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Oskar Kokoschka

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Peintre autrichien célèbre également pour ses œuvres littéraires, Oskar Kokoschka se forma à Vienne dans le climat culturel très vif du début du siècle dominé par Gustav Klimt et par les maîtres de la Sécession. Ami de l’architecte Adolf Loos, Kokoschka fut introduit dans les cercles intellectuels viennois à travers lesquels l’artiste reçut ses premières commandes pour l’exécution de plusieurs portraits, comme celui du poète Peter Altenburg (1909, coll. privée, New York) et celui de Loos lui-même (1909, Staatliche Museum, Berlin). Son admiration pour l’œuvre de Munch et des artistes du groupe expressionniste Die Brücke rapprochèrent Kokoschka de l’expressionnisme, mouvement dont l’artiste peut être considéré comme l’un des principaux représentants. Parmi ses écrits, il faut signaler L’Assassin, espoir des femmes, de 1910, et Le Sphinx et l’épouvantail, de 1917. En même temps, de 1917 à 1924, Kokoschka enseigna à l’Académie de Dresde, période à laquelle remontent ses tableaux intitulés Le Pouvoir de la musique (1919, Musée National, Eindhoven) et Femme en bleu (1919, Staatsgalerie, Stuttgart). Suit alors une intense période de voyages qui conduisent l’artiste à travers l’Europe, l’Afrique, l’Orient, comme en témoignent ses nombreux tableaux ayant pour sujet des vues de villes (Vue de la Tamise, 1926, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo ; Vue de Vienne, 1931, Historisches Museum, Vienne ; Vue de Venise, Neue Pinakothek, Munich). Devenu citoyen tchécoslovaque en 1934, Kokoschka s’enfuit en Grande-Bretagne en 1938, les nazis ayant désigné ses œuvres comme l’exemple de l’art dégénéré. Au cours de ces années-là, l’œuvre du maître est très liée aux événements historiques qui lui inspirent la série de lithographies consacrées à la guerre d’Espagne et plusieurs allégories sur la Deuxième Guerre mondiale (Pour quoi combattons-nous ?, 1943, Kunsthaus, Zurich). Après la guerre, l’artiste continue à voyager et à peindre, surtout des portraits et des paysages, se rapprochant, durant les dernières années, des thèmes classiques, somme de la civilisation et de l’histoire occidentale (La Saga de Prométhée, 1950, Courtauld Institute, Londres). Entre-temps, l’artiste travailla aussi à la réalisation de costumes et de décors de spectacles théâtraux comme La Flûte enchantée de Mozart (1955) et Un Bal masqué de Verdi (1963).

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Oskar Kokoschka est considéré comme l’un des principaux représentants de l’art expressionniste, bien que le peintre n’ait jamais adhéré à aucun mouvement artistique spécifique. Après ses premières œuvres, marquées par un style plus linéaire et décoratif influencé par l’art de Klimt et des maîtres de la Sécession, Kokoschka découvre la peinture de Munch, des Fauves et des expressionnistes allemands qui le conduisent à accentuer les potentialités expressives de la couleur et à traduire visuellement les forces renfermées dans l’âme des hommes et intérieures à toute chose vivante. Cette conception, qui déborde aussi sur l’œuvre littéraire de Kokoschka et qui se traduit en peinture par une technique picturale mouvementée et difficile, est aussi appliquée par le maître autrichien à ses portraits et à ses panoramas de villes, tout aussi intenses et dramatiques. Kokoschka se prévaut aussi de la tradition artistique des siècles passés en puisant surtout dans le baroque autrichien de Franz Anton Maulbertsch et chez les maîtres allemands de la Renaissance.

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Ce tableau fut exécuté par le peintre autrichien Oskar Kokoschka en 1924, au cours de ses années de voyage en Europe après qu’il eut abandonné sa chaire à l’Académie de Dresde, où il enseignait depuis 1919. Il s’agit d’un des nombreux paysages peints par l’artiste, thème favori à côté des portraits et des natures mortes. Cette vue de Venise se caractérise par le choix de couleurs intenses, presque violentes, et l’utilisation de traits rapides et incisifs, typiques de la manière de Kokoschka, représentant qualifié du mouvement expressionniste.

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La vue représente la douane maritime de Venise, au point de jonction entre le Grand Canal et le canal de la Giudecca.
Barques et chalutiers envahissent le bras de mer, pilotés par des marins aux traits menus, dessinés par touches rapides et essentielles.

En toile de fond s’élève la ville, où les coupoles majestueuses des églises alternent avec les maisons donnant sur l’eau.

A gauche, un portique d’empreinte classique borde le canal.

Le bleu de la mer et les figures menues sont éclairés par des touches d’un blanc lumineux que l’on retrouve aussi dans le ciel, sur les nuages.

Le peintre utilise une couleur épaisse, qu’il étale d’un mouvement rapide et nerveux. 

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Le peintre adopte un point de vue surélevé, qui lui permet de dominer le panorama vénitien, vaste et aéré. 

Les dimensions du plan d’eau et l’éloignement des bâtiments en toile de fond sont donnés par la ligne de l’horizon, située en hauteur.

Les règles traditionnelles de la proportion sont respectées, avec les barques au premier plan plus petites que celles qui sont en retrait.

Le bâtiment à portique représenté sur la gauche est placé sur une diagonale, selon une perspective traditionnelle.

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Il est probable que Kokoschka ait été influencé dans la réalisation de cette toile non seulement par la suggestion et le pittoresque du paysage vénitien, mais aussi par les toiles des “vedutistes” du XVIIIe siècle, comme Francesco Guardi et Canaletto.

Le recours à un coloris intense et violent fait apparaître la portée fortement expressive que Kokoschka attribue à sa peinture, et dans ce cas précis aux tableaux de paysages.

L'expressionnisme implicite des œuvres de l’artiste apparaît avec évidence si on compare cette vue de Venise avec les paysages amènes représentés par les peintres impressionnistes, attentifs avant tout à rendre la lumière.

D’autre part, une comparaison avec les peintures de Gustav Klimt met en évidence l’abandon rapide de la part de Kokoschka du langage orné et linéaire de l’école viennoise, dans un parcours que l’on peut comparer éventuellement à celui d’Egon Schiele.

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