie sociale intense, se liant d'amitié avec les poètes Max Jacob, Apollinaire et avec Matisse. On qualifie traditionnellement de « période bleue » celle qui va de 1901 à 1904 : elle est caractérisée par des toiles qui représentent surtout des pauvres gens, des saltimbanques, des sentiments familiaux, dominées par des tonalités de bleu (Femme en bleu, Musée Reina Sofia, Madrid). Cette phase est suivie de la « période rose » (1905-1906), caractérisée par une sensibilité particulière au coloris (La Famille d’acrobates, Konstmuseum, Göteborg). Mais l'attention du peintre se fixe surtout sur le problème de la représentation de la réalité et des volumes, comme on peut le constater déjà dans le Portrait de Gertrude Stein datant de 1906 (Metropolitan Museum, New York). Le rapprochement avec les formes épurées de l'art primitif et avec l'œuvre de Cézanne aboutit à la conception en 1907 du célèbre tableau intitulé Les Demoiselles d'Avignon (Museum of Modern Art, New York), première toile cubiste. Sa rencontre avec Georges Braque pousse Picasso à approfondir les possibilités de ce nouveau langage et donne naissance au mouvement du cubisme analytique, qui le voit occupé à peindre des portraits, des paysages et des natures mortes (1908-1910). C'est à cette époque que remontent le Portrait d’Ambroise Vollard (Musée Pouchkine, Moscou), Usine à Horta de Ebro (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg), œuvres caractérisées par l'analyse et la décomposition des éléments plastiques qui définissent l'objet. Plus tard, le passage au cubisme synthétique affirme l'autonomie entière du fait artistique, qui n'est plus expression de l'apparence. Le peintre est donc libre d'élaborer des images, réalisées en utilisant des matériaux différents comme le sable, des journaux, des cordes (La Guitare, Nasjonalgalleriet, Oslo). Les formes complexes et articulées de la phase analytique cèdent la place à des créations basées sur des plans simplifiés, librement assemblés en associations qui donnent aux œuvres un aspect surréel (Trois musiciens, Museum of Art, Philadelphie ; Pêche de nuit à Antibes, Museum of Modern Art, New York). Un exemple magistral du langage de la maturité de Picasso est la toile monumentale de Guernica (Musée Reina Sofia, Madrid), datant de 1937, œuvre dont on conserve les nombreuses études préparatoires qui en ont précédé l'exécution. Le tableau a pour thème le bombardement de la petite ville espagnole de Guernica au cours de la guerre civile, tandis que Picasso était directeur du musée du Prado. Toutefois, les retours à l'art figuratif ne manquent pas : c'est le cas des œuvres néoclassiques exécutées au début des années 20, après un long voyage en Italie, en compagnie du chorégraphe S. Diaguilev, ou la redécouverte de la peinture d'Ingres (Trois Femmes à la fontaine, Museum of Modern Art, New York ; Arlequin, Musée d’Orsay, Paris). Engagé politiquement en faveur de la paix dans le monde, Picasso s'est consacré dans sa maturité à la réalisation d'un atelier de céramique à Vallauris, activité qu'il a exercé parallèlement à celle de la gravure. Considéré comme le plus grand artiste de notre siècle, Picasso, qui s'est aussi intéressé à la sculpture (Verre et couteau, Tate Gallery, Londres ; Chèvre, Musée Picasso, Paris) a représenté un exemple suprême pour de nombreux artistes contemporains, européens et américains.

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La carrière artistique de Pablo Picasso a connu une évolution complexe et multiple, signe évident du génie de ce peintre. Au tout début de sa carrière, lorsqu’il exerçait à Barcelone, puis à Paris, il peignit des mendiants et des acrobates, ainsi que des tableaux ayant pour sujet des enfants ou des scènes d’intimité familiale, tous marqués par une tonalité mélancolique et sentimentale. Après cette première phase, que l’on subdivise en “période bleue” et “période rose” en fonction de la prédominance d’une de ces deux couleurs dans les tableaux de l’époque, Picasso commença à s’intéresser à l’art primitif. Il s’interrogea davantage sur les différentes possibilités d’expression dans l’art, réflexion qui aboutit à une simplification des formes. La rétrospective consacrée à Cézanne en 1907 ouvrit la voie au cubisme, mouvement artistique fondé par Picasso et Georges Braque, qui attira immédiatement de nombreux autres artistes. La première phase de ce mouvement, dénommée “cubisme analytique”, se caractérise par la décomposition de la réalité en formes géométriques, ce qui permet d’enquêter sur les structures essentielles de l’objet. La rationalité et l’adhésion à la réalité qui caractérisent le travail de Picasso et du cubisme en général apparaissent clairement dans les premiers collages, dans lesquels des objets de tous les jours ou de petits fragments de la réalité concrète sont appliqués sur la toile. Le cubisme analytique fut suivi par ce qu’on a appelé “cubisme synthétique”, phase marquée par un écrasement des volumes et par une décomposition moins fragmentaire, mais où les formes deviennent moins reconnaissables, car elles sont réassemblées de façon tout à fait surréelle. C’est de là que dérive la liberté totale des œuvres de la maturité de Picasso, dans lesquelles il traite librement les figures, en suggérant des associations inattendues.


