Néogrammairiens
L’école allemande dite des Néogrammairiens, à laquelle appartenaient, entre autres, Leskien, Osthoff, Brugmann et Paul, marque, à partir de 1870, l’évolution du comparatisme vers une linguistique pleinement historique. Le but de la recherche n’était plus de comparer les langues attestées avec des langues prototypes, établies par reconstruction, mais de tracer minutieusement l’évolution des langues attestées. La thèse principale des Néogrammairiens est celle de la régularité absolue des lois phonétiques qui agissent aveuglément, comme des lois naturelles. Les seules exceptions à cette règle, admises par les Néogrammairiens, sont dues au phénomène de l’analogie, La doctrine de la régularité absolue des lois phonétiques a suscité dès le début des critiques. Il s’agit, en effet, non pas de lois immuables mais seulement de tendances, car beaucoup de facteurs extralinguistiques et intralinguistiques influencent l’évolution linguistique en perturbant la régularité des changements. Le courant structuraliste du xxe siècle met en évidence un autre défaut de la doctrine néogrammairienne : l’atomisme dans l’analyse de l’évolution linguistique. Ce défaut est corrigé par la phonologie diachronique qui n’analyse plus l’histoire d’un fait isolé mais prend en considération les liens qui l’unissent aux autres éléments du système de la langue. Même si la doctrine des Néogrammairiens est inacceptable à bien des égards, il reste qu’elle a apporté à la recherche linguistique une rigueur scientifique considérable, ce qui a permis à la linguistique de se constituer en tant que discipline indépendante.