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Otto Dix

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Artiste et dessinateur allemand, Otto Dix fit ses études à Dresde et à Düsseldorf. Il fut profondément perturbé par les années passés au front durant la guerre de 1914-1918. Les signes de cette expérience sont évidents dans plusieurs œuvres à thème militaire qui dénoncent les horreurs de la guerre, notamment le Triptyque de la Guerre (1922-1932, Staatliche Kunstsammlung, Dresde) et une série d’eaux-fortes intitulées La Guerre de 1924. Après une période d’adhésion au mouvement Dada de Berlin, auquel Dix emprunte le ton ironique et désacralisant de ses œuvres, l’artiste lance, avec Grosz et d’autres artistes, le mouvement de la Nouvelle Objectivité, racontant à travers ses tableaux les dépravations, l’hypocrisie et la violence de la société allemande pendant la République de Weimar. De cette époque, ses œuvres les plus en vue sont Le vendeur d’allumettes (1920, Staatsgalerie, Stuttgart), les portraits de La Journaliste Sylvia von Harden (1926, Musée National d’Art Moderne, Paris) et Hugo Erfurth (1926, coll. Thyssen-Bornemisza, Madrid) et les Sept Péchés capitaux (1933, Staatsgalerie, Stuttgart). Poursuivi par les nazis au titre d’artiste “dégénéré”, le peintre passa plusieurs années en France, où il fut emprisonné de 1945 à 1946. Après la guerre, Dix rentra en Allemagne et s’installa au bord du lac de Constance, se consacrant surtout à la peinture aux thèmes religieux.

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Narrateur sarcastique et désacralisant de la vie berlinoise de l’immédiat après-guerre, Otto Dix est une des personnalités les plus prestigieuses de la peinture allemande. La formation du groupe de Dresde, dans le cadre des expressionnistes, conditionna la peinture du maître allemand, constamment caractérisée par une certaine violence expressive. Au contact des dadaïstes de Berlin, la peinture de Dix s’imprègne de figurations ironiques et simplifiés que l’on rencontre surtout dans les œuvres exécutées autour de 1920. Avec la naissance du mouvement de la Nouvelle Objectivité, Dix développa une peinture minutieuse et réaliste qui s’unit à la veine expressionniste innée de l’artiste. Il en résulte des œuvres inquiétantes, parfois horribles, tandis que dans de nombreux portraits de parents et amis, l’artiste décrit avec finesse et attention la façon d’être et la psychologie des sujets.

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Ce portrait de la journaliste Sylvia von Harden a été exécuté par le peintre allemand Otto Dix. Il s’agit d’un des nombreux portraits peints par l’artiste, observateur attentif de la société allemande de l’entre-deux-guerres, qu’il décrit avec un réalisme impitoyable. Exécuté en 1926, le tableau remonte à la période où l’artiste adhérait au mouvement de la Nouvelle objectivité (Neue Sachlichkeit), fondé par Dix lui-même en 1923, avec Grosz et d’autres artistes allemands. Le réalisme expressionniste qui caractérise l’art promu par ce mouvement artistique caractérise également ce portrait. 

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Le visage anguleux et androgyne de la femme est décrit avec un réalisme minutieux par le peintre, qui représente le long nez pointu, le menton proéminent, les grandes oreilles.

Les longues mains fuselées, nerveuses et mobiles, semblent presque disproportionnées.

La femme est assise à la table d’un café ; la torsion du buste soulève légèrement la jupe qui laisse entrevoir le bas légèrement baissé, retenu au-dessus du genou.

L'aspect sophistiqué de la femme est accentué par le monocle qui recouvre l’œil droit et par la cigarette qui donne au portrait une touche mondaine.

Sur l’étui à cigarettes posé sur la table, figure le nom de Sylvia von Harden.

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La scène, située dans un café, est délimitée par un mur en coin qui enserre l’espace dans une sorte de boîte où l’image de la femme est enfermée.

Sylvia van Harden est assise de profil, parallèlement au plan de la toile.

Le mouvement de la figure dérive de la lente torsion du buste, légèrement en retrait et vu de biais.

L’agencement de la perspective de la table est imprécis et intuitif : elle est vue de haut et donne l’impression que tous les objets qui s’y trouvent vont glisser vers le bas.

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On peut comparer le naturalisme désabusé avec lequel Otto Dix exécute ses portraits, en suscitant scandales et polémiques, à la révolution naturaliste mise en œuvre par le Caravage entre les XVIe et XVIIe siècles.

La ligne heurtée qui prédomine dans les tableaux de Dix, les formes allongées et transfigurées dans une optique expressionniste, dénotent l’importance que revêtit pour l’artiste l’art graphique allemand d’époque Renaissance.

Les œuvres de ce peintre allemand furent frappés d’interdit par le régime nazi en tant qu’“art dégénéré”, ainsi que celles d’autres artistes appartenant aux mouvements de la Nouvelle Objectivité et de l’expressionnisme, car elles ne correspondaient pas aux canons esthétiques et idéologiques prônés par le régime.

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