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Œuvre fondamentale dans l’histoire de l’art de tous les temps, le tableau connu sous le titre Les Demoiselles d'Avignon marque une rupture radicale dans le parcours artistique de Pablo Picasso, ainsi que dans la tradition figurative européenne. Il fut exécuté par le peintre espagnol en 1907, et suscita à la fois la stupeur et les polémiques chez les artistes et les critiques qui eurent l’occasion de l’admirer. Considéré comme le premier exemple d’art cubiste, langage artistique développé par Picasso et Georges Braque l’année suivante, ce tableau est le fruit d’une lente élaboration qui amena Picasso à modifier progressivement la composition originale, en laissant en définitive la toile inachevée.

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La toile représente cinq nus féminins, révélant la prédilection de Picasso pour la figure humaine, à laquelle il applique le principe de découpage et de synthèse des formes propres au cubisme.
Selon l’idée originale, le tableau devait représenter quelques femmes dans une maison de tolérance en compagnie de deux hommes, qui furent éliminés dans la version finale de l’œuvre.

Les corps nus des Demoiselles, représentés dans des poses voluptueuses et avec quelques vêtements çà et là, sont définis par des contours nets et tranchants, tandis que les volumes sont ramenés à des formes essentielles et géométrisantes, qui font penser justement à des cubes.
A la conception encore relativement traditionnelle qui préside à l’agencement des trois femmes sur la gauche, s’opposent les deux figures révolutionnaires de droite, entièrement transformées aussi bien dans leurs traits, évoquant des masques, que dans l’agencement de leurs corps.

Le seul élément accessoire de cette composition essentielle est la nature morte que l’on voit au premier plan en bas, et qui représente une grappe de raisin, une pastèque, une pomme et une poire.  

Dans le choix d’un coloris basé sur les variations des mêmes tonalités rose-brun, ce tableau annonce les tons monochromatiques des toiles de la période cubiste.

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Les principes rationnels d’agencement de l’espace qui caractérisent la tradition figurative européenne sont éliminés dans ce tableau des Demoiselles d’Avignon, dont l’effet de profondeur est annulé par le pan de tissu qui couvre le fond, et qui écrase les figures au premier plan.

Toutefois, les trois figures sur la gauche sont disposées le long d’une diagonale qui souligne le lien qui persiste encore avec la tradition figurative naturaliste.

Par contre, l’agencement de la figure féminine assise sur la droite est entièrement libre : on voit en même temps son dos, son sein et son visage, en vertu d’une conception qui anticipe les œuvres du “cubisme analytique” ou “scientifique”.

De même, le visage de la femme, défini par des surfaces uniformes et plates, est découpé et altéré dans ses aspects essentiels, avec pour résultat une expressivité plus marquée.

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La lente élaboration des Demoiselles d'Avignon est attestée par l’existence de nombreux dessins et études préliminaires exécutés par l’artiste. 

Le thème choisi par Picasso relève d’une tradition figurative consolidée et rappelle essentiellement des tableaux représentant des Baigneuses, comme ceux de Cézanne ou Renoir. 

La connaissance des œuvres de Paul Cézanne fut d’une importance fondamentale pour l’évolution artistique de Picasso. En effet, Cézanne soumettait les formes à un processus de simplification en les réduisant à des cylindres, des sphères et des cônes (Les Joueurs de cartes). L’année même où Picasso peignait Les Demoiselles d’Avignon se tint à Paris une importante rétrospective du grand peintre français, qui influença un grand nombre d’artistes contemporains de Picasso.

