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NATURE NATURE HUMAINE NATUREL NÉANT NÉCESSAIRE, NÉCESSITÉ NÉGATIF, NÉGATION NIHILISME NORMAL

NATURE Vient du latin nascor : naître. Le naturel, c’est l’état natif. Le mot peut avoir plusieurs sens. 1. La nature d’un être, c’est son essence, ce qui le définit. 2. La nature (tout court), c’est l’ensemble des êtres et des phénomènes dont l’existence ne provient pas de l’homme, et qui n’ont pas été modifiés par l’homme. En ce sens la nature s’oppose à l’art, le naturel à l’artificiel. La nature, dans cette acception, est très souvent valorisée ; cette valorisation peut aller, dans certains discours écologistes, jusqu’à une divinisation de la nature et une diabolisation de l’homme, de l’artificiel, de la culture, de la civilisation. 3. “Nature” désigne aussi la totalité du réel, en tant qu’il est soumis à la loi universelle de causalité, à la nécessité. C’est la signification du concept de nature chez Spinoza ou Kant. Dans la théologie, le règne de la Nature prise en ce sens s’oppose au règne de la Grâce. La philosophie pose en particulier la question de savoir si - dans cette acception du mot nature -on doit ou non inclure l’homme dans la nature (Spinoza répond oui ; tous les dualismes s’y opposent). -► Art, écologie, essence, grâce, nécessité.


NATURE HUMAINE Nature de l’homme, au sens premier : son essence. Pour la déterminer, il faut démêler, en l’homme, ce qu’il doit à la nature, et ce qu’il a reçu de la civilisation, de la culture, de l’histoire, bref de lui-même. C’est la question de Rousseau dans la première partie du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité. Mais Rousseau lui-même (après Montaigne) a ouvert une brèche dans cette idée d’une nature humaine, en insistant sur l’essentielle perfectibilité de l’homme. Les sciences de l’homme et la philosophie ont depuis lors peu à peu renoncé à l’idée même de nature humaine, pour insister davantage sur les structures sociales (sciences humaines), et sur la condition de l’homme (philosophie). Lévi-Strauss : « Le but dernier des sciences humaines n’est pas de constituer l’homme, mais de le dissoudre. » -► Condition humaine, perfectibilité, structure.


NATUREL Est naturel ce qui vient de la nature, ou fait partie de la nature, en tous les sens du terme. Réfléchissez sur la liste -non exhaustive ! - des notions auxquelles peut s’opposer l’idée de naturel : artificiel, synthétique, humain, acquis (le naturel est inné), affecté (ce qui “manque de naturel”), contraint, violent (faire violence à un être, c’est aller contre sa nature), surnaturel, miraculeux, monstrueux, pervers. -► Contraire, inné, violence.


NÉANT Non-être. Rien. En dire davantage, ce serait qualifier le néant, déterminer le néant, bref dire ce qu’il est ; en faire un être. Et donc ne plus parler du néant, mais d’autre chose. Le néant est ce dont on ne peut rien dire que ceci : il n’est pas.

NÉCESSAIRE, NÉCESSITÉ Il faut dans un premier temps écarter le sens commun : nécessaire = indispensable. Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. En français, cette signification philosophique se retrouve dans l’adverbe (“il passera nécessairement par ici”). La nécessité concerne presque toujours un rapport, une relation : entre un être et ses propriétés, entre des idées, entre des phénomènes. Par ex. que dans un triangle, le plus grand angle soit opposé au plus grand côté, c’est une propriété nécessaire, parce qu’un triangle ne peut pas ne pas la posséder (sans cesser d'être un triangle). En revanche, être anglais n’est pas pour un homme une propriété nécessaire. Les propriétés nécessaires d’un être (attention : pas “nécessaires à un être”) sont donc celles qui entrent dans l’essence de cet être ; les autres sont des propriétés contingentes (par ex. : pour un triangle, être isocèle ou rectangle). Il n’est pas essentiel, mais accidentel pour un homme d’être anglais ou chinois (cela n’affecte pas son essence d’homme). On distingue deux nécessités : logique et physique. La nécessité logique s’impose en vertu des idées elles-mêmes. Par ex. : il est logiquement nécessaire que si un ensemble A est inclus dans un ensemble B, tout élément de A soit élément de B. De même, que tout triangle soit inscriptible dans un cercle, cela découle nécessairement des idées mêmes (des définitions) du triangle et du cercle. La nécessité physique est celle qui découle de la nature (en grec physis) des choses. L’expression de la nécessité physique ou naturelle est la loi. Par ex. : la loi de l’attraction universelle (Newton) exprime le fait que deux corps quelconques ne peuvent pas ne pas s’attirer l’un l’autre proportionnellement à leurs masses respectives, et dans un rapport inversement proportionnel au carré de leur distance (m.m’/d2). Il reste à montrer le lien qui unit la signification philosophique du concept de nécessité à son sens commun (indispensable). C’est simple. Le nécessaire au sens courant, l’indispensable, c’est ce sans quoi un être ne peut pas être. Dire que A est nécessaire à B, c’est affirmer que B ne peut pas ne pas aller avec A, posséder A (sans cesser d’être B). -> Accident, contingent, essence, loi.

NÉGATIF, NÉGATION En philosophie, il faut exclure le sens courant de l’adjectif : mauvais, néfaste. “Négatif’ renvoie tout simplement à la négation, le fait de nier. « Nier consiste toujours à écarter une affirmation possible. La négation n’est qu’une attitude prise par l’esprit vis-à-vis d’une affirmation éventuelle » (Bergson). Une proposition négative affirme la fausseté de la proposition (affirmative) inverse. -> Proposition.
NIHILISME Du latin nihil : rien. Conception ou doctrine qui réduit à néant les valeurs admises, et refuse d’en reconnaître aucune. Comme le matérialisme ou l’humanisme, le nihilisme est une position théorique, qu’il ne faut pas confondre avec une attitude pratique de destruction systématique.

NON-ÊTRE Synonyme de néant. Néant.

NORMAL Est normal ce qui se situe dans la norme, c’est-à-dire ce qui est conforme à la règle (en latin, norma). En médecine, s’oppose à “pathologique” (malade) pour désigner ce qui est sain.

NOTION Terme équivalent à concept. Une notion est toujours abstraite. -> Concept.

OBÉISSANCE Obéir, c’est soumettre sa volonté à une autre, qu’elle soit particulière (obéir à ses parents) ou universelle (obéissance à la loi). L’erreur est de voir de la servitude partout où il y a obéissance. Loin de l’exclure, la liberté suppose souvent l’obéissance.

OBJECTIF, OBJECTIVITÉ Objectif se dit d’une pensée, d’un jugement conformes à l'objet auquel ils se rapportent. Une connaissance est par essence objective, sans quoi elle ne nous fait pas connaître l’objet. Attention : le contraire d’“objectif’ n’est pas “subjectif’ ; car une représentation, un jugement, peuvent manquer d’objectivité pour des causes qui ne viennent pas du sujet. Ne pas conf. non plus objectivité et impartialité. -► Impartialité, objet, subjectif.