Un autre facteur important qui semble avoir joué un rôle déterminant dans les transformations du style de l’artiste espagnol a été l’art primitif, connu surtout à travers les nombreux objets importés essentiellement des pays d’Afrique et d’Océanie, collectionnés par Picasso lui-même.

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Le portrait du marchand d'art Ambroise Vollard fut exécuté par Picasso pendant son séjour à Horta de Hebro, en Espagne, entre 1909 et 1910.

C'est au cours de cette période que le peintre espagnol, un des plus grands artistes de notre siècle, perfectionna sa réflexion sur la représentation de la réalité et la composition des formes, amorcée en 1907 avec le tableau Les Demoiselles d'Avignon, première œuvre cubiste.
Le portrait de Vollard, ainsi que d'autres œuvres de cette même période marque l'aboutissement à un cubisme appelé analytique, dans la mesure où stylistiquement, les objets sont analysés et décomposés dans leurs éléments plastiques.

Les promoteurs de ce langage innovateur furent Picasso et Georges Braque, qui reçurent l'adhésion enthousiaste d'autres artistes.

Picasso, dont le génie est évident dans sa capacité de renouveler sans cesse sa peinture, arrive au cubisme après la "période bleue", entre 1901 et 1904, et la "période rose", de 1905 à 1906, étapes stylistiques qui doivent leur nom aux tonalités chromatiques dominantes dans les œuvres de cette période.

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Le tableau représente Ambroise Vollard, célèbre marchand d'art qui s'était fait le promoteur des œuvres des Impressionnistes.

L'homme est représenté de face, et malgré la décomposition des formes, on reconnaît bien l'ovale et les traits somatiques de son visage, ce qui dénote l'intérêt de Picasso pour la réalité.

La fragmentation des figures indique la volonté de l'artiste de représenter en même temps les différents aspects d'un même objet, en permettant une connaissance approfondie de la réalité allant au-delà des apparences.

Sur la veste boutonnée on peut voir le mouchoir qui sort de la pochette.

Vollard est assis dans une pièce où figurent à droite un livre et à gauche une table sur laquelle une bouteille est posée.

Dépassant les premiers aboutissements cubistes qui respectaient le contour des figures, dans cette phase analytique Picasso fragmente les objets, qui s'enchevêtrent et s'amalgament avec les éléments de la toile de fond.

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L'homme représenté par Picasso est vu de face, d'un point de vue légèrement plus élevé, qui permet au peintre de bien montrer son front haut.

Mais Picasso entend représenter les différentes faces d'un même objet et nous montre en même temps le visage de Vollard de face, comme on peut le constater d'après les lignes du nez et de la mâchoire.

Les objets sont décomposés en figures simplifiées semblables à des formes géométriques, qui s'enchevêtrent comme dans une toile d'araignée. C'est de ce choix figuratif que naît le terme de "cubisme", provenant d'un commentaire amusé d'Henry Matisse, repris ensuite par le critique d'art Louis Vauxcelles.

L'agencement du visage de Vollard suit un schéma reproposé par Picasso dans bon nombre de portraits exécutés au cours de ces mêmes années : le front est coupé en deux, une surface plane relie le front aux orbites des yeux, la bouche et les oreilles sont nettement détachées.

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Ce tableau marque une phase de maturation des réflexions de Picasso sur la représentation de la réalité, au cours de laquelle l'artiste peignit de nombreux autres portraits, paysages et natures mortes.

Les bases sur lesquelles s'appuient les élaborations formelles de Picasso furent sa connaissance de l'art nègre, caractérisé par des formes épurées et simplifiées, et de la peinture de Cézanne qu'il eut l'occasion d'admirer au cours de la rétrospective qui lui fut consacrée en 1907 à Paris.

Cézanne lui-même avait fait le portrait d'Ambroise Vollard, principal promoteur de sa peinture.

De nombreux peintres contemporains adhérèrent aux conceptions cubistes élaborées par Pablo Picasso et Georges Braque, parmi lesquels Fernand Léger et Juan Gris.

Picasso, qui avait reçu une formation traditionnelle à l'École des Beaux-Arts, aboutit au cubisme après avoir affronté des sujets comme les sentiments familiaux, les pauvres et les saltimbanques dans ses œuvres des périodes bleue et rose.

Le cubisme analytique sera suivi par le cubisme synthétique, phase au cours de laquelle la décomposition systématique s'atténue pour céder la place à des surfaces plus étendues et des formes juxtaposées de façon tout à fait inattendue, qui permettent à l'artiste d'atteindre une entière liberté formelle.

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